16. 𝑒𝑥𝑝𝑙𝑖𝑐𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛𝑠 𝑑𝑢 𝑐𝑜𝑒𝑢𝑟

127 19 9
                                    

Jimin

Le cœur battant à toute allure, le souffle haché, les mains tremblantes, je me dirigeai lentement vers Namjoon. Ce dernier, son regard plongé sur ses doigts qui jouaient entre eux, ne m'avait pas encore vu. Je ne me précipitais pas, je prenais le temps de l'observer.

Son apparence donnait l'impression qu'il n'avait pas pris soin de bien s'apprêter avant de venir ici. Ses cheveux étaient ébouriffés, comme s'il ne les avait pas coiffés, il ne portait aucun bijou, lui qui, d'ordinaire, aimait porter plusieurs bagues, et son pull d'un mauve foncé ne semblait pas concorder avec son bas d'un vert sombre. Je ne portais évidemment aucun jugement sur lui, mais je m'en inquiétais, lui qui aimait prendre soin de son apparence.

D'autant plus qu'il paraissait extrêmement nerveux. Ses sourcils ne se défronçaient pas, ses yeux parcouraient frénétiquement la table devant lui, et il se tordait les mains à s'en faire mal à la peau qui, je le voyais plus nettement au fur et à mesure que je m'avançais, blanchissait sous sa poigne.

Je m'arrêtai.

En étais-je vraiment capable ? Étais-je capable d'entendre de sa propre – jolie – bouche qu'il avait l'intention de démolir le bâtiment qui représentait tant pour moi, tout en continuant à me fréquenter ?

Oui. Oui, j'en était capable.

Je pris une profonde inspiration, levai le menton, l'air vainement indifférent et fier, et m'avançai vers ce qui me semblait être une discussion décisive sur le plan de notre relation.

Avions-nous même une relation ? Enfin, techniquement parlant, oui, mais une véritable relation ?

Sortions-nous ensemble ?

Après tout, nous n'en n'avions jamais parlé, peut-être même qu'il voyait d'autres personnes dans mon dos.

Et même si cette pensée me donna envie de m'arracher le cœur, il en avait tous les droits. Nous n'avions pas parlé d'exclusivité, bien que je ne pourrais jamais voir quelqu'un d'autre. Je tenais trop à lui pour faire cela.

Je l'aimais trop.

Je l'observai réajuster son pull – cela n'eut comme seule conséquence de le chiffonner – et tendre une main vers l'autre. J'eus l'impression qu'il voulut jouer avec les bagues qu'il portait d'ordinaire, mais il réalisa qu'il n'en n'avait aucune et parut pester en se tapant le front.

Je ne pus m'empêcher de rire. Je le trouvais adorable. 

Mon rire me trahit sûrement, car il releva la tête dans ma direction, avant de m'adresser un sourire timide. Je le lui rendis avant de prendre conscience que je ne devrais peut-être pas paraître aussi avenant, car sinon il pourrait croire qu'il avait toutes ses chances, or je pourrais tout à fait décider de ne plus le voir après ses explications.

Ce dont je doutais en être capable, mais soit.

Nous ne nous quittâmes pas des yeux, même lorsque je m'assis à sa table, mon manteau passé sur le dossier de ma chaise.

« Salut... » soufflai-je.

« Salut. »

Une atmosphère gênante nous enveloppa. Ce fut la première fois que cela nous arrivait, d'ordinaire nous étions à l'aise avec la présence de l'autre, mais les circonstances faisaient que nous ne savions pas vraiment comment nous comporter l'un avec l'autre.

« Ça va ? »

« Ça va, et toi ? »

« Ça va. »

Nuit éternelle - minjoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant