Chapitre 3 - Not me

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Simon

17h43. Je passe la porte de chez moi, les airpods visés aux oreilles. Je ne me sens plus aussi joyeux que quelques heures auparavant. Quand je balance mes baskets à travers l'entrée, je remarque les boots à talons de Mélodie. Elle est ici ?
Je lève les yeux au ciel. Je n'ai pas trop envie de devoir lui dire qu'elle avait raison à propos de ce barista, Wilhelm. En effet, après des jours à lui parler de lui, elle m'a mis au défi d'aller lui demander son numéro. " Si tu lui plaît tant que ça et qu'il te plaît en retour, va lui parler directement. Et arrêtez ce flirt ridicule et un peu gênant". Habituellement, j'ai plutôt confiance en moi. Et sans mentir, je me fais plus draguer que je ne drague. Mais avec lui, j'ai perdu tous mes moyens. En plus d'avoir un sourire adorable et des cheveux blonds magnifiques, quelque chose de différent se dégage de lui. Une sorte d'aura particulière, mystérieuse. Un truc qui fait que j'ai envie de tout connaître de lui. Et de l'embrasser. Sérieux ?

- Alors Simme, tu vas te marier et avoir plein d'enfants avec ton beau barman ?
- Barista, je corrige sans conviction. C'est un putain de barista. Et non, il a de vouloir le faire avec un autre !

Le visage de mon amie affiche une expression d'empathie. Elle comprends que je suis plus touché que ce que je veux bien faire croire. Dans un élan de motivation et de courage, j'étais retourner au café afin de lui demander son numéro et pourquoi pas, lui proposer un date. Mais je l'avais aperçu au loin, rouler une énorme pelle à un autre type. Un roux à la silhouette fine. Il aime les garçons, c'est déjà ça ...
À cet instant, j'avais eu envie de lui balancer un café - glacé - à la figure. Il ne me devait rien, mais j'avais l'impression qu'il y avait un truc entre nous. J'ai dû rêver ou inventer. Tant pis. Mélodie avait raison. Depuis l'histoire avec Jakob, elle se méfie à ma place. Jakob est un libraire que j'ai rencontré il y a deux ans. Je croyais qu'il était amoureux de moi, mais en réalité, tout ce qui l'intéressait chez moi, c'était ma célébrité. Je n'en souffre plus, mais cela m'a refroidi. Je ne sais pas si c'est la même chose avec ce Wilhelm, mais je ne veux pas prendre le risque. On ne flirte pas comme ça quand on est en couple. " C'est pas un mec pour toi". C'est ce que me répète Mel' depuis le début. Elle a raison. Et je déteste ça.

- Je suis désolée, Simme. Mais l'avantage, c'est que tu ne souffriras pas plus. Tu es déjà au courant que c'est un connard.
- Humm ...

L'écran éclairé devant Mélodie attire mon regard. Je reconnais les couleurs de Wattpad. Elle doit encore lire une des nombreuses fanfictions sur nous. Au début, je trouvais ça étrange et même dérangeant. Mais depuis quelques temps, je trouve ça drôle. Et un peu réconfortant. Surtout les jours pourris comme celui-ci. Dans ces histoires, j'ai toujours une vie super cool : je tombe amoureux d'un super beau gosse et on finit heureux. À force de lire par dessus l'épaule de mon amie, j'ai même ma préférée : Say my name. D'ailleurs, Willhem me rappelle le personnage principal de cette histoire. Walter. Peu importe ...

- C'est quoi les derniers rebondissements ? Je demande en désignant l'ordinateur d'un signe de main.
- Simon à enfin compris que Walter est innocent et Mélodie à l'air dans une sale posture.
- Encore ?
- Ouais, je crois que ce gars là, SimonBoyfriend, me déteste ! Six histoires où je suis présente et six histoires où je meurs.
- Ça, c'est une bonne nouvelle !

La jeune femme explose de rire et se replonge dans sa lecture. Moi, un peu las, je me dirige vers ma chambre. Seul les néons de mon aquarium illumine la pièce. J'attrape la boîte de nourriture et donne quelques flocons à mes poissons. Olle, Felle et Oski. Ils sont les seuls "trucs" que j'ai garder de mon ancienne vie. Une vie un peu bordélique, triste, bancale. Mon père est un alcoolique drogué, incapable de retenir ses coups et ma mère travaille dix huit heures par jour pour ne manquer de rien. Cela fait presque deux ans que je ne vis plus avec elle, mais je n'ai rien oublié des cris étouffés, des bouteilles de bière sur la table basse ou des boîtes de médicaments éparpillées autour de l'évier. C'était la pire période de ma vie. Une fois mon père parti, j'ai dû m'occuper de ma sœur, Sara, et de ma mère. Je veillais à ce que tout aille bien, je m'assurait que Sara fasse ses devoirs et mange tout ses repas. Même si j'étais le plus jeune de nous deux, je m'occupais d'elle. Je voulais que quand ma mère rentre épuisée du travail, elle ne se soucie pas de quoi que ce soit. Parfois même, je faisais le dîner et la vaisselle. "Tu as grandit trop vite mon fils", elle me disait. C'est vrai, j'ai grandit trop vite. Mais je ne regrette rien, ça m'a forgé, m'a aidé à devenir qui je suis. Ça m'a beaucoup inspiré pour l'écriture de mes textes. En parlant de musique, j'ai une mélodie dans la tête depuis quelques heures. Et des paroles. " Who is it ? The one you want to kiss ? Not me " ...
D'autres paroles parlant d'un amour non réciproque et d'un garçon qui en embrasse un autre, me viennent en tête. Inspiré, je les couchent sur mon carnet "Simon's Songs". C'est un cadeau de mes meilleurs amis : Rosh et Ayub. On se connaît depuis l'enfance. Nous avons tout traverser ensemble. Il est est presque deux heures du matin quand je décide de m'endormir. Plein d'images de blondinet et de notes de musique envahisse mes rêves. Génial ...
J'éteins mon réveil, me relève doucement et enfile le premier truc qui me tombe sous la main : mon hoodie violet. Il me reste deux jours d'enregistrement et après, je ne reverrai plus ce maudit quartier de Stockholm. Enfin, c'est sans compter l'amour des techniciens et du staff technique du studio pour le café du coffee shop d'en bas. Celui de Wilhelm. Au pire, tu passes ta commande et c'est tout ...

Supplement Vanilla ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant