- Tu t'assois là, tu regarde la caméra de temps en temps, t'es pas obligée de la fixer, tu ne touche pas a tes cheveux sans arrêt et tu répond honnêtement à nos questions.
Astrid était complètement perdue. Pourquoi ces gens voulaient-ils faire une «interview» ? Pourquoi son frère était-il mêlé à tout ça ? Pourquoi l'avait-elle vu ? Pourquoi lui parlaient-ils comme si ils la connaissaient tous très bien ?
C'était le brouillard dans sa tête. Une brume épaisse et foncée.
Cinq heures plutôt.
La «voix» l'avait menée dans une petite échoppe désertée dont la vocation semblait être la mercerie. Ils passèrent derrière le comptoir et accédèrent à l'arrière boutique. Au fond de la petite salle remplie d'objets divers, de carton de réserves, de bazar en gros, se trouvait une étagère en acier qui contenait des choses dont Astrid ne connaissait même pas le nom. La «voix» (qui était un jeune homme châtain presque roux qu'Astrid n'avait vu que de dos) lâcha sa main et se posta à côté du meuble et entreprit de le pousser. Il avait du mal, l'armoire devait être lourde. Astrid, toujours en état de choc, faisait un état des lieux méticuleux sans même imaginer lui venir en aide.
- Astrid ! Aide-moi à pousser ce truc ! grinçait la «voix» entre ses dents.
- Et pourquoi ça ? Ce n'est pas moi qui ai décidé de braquer une boutique, c'est toi. Par conséquent, tu te débrouille. Et si tu veux trouver un coffre fort, je ne pense pas que derrière cette étagère soit la meilleure planque. Cherche ailleurs.
- Tu n'y es pas du tout, s'esclaffa le garçon.
- Alors que fait-on ? Je ne te connais pas, tu viens me trouver en plein désert et tu m'emmène faire quelques chose qui ressemble énormément à braquer une boutique.
- On ne «braque» pas une boutique. Et Astrid, tu me connais. Le garçon se redressa et regarda Astrid droit dans les yeux.
Édouard.
La jeune fille était confuse. Elle aurait reconnu son frère mais il était tellement improbable qu'il se trouve au Québec qu'elle n'avait même pas pensé à lui en le voyant de dos et en entendant sa voix, sans compter qu'elle n'était pas vraiment elle-même après tout ce qui s'était passé. Que faisait-il ici ? Pourquoi était-il là ? Comment l'avait-il retrouvée ? Pourquoi l'emmenait-il là ?
- Je suis là pour t'aider, l'informa-t-il en voyant son l'interrogation et l'incompréhension qui se lisait dans les yeux de sa petite sœur. Mais on n'a pas trop le temps de discuter, il faut agir. Aide-moi avec cette étagère et je te promet que tu sauras tout après.
- Mais Édouard ! Explique moi maintenant ! Pourquoi t'es là ? Au Québec ! Je ne comprend rien !
- Après, Astrid.
- Mais Édouard !
- Après. Voix froide, regard autoritaire.
- Tu m'expliques tout maintenant ou je ne fais rien pour t'aider, répliquait la jeune fille en croisant ses bras.
- Je t'explique après ou tu ne sauras pas la vérité.
- Mais de qu'elle vérité parles-tu à la fin ?!
Édouard réfléchi : s'il ne lui expliquait rien, elle n'allait pas aider. Il fallait donc raconter le gros de l'histoire.
- De la vérité sur ta vie.
- Y'a intérêt que se soit intéressant.
Oh, aucun doute, ça le sera.
Et c'est ainsi une le frère et la sœur se retrouvèrent côte-à-côte en train de pousser une étagère. Après de maints efforts, elle bougea laissant apparaître un pan de mur fissuré. Édouard ne semblait pas surpris de trouver ce genre de chose et se posta devant en tâtonnant les coins. Finalement, c'est le coin en haut à droite qui déclencha l'ouverture de la trappe. Bien sur, Astrid n'en croyait pas ses yeux alors qu'Édouard s'avançait dans l'ouverture d'un pas confiant.
VOUS LISEZ
- VISUEL -
General FictionAstrid vit bien sur la planète Terre (pas de Martiens en vu, rassurez-vous), mais pas vraiment dans le même monde que les autres. Elle vit sur un monde nommé "le Monde", fabriqué de toutes pièces par une équipe de décors. En fait, Astrid est l'héro...