Chapitre trente-neuf.

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(tw : mention de TCA, mention de self harm, mention d'agression)

Septembre 2026

— Elio, trésor, t'es adorable quand tu rêvasses et je t'aime mais si tu reviens pas sur Terre, on va être en retard pour la rentrée !

Elio cligna des yeux et regarda Maé, qui se tenait devant lui, les mains sur les hanches et un petit sourire amusé au coin des lèvres. Le rouquin posa la tasse de café qu'il tenait dans les mains et se leva de la chaise de jardin sur laquelle il était allé s'asseoir pour prendre son petit-déjeuner.

— Il est quelle heure ? Souffla-t-il.

— Sept heures trente.

— Quoi ? Déjà ? Mais on doit y être dans trente minutes, tu aurais dû...

Il ne termina pas sa phrase, Maé venait de l'embrasser tendrement. Elio se laissa faire avec plaisir et eut un petit sourire.

— A quoi tu rêvassais, trésor ?

— Je pensais à la rentrée... Tu sais que j'ai instauré l'instant découverte, pour les classes que j'ai depuis plus d'un an, je sais qu'ils auront quelque chose à me partager. Mais pour mes nouvelles classes, c'est à moi de le faire alors je réfléchissais à ce que j'allais leur faire découvrir.

— Et ton choix s'est porté sur ?

Elio réfléchit quelques secondes encore. Sa passion pour la poésie française lui jouait encore des tours car les seules choses qui lui venaient en tête étaient des poèmes.

Aimons toujours ! Aimons encore ! Quand l'amour s'en va, l'espoir fuit.

L'amour, c'est le cri de l'aurore. L'amour c'est l'hymne de la nuit.

— Tu le connais.

— Va vraiment falloir que tu arrêtes d'être étonné. On parle de Victor Hugo, enfin !

Maé fit une moue faussement vexée et Elio pouffa de rire. Il l'embrassa sur le bout du nez, délicatement.

— J'ai tendance à oublier que tu aimes la poésie française autant que moi, désolé mon amour.

— Par contre, je parle pas aussi bien français que toi, ça tu peux le dire !

Mais moi je suis bilingue.

Elio lui fit un petit clin d'œil avant de retourner à l'intérieur pour terminer de se préparer. Effectivement, s'il ne se dépêchait pas, ils allaient être en retard. Maé l'observa s'éloigner, un vague sourire aux lèvres. En deux mois et demi, l'état d'Elio s'était grandement amélioré. Cela n'avait pas été forcément très simple, le rouquin était passé par des phases extrêmes d'anxiété, notamment au mois de juillet, lorsque s'était déroulé le procès de Tim. Cela avait duré deux longues semaines, pendant lesquelles Maé avait bien cru qu'Elio allait tout abandonner. L'angoisse avait été lourde à porter, le coach ne comptait plus combien de crises son petit-ami avait pu faire en l'espace de deux semaines, à ne plus pouvoir en respirer, à en sangloter de manière incontrôlée. Ses problèmes avec la nourriture s'étaient aussi décuplés le temps du procès, Elio avait traversé beaucoup de crises à manger tout ce qui lui passait sous la main pour atténuer ses angoisses avant de se faire vomir par culpabilité. Maé avait essayé de l'aider du mieux qu'il pouvait, ils s'étaient mis à cuisiner ensemble, en calculant le moindre ingrédient. C'était contraignant et ce n'était pas une solution durable mais cela avait au moins permis à Elio de réussir à manger sans se mettre les doigts au fond de la gorge par la suite. Mais le plus dur à gérer avaient été les moments où Elio avait tenté de se faire du mal. Car le procès lui demandait de revoir Tim et se retrouver face à lui, face à tout le monde, devoir raconter, encore et encore ce qui s'était passé, se défendre face à l'avocat du chirurgien n'avait pas été facile. Maé ne comptait pas combien de fois il avait sorti Elio de douches brûlantes, ce dernier ayant la peau rougie, presque brûlée. Il n'avait jamais rien dit, jamais jugé. Il s'était contenté, à chaque fois, de panser ses blessures, de le prendre dans ses bras et de lui tenir la main. Maé ne savait pas s'il avait bien géré les choses mais il avait fait de son mieux, en tout cas.

Notre amour pour seule limite [BxB] [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant