Chapitre 9 - My boy

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Wilhelm

Alors que les bruits de la maison me tire du sommeil, je sens quelque chose chatouiller mon menton. Il me faut plusieurs secondes pour comprendre ce qu'il se passe. C'est Simon. Il s'est endormi dans mes bras, ses boucles emmêlées caressant ma peau nue. Nous avons passé une bonne partie de la nuit à parler de nos enfances, de nos rêves et de nos pires hontes. Il m'a raconté qu'une fois, alors qu'il été à une soirée, il avait vomi sur les chaussures d'un inconnu qui s'était révélé être son nouvel agent : Axel. Ils étaient à la même soirée afin de se rencontrer. Quant à moi, c'était lors d'un de mes anniversaires. Alors que Nils et Erik voulais me faire fumer mon premier joint, ils étaient entrés dans ma chambre alors que j'étais au lit avec une fille. Je ne sais pas ce qui est le pire : la panique dans les yeux de Stella ou l'hilarité sur les visages de mon frère et son ami. Avec Simon, c'est facile de s'ouvrir, de discuter sans se sentir jugé ou rabaissé. Alors que Sarabi s'active sur son piano, je sursaute. J'ai oublié que j'ai un boulot ! Il est quelle heure ?
Je tâtonne afin de chercher mon téléphone sans réveiller Simon. Quand je l'attrape, la lumière de l'écran me fait plisser les yeux. 06h48. Je suis officiellement en retard. Vanina va me tuer. Et me haïr. Pour au moins toute une journée. Je déteste quand elle me fait la tête. Et d'abord, pourquoi mon réveil n'a pas sonné ? Et ... Est ce que j'ai mis un réveil ?
Alors que je m'agite sans le vouloir, Simon ouvre les yeux. Il me regarde sans comprendre. Je lui sourit, un peu gêné.

- Heu, Simon ... ?! Je suis super en retard pour le boulot et ... Je ne veux pas du tout te brusquer, mais je dois y aller.
- Oh ...
- Je suis désolé !

Le jeune homme caresse ma joue avec tellement de douceur, que je me demande si c'est possible de faire plus. Ça m'arrache un léger rire. Il se joint à moi. Cependant, ce moment est vite troublé par l'imminence de mon départ. Je l'embrasse rapidement sur les lèvres, me lève et enfile les premiers vêtements qui me tombent sous la main. Simon, lui, se rallonge sur la tonne de coussins qu'il y a dans mon lit. J'aime le voir comme ça : encore endormi. Tout à coup, j'ai comme une remontée de mauvaise conscience. J'entretiens une relation - peu importe laquelle - avec mon idole, la célébrité pour qui j'ai un crush monumentale depuis des années, mais je suis contraint de lui mentir. Pour tout un tas de raisons. Je ne veux plus qu'on m'associe aux Bernadotte, j'écris des fanfictions sur lui, j'ai trop souffert dans le passé. Les notes au piano de Sarabi me tire de mon ruminement. Ce sont des nouveaux accords que je n'avais jamais entendu. C'est un peu nostalgique mais assez léger. Simon se relève un peu.

- C'est ta coloc' qui joue du piano ?
- Ouais, depuis des années. Elle est super douée. Pourquoi ?
- Pour rien ... Tu devais pas aller au travail ?
- Si, bordel. Je suis en retard ! Bon écoute, tu ...
- File, bel ange tombé du ciel ! Je passerai te voir plus tard, ok ?

J'acquiesce, embrasse rapidement ses lèvres, attrape mon téléphone, mon portefeuille et puis me dirige vers la sortie. 

- Je te laisse mes clés, reste autant que tu veux, tu mes les rapporteras plus tard...
- Wille ?
- Hum ? Je marmonne en me tournant légèrement vers Simon.
- Tu vas me manquer ...

Incapable de lui répondre tant la mauvaise conscience me scie en deux, je lui adresse un sourire, puis quitte la chambre au plus vite. Je suis une horrible personne. Il doit se dire que je suis indifférent à lui, qu'il ne me plaît pas. Ou plus. C'est tout l'inverse évidemment. Comme pour encore plus ajouter à ma panique, je consulte à nouveau l'heure. 7h05. Je suis définitivement en retard quand Vanina me harcèle : message, appel, message, appel, message. Elle me hurle presque dessus quand je lui dit que je pars seulement de chez moi. Je suis le pire collègue du monde ! Et dire que je me sentais bien ce matin en me réveillant ... puis, il a fallu que je gâche tout, comme d'habitude ...
Je suis tellement perdu dans les pensées et en boucle, que je n'ai pas eu besoin d'allumer Spotify et d'écouter ses chansons. Simon. J'espère qu'il ne va fouiller dans ma chambre. Je ne voudrais pas qu'il tombe sur mes carnets remplis de chapitre de fanfictions. Ou sur le polaroïd que j'ai pris avec lui il y a deux ans, et que je garde précieusement dans ma table de chevet. Ou sur mon hoodie acheté à son dernier concert.

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