Chapitre quatorze.

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Décembre 2025

Maé était dans le gymnase, en train de ranger les équipements d'entraînement. Il le faisait machinalement, le regard perdu dans le vide. C'était ainsi depuis trois jours, depuis sa « discussion » avec Elio. Les mots de son ancien amant lui tournaient en tête, comme une litanie horrifique. Il n'arrivait pas à se les sortir de l'esprit.

Moi je me taillais les veines dans ma baignoire.

Le coach secoua la tête pour s'empêcher d'imaginer. Il ne voulait pas voir surgir ces images d'Elio, les bras en sang. Pourtant, il les voyait clairement et ça le tuait. Cela faisait trois jours qu'il ne dormait plus. Il avait des cernes immenses sous les yeux mais il s'en fichait. Il essayait désespérément de continuer à vivre avec sa culpabilité. Cela faisait déjà douze dans qu'il vivait avec, qu'il s'en voulait chaque jour de la façon dont il avait quitté Elio mais son sentiment venait de monter d'un cran. Comment pouvait-il accepter l'idée qu'Elio, son Elio, avait tenté de se tuer par sa faute ? Le rouquin lui avait dit que ce n'était pas uniquement à cause de lui et Maé voulait bien le croire. Il connaissait la souffrance intérieure de son ancien camarade, Elio se battait contre des démons invisibles depuis son enfance. Mais Maé avait été l'élément déclencheur et ça, il ne pouvait pas se le pardonner. Il avait commis trop d'erreurs dans sa relation avec Elio, la première ayant été de le laisser croire qu'ils avaient un avenir ensemble. Maé n'avait d'avenir avec personne. Il marchait sur un tapis de cendres depuis ses seize ans et il devait y marcher seul. Il ne voulait attirer personne dans son côté obscur.

— Bah alors, tu rêvasses ?

Maé sursauta et tourna la tête. Charly venait d'entrer dans le gymnase, de sa démarche nonchalante. Son sourire joyeux s'effaça cependant légèrement quand elle vit la tête de son ami.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Rien.

Le jeune homme se remit vivement à ranger l'équipement.

— J'ai juste... Je suis... Putain !

Maé donnait un grand coup dans ce qu'il venait de ranger, renversant tout sur le sol. Il se passa une main dans les cheveux, désemparé. D'habitude, il savait repousser ses émotions négatives, il savait les tenir loin de lui. Tout le monde l'avait toujours connu drôle et agréable, peu importe les événements. Même quand il avait eu son accident, qu'il avait dû arrêter le basket, il avait continué à sourire. Peut-être était-ce parce que les événements n'impactaient que lui et qu'il arrivait ainsi à relativiser. Là, la vie d'Elio était aussi touchée et il ne pouvait pas le concevoir.

— Eh Maé.

Charly s'approcha doucement et posa une main sur son épaule. Elle le guida jusqu'aux gradins, pour le faire asseoir et se mit à ses côtés.

— Allez, qu'est-ce qui se passe ?

— J'ai ruiné la vie d'Elio.

Maé posa ses coudes sur ses cuisses et se prit la tête entre les mains, fermant les yeux quelques secondes.

— Je le savais déjà mais j'imaginais pas à ce point. Il... Il a tenté de se suicider, y'a douze ans.

— Oh.

Charly se pinça les lèvres. Elle ramena ses tresses africaines sur le sommet de son crâne, en un chignon informe qu'elle attacha avec l'élastique autour de son poignet. Son regard se reposa ensuite sur Maé.

— Il t'a dit que c'était à cause de toi ?

— Non. Même pas, il m'a dit que dans le fond, ce n'était même pas à cause de moi et j'peux le croire, Elio a toujours eu des problèmes mais... Si je ne l'avais pas quitté comme je l'ai fait, il n'aurait sûrement jamais essayé de...

Notre amour pour seule limite [BxB] [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant