- Holà chicas ! Cria une voix au fort accent du Québec. Astrid n'avait jamais entendu quelqu'un parler espagnol avec un accent Québécois. Et c'était plutôt drôle !
D'ailleurs, la jeune française était épuisée ! Le décalage horaire, le canapé assez inconfortable qu'elle avait du partager avec Émah, et le ronronnement régulier de la machine à laver : Tous les facteurs pour empêcher une bonne nuit réparatrice. Mais ce n'était pas grave ! Astrid était au Québec ! Au Québec, alors ce n'était pas une misérable nuit qui allait lui gâcher son séjour. Nop, nop.
- Hallo, répondit Astrid.
Une des quatre Brunes était entrée dans le petit living-room et demandait avec une voix forte pour bien réveiller Astrid et sa correspondante :
- Bien dormi ? Sur le petit canapé ? Elle ricana un peu avant de reprendre de sa voix toujours au volume maximum en se moquant : vous vous êtes faites avoir mes pauvres, moi j'ai dormi dans le lit de Mat ! C'est un "queen size" ! Alors son appart' ressemble à un taudis mais Môôsieur s'achète un "queen size". D'un côté, tant mieux pour moi, j'ai passé une nuit de "queen" !
- Il est pas là ce Mat ? Demandait la "Pas-Brune" (elle était plus châtain par rapport aux cheveux noirs qu'arboraient uniformément les Brunes) en ignorant délibérément l'étalage de vantardise de la Brune.
- Nan, il est en stage dans une autre ville, répondit la correspondante, pendant une semaine je crois. Une semaine c'est ça Mai ? Interrogea-t-elle plus fort pour parler à sa sœur Brune qui sortait les paquets de céréales.
- Mai ? Vous avez des prénoms vraiment bizarre dans votre famille ! S'exclama Astrid, entre Antoine, Paule, Émah -l'écriture est vraiment bizarre- et Mai, je m'attend au pire pour les prénoms des deux autres !
- C'est Rosemai, tu sais comme Rosemary, mais en Mai. Et pour les prénoms des deux autres, on te laisse la surprise (elle rit un peu en échangeant un regard complice avec sa sœur), hein Émah, tu lui dis rien !
- Nada, promis juré craché ( oui, oui, elle cracha)
Mauvaise idée...
- ÉMAH ! TU NE CRACHES PAS ! Madame Triston avait atterri dans le living-room discrètement.
- J'avoue Émah, t'es dégueu ! S'indigna faussement Paule qui était rentrée à la suite de la matrone.
L'interpellée esquissa une moue boudeuse avant de chantonner un «gna-gna-gna...».
- Salut les gonz', tonna Antoine dans l'encadrement de la porte du couloir menant aux autres pièces.
- On n'est pas tes «gonz'», my love, reprit Mai entre deux bouchés de céréales avalées goulûment.
- Absolument d'accord, coupa Paule en levant l'indexe l'air docte.
- Mais c'est affectif, my loves !
- Bref. Viens bouffer. Ramenez vos fesses les deux ( Astrid et Émah apparemment ). Je sais que vous aimez le canapé mais...
Astrid nota que l'«élégance» dans la famille Triston était enfouie sous une couche de «je ne sais quoi» qui n'avait de nom dans aucune langue.
Le petit déjeuner fut assez explosif (à l'image de la famille) et se termina avec des céréales éparpillées un peu partout sur le sol de la pièce centrale. Allez savoir pourquoi.
Le train pour Botornie (Astrid ne savait pas ce qu'elle avait avec ce nom mais il lui faisait penser à un brocoli botoxé) était prévu pour midi : juste le temps de faire les rudiments de la «beauté» et d'avaler un petit quelque chose.
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General FictionAstrid vit bien sur la planète Terre (pas de Martiens en vu, rassurez-vous), mais pas vraiment dans le même monde que les autres. Elle vit sur un monde nommé "le Monde", fabriqué de toutes pièces par une équipe de décors. En fait, Astrid est l'héro...