Chapitre 28 - Find our way

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Simon

La voix brisée de Wille s'échoue contre les murs noirs et les rideaux qui nous entoure. Il n'a prononcé que mon nom mais j'ai été enseveli sous la douleur qu'il contenait. Je pose à nouveau mes yeux vers lui, et je saisit enfin ce qui m'échappait encore. Wille est en pleine crise d'angoisse. Ou alors elle est imminente. Je ne sais pas vraiment comment j'avais réussit à la calmer la dernière fois, mais je dois tenter quelque chose.

- Wille, je suis désolé. Je ne savais pas que tu faisais une crise, je ...

Il me fait taire d'un rapide signe de la main. Dans le même temps, je tente de retirer mes doigts de sa joue, mais il me stoppe dans mon mouvement. Ne voulant pas vraiment rompre tout contact, je me laisse faire. Quand je croise à nouveau son regard, il a l'air ailleurs et parle pour lui même. Je ne distingue rien de ces propos hormis "chemise en coton" et "moquette rouge". Il répète les mêmes mots encore une ou deux, puis inspire un grand coup. Au bout de quelques secondes supplémentaires, il est complètement revenu à lui. C'est comme si les cinq dernières minutes n'avait pas existées.

- Excuse-moi ...

- Quoi ? Non ... T'excuse pas, c'est pas grave Wille. Tu te sens mieux ?

- Ouais ça va, il répond d'une voix blanche tout en s'asseyant par terre, adossé au mur. C'est juste que je fais toujours ces crises et ...

Il finit sa phrase par un haussement d'épaules. Comme l'autre côté du miroir, je me retrouve assis à côté de lui, nos mains se frôlant. Ma peau contre la sienne, j'ai envie de l'embrasser. Ce n'est ni le moment ni l'endroit, ça ne résoudrait rien du tout, mais j'ai envie. Pourtant, je me retiens. On a tant d'autres choses à faire maintenant que nous sommes là. Alors que je me débats avec mes envies et que je le mange du regard, il a le sien rivé sur le sol. Je le détaille, me réapproprie chacuns de ses gestes et mouvements, admire la courbe de ses cils, de son sourire et de ses joues. Je remarque même que s'il a coupé ses cheveux, la même mèche tombe toujours devant ses yeux. Même avec ses stupides cheveux plus courts, il est beau. Il ne ressemble plus totalement à mon Wille, mais il est encore là.

- Tu es beau, je lui dit en replaçant sa mèche derrière l'oreille. Tu es très beau ... Même comme ça.

- Merci, Simon.

Aucun mot de plus. Il se racle la gorge et se tourne vers moi. Je comprends que c'est maintenant, il va parler. Il prends encore une ou deux minutes puis se lance.

- Je te crois. Je sais que tu n'as rien à voir avec cette histoire d'article, c'est juste que c'était plus facile pour moi de croire ça. Comme ça je pouvais te détester en silence et essayer de t'oublier !

- Tu me détestes ?

- Non, il réponds aussitôt. Je t'aime à en crever et c'est ça le problème ! Je t'aime et ça me fait mal de savoir que ce n'est plus réciproque, de savoir que tu les as laissés dire ça sur moi ! Si tu m'aimais encore, tu aurais démenti, parler... Tu aurais fait quelque chose !!!!

Wow ...
Une claque, une rafale. C'est ce que je me prends dans la tête. Ses mots font si mal que j'aurais préféré qu'il me frappe réellement. Wille n'est pas fâché. Il est blessé. C'est pire. Je savais très bien qu'il en patirai, mais même en imaginant le pire, je ne m'attendais pas voir autant de souffrance, de tristesse et de désespoir dans ses yeux. C'est dur, si dur à voir. Mon envie de poser mes lèvres sur les siennes pour ne plus qu'elles tremblent me saisit violemment. Je donnerai tout pour l'embrasser à nouveau. Il me manque. Et plus encore alors qu'il est là, si proche. C'est pas le moment de penser à ça ...

Je comprends son point de vue, mais je ne peux pas le laisser me dire ça. Je dois lui expliquer. Pendant que je cherche mes mots, ses grands yeux miel tentent de chercher la moindre trace d'une réponse. Il analyse chacun de mes gestes. Je rapproche ma main de la sienne. Désormais nos petits doigts sont l'un sur l'autre. Quelques picotements nous parcourent.

Supplement Vanilla ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant