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New York, décembre 2022. Point de vue de Malik.

"- Safia..."
"- non... Depuis toujours je suis moquée, instrumentalisée, ignorée, méprisée... La seule chose que j'attendais de ce mariage c'était échapper à ce cercle infernal... Même toi... Tu savais qu on se servait de moi, qu'on se moquait de moi et tu n'as rien fait... Tu as laissé faire... Pour une fois, j'avais l'impression de m'intégrer, d'avoir des amis..." Ces mots me frappent en plein coeur. Je ne sais que trop ce qu'elle ressent.

"- ça a été mon lot toute ma vie..." Je lui fait remarquer.
"- tu as eu des parents et une sœur pour t'aimer sincerement, tu as des serviteurs dévoués, des sujets qui t'aiment... Qu'est ce que j'ai moi?" Sa voix vibre et se charge de douleur.
"- moi!" Je m'insurge. Moi je suis là pour elle, je l'ai protégée de mon corps et de mon nom plus d'une fois, je lui ai offert une éducation, une situation, et toute ma fortune. Que veut-elle de plus de moi?
Elle se laisse tomber sur le sol et pleure dans ses mains, me laissant démuni. Au plus fort des épreuves, je ne l'ai pas vue se mettre dans un état pareil.

J'etais pourtant résolu à lui laisser de l'espace étant donné son jeune age et son manque d'expérience, et je m'etais interdit de l'accompagner à la rentrée scolaire. J'avais espace nos discussions pour qu'elle se sente libre comme une jeune fille de dix-huit ans qui commence sa vie étudiante.

Lorsqu'on m'a informé que le jeune Mike rôdait de plus en plus autour d'elle, au delà de ce que les services secrets américains pourraient attendre de lui, un pincement odieux a commencé à naître dans mon ventre. Il s'arrangeait pour la voir chaque jour, souvent de manière "impromptue" même si mes propres services avaient bien analysé son manège. Si les autres membres du "groupe d'amis" s'en tenaient à une simple fraternisation dans le but d'intégrer l'entourage d'un membre de la famille royale d'Azmar, et potentiellement soutirer les informations confidentielles du pays, le jeune Mike pistait littéralement Safia. C'est pour cette raison que j'avais fait un crochet à New York quelques semaines plus tôt et que je m'étais montré à lui, comme s'il me rencontrait par hasard, pour "marquer mon territoire"...

Mais à ma grande surprise, ça n'avait pas suffit, il essayait même de monter ma femme contre moi d'après les conversations rapportées par mes hommes... son attitude suspecte avait poussé Mehmet à aller visiter son appartement.
J'avais hurlé de rage en voyant ce qu'il avait découvert... Sur les photos des lieux qui m'avaient été transmises on voyait des centaines de clichés punaisés aux murs, y compris de sa chambre, des poèmes, des brouillons de lettres qu'il n'avait pas envoyées où il se déclarait à Safia et la suppliait de divorcer pour venir vivre avec lui... Ma Safia... Ma femme... Je ne la laisserai pas m'échapper... Lui laisser de l'espace oui, mais la perdre jamais...

Je reviens à moi et lui jette un regard. On dirait un oisillon abandonné. Elle est recroquevillée sur elle même et pleure silencieusement, les bras autour des genoux. Je me baisse à sa hauteur et j'approche ma main pour lui dégager le visage mais elle balaye l'air devant elle de son bras. Vif comme l'éclair, je la déstabilise et l'instant d'après, elle est calée dans mes bras et je la laisse pleurer de tout son cœur. Je me fais la promesse intérieure de tout faire pour qu'elle ne connaisse plus que le bonheur...

Série: L'otage. Tome 2. la sauveuse du CheikhOù les histoires vivent. Découvrez maintenant