and they were roommates [ kaveh x al haitham ]

havent i given enough ?

C'était toujours les fous avec le coeur le plus lent. C'était eux qui faiblissaient face aux rêves.

Kaveh n'avait jamais cru qu'on pouvait rêver. Quand il était petit, son père lui répétait toujours que rêver était une perte de temps, et que c'était destiné aux lâches. Car imaginer quelque chose qu'on n'a pas et qu'on voudrait secrètement avoir était idiot, il valait mieux travailler pour l'obtenir. Ainsi, il s'était toujours empêché de goûter aux rêves heureux, sujet tabou à Sumeru.

- Mon fils, vient. Vient voir maman.

C'était une belle femme à la silhouette longiligne et aux longs cheveux blonds ondulés. Ses yeux étaient, quand à eux, d'une belle couleur rubis. Elle ouvrit les bras en grand et un petit garçon qui lui ressemblait comme deux gouttes d'eau vint s'y lover. Elle le serra contre elle, le berçant d'une voix infiniment douce, tournoyant dans un champ de fleurs, le soleil rayonnant sur sa peau pâle. Elle chanta, elle dansa, sans jamais lâcher son petit garçon.

- Tu ne partiras pas, tu ne laisseras jamais ta maman. Parce que tu es un adorable petit bébé. Pour toujours.

Sa chevelure d'or volait au rythme de ses mouvements, parfois caressée par la brise, la terre remuait sous ses pas.

- Tu m'en fais la promesse ? Tu vas rester avec moi ? Tu ne m'oublieras pas? Tu m'aimeras toujours ?

Dans ses yeux écarlates brillait une lueur étrange, mélangeant la peur et une folie nouvelle. Elle avait menotté son fils à son lit, elle le berçait, elle lui racontait des histoires, elle l'embrassait et le câlinait, elle le choyait.

- Maman t'aime. Maman est là. Je serais toujours là. Toujours. Tu m'entends, Kaveh ? Tu es à moi. Personne ne doit t'enlever à moi.

Puis le néant. Des cris résonnèrent dans le noir, des bruits de coups retentirent et des pleurs d'enfants suivirent.

- Kaveh, tu dois toujours être le meilleur, tu m'entends ? Pour ta mère. Tu dois rester calme, gentil, sage, tu ne dois jamais parler trop fort, tu dois simplement te taire. Nous souffrons bien plus que toi, pourquoi te plains-tu ? Pourquoi dis-tu des choses pareilles ? Comment peux-tu être aussi égoïste ? Tu vas échouer. À quoi cela te sert d'essayer, tu vas rater, arrête. Si tu rates, attention à toi. Mais comment peux-tu être aussi stupide ? Pourquoi ne comprends-tu pas une chose aussi simple ? C'est pour toi que je dis ça, c'est pour ton avenir, pour qu'il soit radieux. Pour qu'un jour tu sois la fierté de la famille. Tu dois tout accepter, tu dois laisser les autres faire de toi ce qu'ils veulent, pour saisir l'occasion de les écraser dans la boue, c'est la vie, mon fils. Comment ? Tu n'es qu'une ordure, hors de ma vue ! Tu me répugnes, comment un être diabolique comme toi a t-il pu naître dans ma maison ? Tout est de ta faute, c'est à cause de toi que ta pauvre mère est morte, elle a dû mourir pour tes péchés... Toi... Tout est ... De ta faute...

Kaveh n'aurait jamais cru pouvoir rêver un jour, et si on lui avait demandé ce qu'il voulait voir dans ses rêves, la réponse n'aurait certainement pas été ses souvenirs d'enfant.

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Il se réveilla en sursaut, le coeur battant. Décidément, encore, toujours, le même songe. Il avait peur de dormir. Peur de revoir la vérité qu'il avait laissée derrière lui depuis si longtemps, alors il commença à limiter ses heures de sommeil, le café et les somnifères étant devenus ses meilleurs alliés. Il avait le cœur gros, à chaque fois qu'il croisait Al Haitham ( c'est à dire très souvent, étant donné qu'ils habitaient dans la même maison) il devait supporter son regard sur lui, qui au fil du temps s'était fait plus aiguisé. Kaveh attendait simplement que son colocataire le fasse déguerpir, étant donné qu'il était fiancé maintenant, mais ce jour ne vint jamais. Cela l'horripilait dans un sens, puisqu'il se doutait bien que la rousse devait harceler le scribe pour emménager avec lui et le faire partir, et qu'il était sans aucun doute protégé par ce dernier.