Chapitre douze.

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(tw : mention de suicide)

Décembre 2025

Elio descendit du bus, remontant le col de son manteau autour de son cou pour se réchauffer. Il traversa la rue pour entrer dans l'immeuble d'en face et alla toquer à une des portes du rez-de-chaussée. Cette dernière s'ouvrit à peine une minute plus tard et le jeune homme esquissa un petit sourire.

— Salut Alli.

— Elio ! J'ai pas eu de nouvelles de toi depuis le cinéma la dernière fois, je m'inquiétais. Entre !

Allison décala son fauteuil pour laisser son ami entrer dans son appartement. Elle referma la porte derrière lui et roula jusqu'à sa cuisine, qui donnait sur son salon.

— Tu veux boire quelque chose ?

— De l'eau ça ira, ne t'embêtes pas.

La jeune femme lui fit signe d'aller s'asseoir sur le canapé. Elio obtempéra et elle le rejoignit quelques secondes après, lui tendant un verre d'eau. Il s'en saisit avec un sourire de remerciement. Allison l'observa quelques secondes.

— Comment tu vas ? Et je t'interdis de me mentir.

Elio grimaça. Sa meilleure amie avait tendance à deviner ce qu'il allait dire avant même qu'il ne prenne la parole. Il baissa les yeux, fixant le fond de son verre en silence pendant de longues secondes. Allison attendait patiemment, elle avait tout son temps. Elle était habituée aux silences d'Elio, elle avait déjà attendu plus de vingt minutes que son ami se mette à parler. Heureusement pour elle, cette fois, le rouquin semblait décider à se confier plus rapidement.

— Tim s'est excusé de son comportement. Il est adorable depuis une semaine, il m'a offert des fleurs tous les jours, il m'a emmené au restaurant, il est patient, prévenant, il...

— Te manipule Elio. Le coupa Allison.

Elle vit son ami lui jeter un regard blessé mais elle se contenta de hausser les épaules. Soutenir Elio était une chose. Le laisser se voiler la face en était une autre, qu'elle ne comptait pas faire. Si elle devait secouer son meilleur ami, elle le ferait sans hésiter.

— Ce n'est pas obligatoirement de la manipulation, peut-être qu'il regrette vraiment et...

— Oui bien sûr. Il regrette, comme les dizaines d'autres fois où il t'a violenté et traité comme un chien.

— De toute façon, je ne vaux pas mieux que lui. Murmura Elio.

Allison haussa les sourcils, le regard interrogateur. Le jeune homme soupira.

— J'ai embrassé Maé. Deux fois.

Elio s'humecta les lèvres et reprit la parole, sans laisser le temps à son amie d'intervenir :

— Au cinéma d'abord, pendant le film. Je crois que j'étais triste, désemparé et l'espace de quelques instants, il est redevenu le Maé de notre dernière année de lycée, celui qui prenait soin de moi, qui calmait mes angoisses, soufflait sur mes peurs pour les éloigner... Il avait ce petit sourire dont je suis tombé amoureux et... Je ne sais pas. On s'est embrassés quasiment tout le reste de la séance, je savais que c'était mal, que je n'aurais pas dû mais j'étais incapable d'arrêter, pour la première fois depuis des années, j'avais l'impression que mon monde retrouvait toutes ses couleurs.

Le jeune homme appuya sa tête contre le dossier du canapé, fixant le plafond. Rien que d'y repenser, il sentait son cœur s'accélérer. Ces baisers échangés avec Maé lui avait donné l'impression de revivre, lui qui se sentait si mort de l'intérieur depuis trop longtemps.

Notre amour pour seule limite [BxB] [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant