Supplement Vanilla ?

chapitre 21 - Moved on

Wilhelm

En deux mois, ma vie a changée du tout au tout, pourtant elle reste la même. J'ai toujours le même boulot, mais j'ai changé les horaires. Désormais, je travaille l'après-midi, je n'avais pas le cœur à voir Simon chaque matin. À cause de ça, je ne passe plus tout mon temps avec Vanina. D'ailleurs la jeune femme, assez remonté contre moi - pour ça et pour la rupture avec Simon - me l'a bien fait comprendre. On se voit toujours à nos changements de services et tous les mercredi soirs, lors de nos soirées pizzas et télé-réalité, notre nouveau rituel. Souvent, Sarabi nous accompagne. Dans ces moments-là, c'est difficile de ne pas parler de lui. En effet, elle passe plusieurs heures par semaine à travailler avec Simon. Tout ce que j'ai envie de faire, c'est de l'interroger sur lui. De lui demander comment il va ou ce qu'il fait de sa vie. Et s'il m'a oublié ...
Elle ne lâche rien, ce qui est mieux finalement. La seule fois où elle a craquer, c'est la semaine dernière. Elle était épuisée et après une énième crise de larmes et d'angoisse, elle m'avait balancé à brûle pourpoint : "Tu lui manque aussi, Wille. Je l'ai vu pleurer encore hier. Il dit que c'est à cause des paroles, mais c'est normal, elles parlent de toi. Dès que mon téléphone sonne, son regard change. Comme s'il espérait entendre ta voix ou lire un mot de toi". Depuis sa révélation, j'ai encore plus de Simon dans la tête. C'était déjà le cas, mais pour la première fois, j'ai plus de regrets que de remords. Il me manque terriblement. Tellement que ça fait mal, mais je me réconforte toujours avec l'idée que c'est pour le mieux. Même si j'ai déjà renvoyé des messages : certains d'excuses, d'autres pour à nouveau déclaré ma flamme, et même un ou deux hasardeux lors de soirées avec Nils, tous sont restés sans réponses. Je me suis rendu à l'évidence. Il est plus déterminé que moi à enterrer notre histoire. Enfin, c'est ce que je croyais ...
Pourtant quand je l'aperçois trente secondes chaque soir entre le moment ou il quitte son studio et celui ou il entre dans son Uber, il ne jette jamais un regard vers moi. Je me déteste de penser ça, mais c'est le seul moment de la journée où je me sens bien. Je me déteste car mes amis font tout pour me remonter le moral, me soutenir et me changer les idées. On se voit dès que possible, plusieurs fois par semaine. Ils sont là pour moi, et moi, tout ce qui m'importe, ce sont ces quelques secondes ou j'ai la preuve de son existence. Pathétique ...
Travailler avec Vanina me manque vraiment. La seule chose positive qui résulte de ce changement, c'est Emy. Ma nouvelle collègue. Notre amitié n'a rien à voir avec celle que je partage avec la petite blonde, mais nous nous sommes beaucoup rapprochés ces dernières semaines. Vraiment beaucoup. Et en plus elle m'aide à supporter la présence de Vincent. Et ça, c'est pas rien. Pourtant, même lui semble avoir changé. Il a toujours l'air dans la lune et je suis presque sûr qu'il m'a dit merci une ou deux fois. Tout change. Même ma relation avec mes parents. On ne s'est pas encore revus, mais après les supplications d'Erik et toutes nos discussions, j'ai accepté de leur reparler. Un ou deux messages pour commencer, c'est déjà ça. En parlant de discussion, j'ai tout avoué à mon frère propos de Simon. Et un peu d'Henry. Je ne peux pas dire qu'il a été très heureux de l'apprendre, mais au moins maintenant il sais. Pas tout, juste le strict minimum. C'est sans doute mieux comme ça. Déjà qu'il est furieux et qu'il veut réduire Henry à l'état de poussière, alors s'il connait chaque détail de l'histoire, j'ai peur qu'il fasse un truc qui pourrait lui apporter des ennuis. C'est la dernière chose que je souhaite. Même si pour cela, je dois "protéger" une merde comme lui. Concernant Henry, c'est silence radio. Pas un mot, pas un appel, pas même une ombre de lui. C'est pas du tout rassurant. C'est terrifiant même. Terrifiant ...

- Wille ?! M'interpelle Vanina en secouant mon épaule fermement. Allô, la lune, ici la terre ! Emy t'appelle depuis cinq minutes !!!

- Heu, oui ... Quoi ?

La réserve se rematérialise sous mes yeux : les étagères pleines de paquet de café et de sirops divers, de cups aux tailles différentes et de tabliers verts si reconnaissables. Et aussi les souvenirs de moi et Simon, ici même. Stop !
Vanina me jette des regards inquiets. Je lui adresse un sourire afin - d'essayer - de la rassurer. Pas sûr que ça marche.