Chapitre 15

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L'entendre me procure un mal de ventre horrible.

— Joyeux Noël ma chérie, dit-il en douceur.

— Joyeux Noël, je réponds à mon père avec une voix neutre, par peur qu'il essaie de me parler sérieusement.

— Ton séjour se passe comme tu le veux ? demande-t-il.

— Je suis heureuse avec mes amis, nous nous amusons beaucoup.

— C'est bien, je suis content pour toi. Tu arrives à déconnecter du travail ?

Je ne réponds pas, lui laissant interpréter ce silence.

— Il faut que tu saches couper de temps en temps, tu as deux employés, ils savent s'occuper de tout en ton absence.

— Je sais papa, mais je dois travailler.

— Apprends à faire des pauses, c'est important pour se ressourcer et revenir plus forte, avec de nouvelles idées.

De nouveau le silence, tandis que mes yeux regardent les flammes danser dans la cheminée. Je fais passer une mèche de cheveux entre mes doigts, remontant mes jambes contre moi.

— Tu m'as appelé de nombreuses fois ces dernières heures, il s'est passé quelque chose ? je demande pour briser le silence.

— Non, je voulais juste te souhaiter un bon Noël.

Je ne dis rien, sachant qu'il n'a pas terminé. Il essaie simplement de trouver un moyen de me parler. Le connaissant, il est debout dans le salon en train de marcher en rond, une main qui passe dans ses cheveux avant de se poser sur sa taille en réfléchissant.

— En fait, il y a autre chose.

Je le savais.

— Si tu as décidé de quitter maman, je te soutiens, annoncé-je sèchement.

— Quoi ? Non, non, non dit-il rapidement alors que je recule la tête en fronçant les sourcils, pourquoi est-il si surpris et pourquoi est-il si catégorique ? A vrai dire, c'est le contraire. J'ai parlé avec ta mère.

Il ne dit rien de plus et son silence est lourd. C'en devient insupportable.

— Papa, nous sommes le vingt-cinq décembre, penses-tu vraiment que c'est le bon moment pour parler de ça ?

— J'en ai besoin, dit-il d'une voix tranchante. 

Il ne prend pas en compte mes propres besoins, comme toujours. La seule chose qui intéresse mes parents, c'est eux.

— Alors dépêche toi, mes amis m'attendent et j'aimerais reprendre une bonne soirée.

— Je n'avais aucune idée de ce que ta mère faisait, je ne m'en doutais pas... mais je lui pardonne, souffle-t-il alors que je lève les yeux au ciel, agacée par cette nouvelle, nous avons nos difficultés mais notre couple est ce qui est le plus important.

— Papa, je t'arrête tout de suite, si cette conversation mène à me demander de la pardonner, tu peux oublier.

Je les connais par cœur, ils ont discuté de cela en amont, pour se préparer à me parler et me faire changer d'avis, ça ne m'étonnerais même pas qu'il soit sur haut parleur et qu'elle le guide sur quoi me dire.

— Je ne te demande pas de lui pardonner, simplement de lui accorder une discussion. Viens nous voir à ton retour, nous pourrons fêter Noël et parler de ça.

Je n'en ai vraiment pas envie... écouter ma mère se donner des excuses et voir mon père accepter d'être traitée ainsi... Non, ça ne m'intéresse pas.

Un chalet pour Noël (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant