Chapitre trente-trois.

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Juin 2013

C'était le jour J. La remise des diplômes. La cérémonie venait de se terminer et les parents d'Elio avaient tenu leur promesse... Ils n'étaient pas venus. Elio les avait cherchés, malgré tout, du regard dans la foule. En vain. Il était seul. Personne à qui sourire, personne à qui faire coucou, contrairement à ses camarades qui avaient tous au moins un proche. Alors il avait simplement pris son diplôme, remercié le directeur et quitté la scène le plus vite possible. A vrai dire, il était déçu. Cette journée ne se passait absolument pas comme il l'avait si souvent imaginé... Elio contempla le certificat qu'il avait dans les mains. Il finissait le lycée avec les honneurs, des excellents résultats et il avait le choix de la fac où il irait. Mais cela n'avait aucune importance. A l'intérieur du gymnase, où tout le monde était réuni, il entendait Maé faire son discours de major de promotion. Le cœur d'Elio se serra. Il n'avait pas reparlé à son petit-ami depuis environ une semaine. Il avait essayé, pourtant, mais Maé l'évitait. Pourquoi ? Elio n'en savait rien. Peut-être qu'il était toujours vexé mais le rouquin n'y croyait pas vraiment... Sa colère envers Maé était très vite passée, il lui avait très rapidement envoyé un message d'excuse et en règle générale, le jeune Pinheiro n'était pas rancunier. Pourtant, il n'avait pas répondu. Ils ne s'étaient pas croisés au lycée, les cours étant fini, ils n'avaient plus de raison d'y venir, à part aujourd'hui. Elio soupira. Il se sentait mal. Triste. Démuni. Il entendit les applaudissements des gens, Maé venait de terminer son discours. Elio s'agrippa à l'anse de son sac, se levant du banc où il était assis. Il devait parler à son petit-ami, comprendre ce qui était en train de se passer. Ne pas avoir de nouvelles était pire que le reste... Elio sentait son cerveau s'emballer, imaginer le pire. Il avait toujours été ainsi. Un brin pessimiste, à croire que la Terre entière le haïssait, l'observait, attendant le moindre faux pas de sa part. Elio évoluait dans un monde en noir, sombre, froid. Maé y avait ajouté des couleurs et de la chaleur ces derniers mois... Le rouquin ne voulait pas perdre ça. Il voulait se raccrocher à cette lueur de vie, cet espoir que Maé lui avait fait connaître. Cette force, insoupçonnée. Celle qui lui donnait envie de déplacer des montagnes, de tabasser son anxiété et de reprendre le contrôle de sa vie. Depuis qu'ils avaient officialisé leur relation face aux autres, Elio s'était senti plus fort. Ses troubles du comportement alimentaire s'étaient calmés, il ne s'était pas fait mal physiquement depuis des semaines, les crises d'angoisse étaient toujours là mais moins fréquentes. Elio se sentait mieux quand ses pensées intrusives n'essayaient pas d'envahir son esprit, comme à cet instant. Planté devant la sortie du gymnase, il attendait. Il ne savait pas pourquoi mais son cœur battait un peu trop vite. Il était angoissé, ses mains étaient moites. Tout le monde sortait... Mais Maé n'apparaissait pas. Elio finit par entrer dans le gymnase, d'un pas hésitant. Son petit-ami était là, entouré de sa bande de potes habituelle. Jake et les autres. Le rouquin s'approcha et se racla la gorge.

— Maé ? Je... On peut discuter ?

Le regard que posa Maé sur lui le glaça. C'était un regard froid. Sans un sourire, sans aucune tendresse... Jamais Maé ne l'avait regardé comme ça. Elio eut l'impression qu'on lui comprimait la poitrine, soudainement.

— J'ai pas beaucoup de temps, Elio. J'ai des recruteurs de la NBA qui veulent que je signe avec eux.

— Oh... Toi qui rêvais de ça, c'est génial ! Souffla Elio, en tentant un sourire.

Maé haussa les épaules. Elio perdit lentement son sourire. Il se mordit l'intérieur des joues.

— S'il te plaît, ça ne sera pas long. Je veux juste qu'on parle cinq minutes.

— D'accord.

Le jeune Pinheiro se dirigea vers les vestiaires, pour être un minimum isolés. Il savait très bien ce qu'il devait faire et ça lui brisait le cœur... Mais il ne pouvait pas rester avec Elio. Il n'était pas fait pour lui, il était trop instable, trop dangereux. Maé était encore hanté par ce qu'il avait fait à Ethan. Il avait pris des nouvelles, discrètement. Ce dernier avait le nez cassé et la mâchoire fracturée... Tout ça pour deux provocations. Maé s'en voulait, il se haïssait même, il vomissait qui il était. Elio méritait mieux. Mieux que quelqu'un qui serait sûrement capable de lui coller une gifle pour pas grand-chose. Il n'avait pas envie d'un avenir comme ça... Elio méritait quelqu'un de solide, qui puisse le protéger, l'épauler. Maé savait qu'il n'était pas cette personne-là. Il avait trop de noirceur en lui, il avait franchi un point de non-retour deux ans auparavant déjà... Jamais il ne pourrait être quelqu'un de bien. Se tournant vers Elio, il croisa les bras, restant silencieux. Il vit son petit-ami jouer nerveusement avec l'anse de son sac. Il était adorable. Maé n'avait qu'une envie : le prendre dans ses bras. Mais il ne le fit pas.

Notre amour pour seule limite [BxB] [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant