Série: L'otage. Tome 2. la sauveuse du Cheikh

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2012, désert d'Azmar, point de vue de Malik, 17 ans.

La nuit commence à tomber et je réveille Safia pour partir à l'assaut du désert, en la secouant doucement.
"- Rafiq?" Appelle-t-elle en sursautant
"- je suis là kinziun, la nuit commence à tomber, on devrait essayer d'avancer avant qu'il fasse trop sombre ..."

Plus tôt dans l'après-midi, alors que nous avions déjà mis une bonne distance entre nos poursuivants et nous, une tempête de sable s'annonça, qui pourrait masquer nos traces dans l'environnement désertique où nous enfermer au coeur d'un enfer cinglant. Le ciel s'était assombri rapidement et le vent s était levé, balayant le sable en surface des dunes, formant des volutes à hauteur des pneus du véhicule. Ce n'était que le début. J'avais roulé aussi vite et aussi loin que les conditions nous le permettaient, quand la voiture se mit à chaoter. Je laissais le véhicule poursuivre sa route en roues libres sur quelques centaines de mètres.

Un coup d'œil au tableau de bord m'informa qu'il était environ dix-sept heure - enfin si la pendule est correctement réglée - et le soleil devrait bientôt se coucher. Un coup d'oeil dans la lunette arrière me donna à voir le nuage noir obscurcissait.
"- on ne devrait pas sortir Rafiq... Le soleil est encore brûlant dehors et le nuage..."
"- tu as raison kinziun... De toute façon je suis épuisé..."
"- dors alors, je vais veiller pendant que tu te reposes..."

Après un instant d'hésitation, j'ai basculé mon siège en position allongée et coincé un morceau de tissus dans le pare-soleil pour me protéger de sa lumière. La petite s'installa en tailleur sur le siège passager et se mit à scruter l'horizon.
Les yeux fermés, je laissais mon esprit divaguer tandis que le bruit du vent porteur de sable cinglait l'habitacle dans un murmure affreux.

Il me sembla qu'un bref instant avait passé quand j'ai réouvert les yeux. Le soleil était descendu un peu sur l'horizon et vu le changement de paysage au moins deux heures avaient passées. Le ciel était toujours chargé de nuages,   le vent était toujours violent et la pluie avait commencée, ravageant les sables qui s'étaient accumulés autour de nous.
La petite qui avait collé son front contre la vitre de la voiture tourna son regard vers moi.
"- tu n'as dormi qu'a peine deux heures ..."
"- ton tour..." Grognais-je en l'attirant sur moi. Elle s'installa sans demander son reste tandis que je degageais les cheveux de son visage. Pauvre petite. Elle s'accrocha à moi, mêlant ses petits doigts d'enfant à mon t-shirt déchiré et s'assoupit presque immédiatement, tandis que j'enroulais mes doigts dans ses cheveux emmêlés tout en fixant l'horizon, bercé par son souffle régulier.

Une bonne heure plus tard, il commence à faire sombre et la chaleur est tombée avec l'averse orageuse. C'était le moment ou jamais. L'orage a laissé place à un ciel dégagé, qui se pare de pénombre mais qui sera bientôt baigné de la lumière laiteuse de la lune. Il vaut mieux traverser le désert maintenant, que de s'y risquer en plein jour et de se faire dévorer par la chaleur étouffante. Le revers de la nuit, ça sera le froid. Je prends donc tous les tissus trouvés dans l'habitacle et j'essaye d'envelopper Safia dedans mais elle me repousse. Elle tâtonne dans le vide poches et ressort son tesson de verre et elle tranche les sièges auto. Elle récupère de grandes bandes de tissus. Elle est vraiment pleine de ressources. Nous répartissons les morceaux de tissus et nous enveloppons. En soulevant la réserve d'eau, je m'aperçois qu'elle n'a pas bougé. Aucun de nous n'a mangé ou bu aujourd'hui. Je la tends à Safia qui prend une gorgée. Je la laisse se réhydrater en récupérant les petits biscuits trouvés et l'arme que je coince dans ma ceinture. Je tends les biscuits a Safia mais elle les boude et me tends l'eau.
"- bois Rafiq... Tu dois être fort!"
Je prends une longue rasade chassant l'impression cartonneuse qui persiste dans ma gorge depuis mon enlèvement. J'ai l'impression que ma soif sera sans fin. Je dois me raisonner afin d'en garder un peu pour la marche. Je prends la main de Safia et nous partons ensemble à l'assaut du désert.