Chapitre 5

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Huit jours étaient passés déjà et il n'en restait plus que deux à Ysalia pour finir d'organiser le diner. Elle voulait que tout soit parfait pour Hugo. Depuis la nuit des cauchemars, ils ne s'étaient que croisé et avait peu échangé, mais Ysalia se sentait bien dans cette maison et encore plus en sa présence. Elle avait vécu assez de choses terribles cette dernière année pour savoir accepter son ressenti, aussi se laissait-elle porter, heureuse. Et elle voulait lui montrer que même si elle n'était pas Arielle, il pouvait compter sur elle.

Cette après-midi-là, elle prit une petite heure pour lire le livre d'Hugo, ayant quasiment fini toutes ses tâches à faire. Comme il faisait beau et bon, elle s'installa du côté de la roseraie, sur l'arrière de la maison, dans un des transats. Le jardin était un lieu de paix et de bien-être pour elle, elle l'aimait autant que la maison. Elle sentait que sa reconstruction avançait et ne s'était pas sentie aussi sereine depuis bien longtemps.

Elle lisait depuis une vingtaine de minutes, quand elle entendit du bruit et leva les yeux de son livre. Hugo arrivait à petite foulée. Tous les jours il courait et faisait du sport dans la pièce qu'il s'était aménagée pour. Elle lui sourit, car elle savait qu'il ne s'offusquerait pas de la trouver là. Quand il arriva vers elle, elle éprouva tout de même le besoin de se justifier.

- Encore une petite demi-heure et je me remettrai au travail.

Il s'arrêta à sa hauteur, puis s'assit sur le transat d'à côté.

- Je ne suis pas du tout inquiet Ysalia. Je suis même content que vous preniez de petites pauses et que vous profitiez de mon domaine comme j'aime le faire.

Elle regarda tout autour d'elle et souffla :

- C'est tellement magnifique.

Il la détailla, touché qu'elle aime son domaine que lui-même adorait, puis sourit :

- Je suis heureux de voir que vous voyez toute la beauté d'ici. Cela a été un coup de cœur quand je l'ai acheté. La maison était en piètre état, mais je savais que je pouvais en faire quelque chose. Et le jardin m'a tout de suite parlé.

Il s'essuya le visage avec la serviette qu'il avait autour du cou. Elle était touchée qu'il lui parle comme à une amie. Elle laissa passer quelques secondes puis lui demanda :

- Vous allez à votre salle de sport ?

Il soupira.

- Eh oui, à 48 ans, si je veux rester un minimum en forme, pas le choix.

Ysalia sourit.

- La jeunesse c'est dans la tête.

Il prit un air dubitatif.

- Dites ça à mon ex-femme. Ou plutôt à son nouvel apollon de 25 ans.

Intriguée Ysalia mit son marque-page, et se tourna vers lui.

- Vous avez donc été marié ?

Face à face, ils se regardaient, leurs genoux se frôlant doucement.

- Oui, mais ce qui m'intrigue c'est de savoir pourquoi cela vous semble si difficile à croire ?

Ysalia prit le temps de réfléchir.

- Je ne trouve pas ça difficile à croire, je suis juste surprise. C'est vrai qu'en fait je ne connais pas grand-chose de vous et ça me fait quelque chose de savoir que vous avez été marié. Des enfants ?

Ysalia se mordit l'intérieur de la joue. Peut-être était-elle trop indiscrète ? Il prit du temps pour répondre.

- Non, à mon grand désespoir. J'aurais aimé, mais Janis ne m'a pas épousé pour ça visiblement.

Ysalia sentit une blessure derrière ces paroles et n'osa pas insister. Il prit à son tour la parole.

- Moi non plus je ne connais pas grand-chose de vous. Mariée, des enfants ?

Le regard d'Ysalia se voilà directement et Hugo sut qu'il avait touché une corde sensible. Il pensait qu'elle n'allait pas répondre, quand elle reprit doucement :

- Mariée oui, encore officiellement d'ailleurs. Mais cela fait plusieurs mois que nous sommes séparés. Le divorce va être prononcé dans peu de temps.

Ysalia tourna la tête et regarda au-delà du paysage. Et d'une voix neutre elle reprit :

- Je pensais que c'était l'homme de ma vie, je me suis mariée, sûre de moi. Et pourtant, 5 ans plus tard, je ne suis plus sûre de rien. Sauf d'être là où je dois être, ici et maintenant. Et pour moi c'est déjà énorme.

Hugo resta un moment sans bouger à la regarder, jusqu'à ce qu'elle se tourne à nouveau vers lui et plante son regard dans le sien. Il y lut une telle souffrance que cela le frappa de plein fouet : colère, douleur, tendresse. Sans réfléchir, il se vit alors lui caresser doucement la joue du bout des doigts.

Ysalia ferma les yeux savourant ce contact, mais se reprit vite. Elle n'était pas là pour ça. Elle prit son livre et se leva.

- Il faut que je retourne travailler.

Elle repartit vers la maison, laissant un Hugo songeur et un peu déstabilisé. Il n'était pas un saint, il était rarement célibataire, mais ici, dans cette maison, il était souvent seul. Et là, une femme, bien plus jeune que lui, le touchait et éveillait une drôle de sensation en lui. En tout cas, son secret, il le percerait et, s'il le pouvait, il adoucirait sa douleur, il se le promit.

Après la pluie, le soleil.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant