Nuit éternelle - minjoon

17. 𝑑𝑜𝑢𝑐𝑒𝑠 𝑟𝑒𝑑𝑒́𝑐𝑜𝑢𝑣𝑒𝑟𝑡𝑒𝑠

La chaleur me traversait le corps, les frissons dévalèrent les vallées de ma peau, mon âme s'illumina. Les gestes que faisaient mes membres n'avaient pas de suite logique, ils s'animaient tels des pantins sortis de la manipulation de leur maître. La lumière tamisée éclairait l'agitation que reflétait mon esprit sur mon corps, ce dernier victime de mes émois.

La danse était l'une des seules choses réellement capable de me changer les idées, alors même que tout ce qui me tournait dans la tête depuis près d'une semaine était la conversation que j'avais eu avec Namjoon. J'en avais discuté avec Jungkook, et pour lui, c'était déjà foutu d'avance. Je ne voulais pas être aussi pessimiste que lui, je me l'interdisais, mais ce n'était clairement pas gagné.

Concernant Namjoon et notre relation, nous avions laissé ce sujet de côté. Je savais que c'était pour le mieux, qu'il fallait que ces histoires soient réglées avant qu'on puisse se consacrer entièrement à nous, mais je ne pouvais empêcher les insécurités de m'assaillir.

N'en n'avait-il pas parlé parce qu'il ne voulait finalement plus rien construire avec moi ? Avait-il trouvé quelqu'un de mieux ? Avait-il changé d'avis sur ma personne ?

Un instant de distraction et je fus déconcentré, ce qui m'amena à terre.

Bordel.

Je laissai échapper un léger cri de surprise et de douleur mêlées, mais heureusement, je n'avais sans doute rien de grave. J'avais une légère douleur à la cheville, celle qui s'était tordue, mais elle n'était pas gonflée ni n'avait d'égratignures.

Je me retournai pour m'asseoir sur mes fesses, le buste penché vers l'avant et mes bras sur mes cuisses. Des mèches bleutées me passèrent devant les yeux, et une pensée fusa dans mon esprit.

Devrais-je changer de couleur ?

Je mis cette idée dans un coin de ma tête et me releva prudemment, avant de me diriger vers mes affaires. Ces dernières étaient posées plus loin, sur une table depuis maintenant plusieurs heures. Je chipotai un peu dans mon sac puis levai les yeux, tombant sur mon reflet donné par les miroirs qui se trouvaient tout le long du mur. Ils me renvoyèrent l'image d'un visage aux traits affaissés de fatigue, soulignés par de légers cernes qui cerclaient mes yeux.

J'avais du mal à trouver le sommeil depuis que nous avions discuté, avec Namjoon. Et les rares fois où j'y arrivais, je me retrouvais coincé dans un cauchemar où je me tenais devant l'académie s'effondrant, et d'où je pouvais entendre le bruit des verres cassés des cadres qui se brisaient.

Il se déroulait à chaque fois de la même façon, et je commençais sérieusement à en avoir marre.

Et j'espérais que la soirée de ce soir réussirait à me changer les idées, car Namjoon m'avait invité chez lui. Je ne savais même pas si j'étais encore en colère contre lui. Je lui en voulais un tout petit peu, bien sûr, mais seulement parce qu'il m'avait caché la vérité durant tout ce temps, alors que s'il m'avait expliqué tout dès le début, j'aurais compris.

Mais après tout, il était humain, et l'erreur était humaine.

**

La nervosité faisait trembler mes mains lorsque je m'immobilisai devant la porte d'entrée de l'appartement de Namjoon. J'avais peur que les choses aient changées, que l'ambiance gênante entre nous persiste, que ses sentiments envers moi se soient taris, que notre relation ne soit plus jamais la même. Et j'avais conscient de trop penser, trop anticiper, trop stresser. De trop faire. Mais je n'arrivais pas à me rassurer, malgré toutes les paroles encourageantes que Taehyung m'ait dites.

Mais il fallait bien que je sonne un jour, alors je pris mon courage - du moins, ce qui me restait de courage - à deux mains et levai une main, pour l'apposer sur la sonnette. De là où je me trouvais, je pouvais entendre sa musique résonner dans l'appartement, et tandis que je créais des demi-lunes sur mes paumes de mains à force d'y appuyer mes ongles, je pus percevoir des pas venant de l'autre côté du battant. Ma nervosité monta en flèche, et la pensée que j'avais encore le temps de m'enfuir eut tout juste le temps de me traverser l'esprit que j'entendis le bruit des clés qu'on tournait dans la serrure, puis la porte se fit ouvrir, révélant sans attendre l'homme pour qui mon cœur battait.