Le lendemain, Ysalia descendit ces mêmes escaliers en chantonnant et rejoignit Tom et Tania au café du matin. Elle aimait ces moments et trouvait ce lieu de travail quand même bien plus agréable que les hôtels. Elle se mit alors à penser à l'avenir, cela faisait bien longtemps qu'elle ne l'avait pas fait, pensant jusqu'à très récemment, ne plus en avoir. En fait, elle se rendait compte qu'elle ne voulait plus être gouvernante dans les hôtels. Ce qu'elle vivait aujourd'hui était une expérience riche, mais se sentir appartenir à une « famille » l'était encore plus. Mais comment trouver une maison comme ici ? Elle avait encore bien des choses à voir et à définir, mais elle se sentait transportée par l'amorce de ses projets. Elle arrivait dans la cuisine, aussi elle mit ces questions de côté en entrant et salua tout le monde. Tania lui posa une tasse devant sa chaise :
- Prends donc tranquillement ton petit déjeuner, tu as le temps, Thomas ne se lèvera pas avant 12h le filou ! Quant à Hugo, il appellera sur le téléphone de la cuisine, ne t'inquiètes pas.
Ysalia s'installa et ses yeux tombèrent sur le calendrier ; elle prit conscience qu'Hugo repartait d'ici 3 jours. Déjà ? Elle se sentait presque déçue. Tania vit son regard et sa déduction sur le départ d'Hugo :
- Eh oui, il repart pour un voyage d'affaires d'une semaine. Mais on n'aura de quoi faire va, ne sois pas inquiète. Souvent, pour le 21 Juin, fête de la musique et de l'été, il fait une grande Garden party dans son jardin. Et il va falloir qu'on commence à voir ça car c'est dans à peine plus d'un mois !
Ysalia lui sourit et hocha la tête. Elle n'avait tout simplement pas envie de ne plus le voir. Peut-être allait-elle en profiter pour lui demander si elle pouvait partir deux jours voir sa mère. Elle en avait envie, besoin même, et comme il ne serait pas là... Silencieuse et pensive elle finit son café, puis retourna à ses tâches.
Tania eut raison, elle croisa Hugo bien avant Thomas. Mais son travail à elle, c'était les invités. Du coup, elle s'occupa du bien-être de celui-ci, afin qu'il ait bien tout ce dont il avait besoin, puis elle vit les deux amis partir l'après-midi complète, laissant à Ysalia le temps de finir son livre.
Le soir arriva vite ; une fois le dîner achevé et tout en ordre, elle hésita à passer par la bibliothèque. Elle ne voulait pas déranger Hugo, mais rêvait de choisir un nouveau livre. Aussi, elle toqua doucement à la porte de celle-ci, mais la trouva vide. Ne voulant pas penser à la petite pointe de déception ressentie, elle entra. Hugo était certainement avec Thomas dans le salon. Elle en profita pour ranger son livre et se mit à en chercher un nouveau. Pensant avoir trouvé son bonheur, elle s'installa sur le canapé et débuta le roman : s'il lui plaisait, elle monterait avec dans sa chambre. Mais sans qu'elle s'y attende, prise dans le l'histoire et le défilement des pages, pour la première fois depuis des mois, un sommeil naturel et réparateur vint la cueillir dans sa lecture.
∞
Hugo passait toujours par la bibliothèque avant de se coucher. Un rituel de « vieux », car ces derniers temps, il avait particulièrement conscience du temps qui passait et de sa vie, pas tout à fait comme il l'avait rêvé. Pourtant il savait bien qu'il était privilégié, mais ce n'est pas ce qu'il aurait voulu. Il était tellement fier de sa réussite et de sa femme il y a encore 5 ans. Mais en fait, tout cela n'était qu'illusion et même si maintenant la douleur avait disparue, il se demandait encore comment tout avait pu lui échapper ainsi. Tout en soupirant, il poussa une des portes battantes de la bibliothèque et resta un instant interdit devant la forme allongée sur le canapé. Ysalia, une mèche de cheveux ayant échappé au savant chignon tombant sur son visage, dormait paisiblement. Le livre qu'elle devait être en train de lire avait glissé sur le sol et Hugo pensa qu'il n'était visiblement pas le seul à repasser par la bibliothèque le soir avant d'aller se coucher...
Il s'approcha doucement et s'agenouilla à la hauteur du visage de sa gouvernante. Puis cédant à une impulsion, il poussa la mèche de cheveux cachant une partie de sa pommette et caressa tendrement la douce joue qui s'offrait à lui. Il sourit puis prit le livre délicatement et passa ses bras sous les genoux et les épaules de la jeune femme. C'est là qu'il allait savoir si le sport qu'il pratiquait de façon régulière, lui servait vraiment à quelque chose. Il respira un coup et se mit debout : Ysalia était légère comme une plume, trop d'ailleurs s'inquiéta-t-il. Elle entrouvrit alors les yeux, interrogative et encore ensommeillée :
- Hugo ?
Il chuchota tout en se dirigeant vers les portes :
- Chut belle au bois dormant, ne te réveille pas trop. Il est temps d'aller au lit.
Elle lui sourit si tendrement que ses tripes se serrèrent. Il se reprit et entama l'ascension de son escalier. Ysalia l'enserra et logea son visage dans son cou. Il sentit sur sa peau le souffle de la jeune femme à chaque respiration et son envie de l'embrasser fut brutale. Heureusement, l'effort fourni suffit à le détourner de ses pensées. Il entra enfin dans sa chambre et la posa délicatement sur son lit. Dans un demi-sommeil, elle gémit :
- Hugo...
Il prit sur lui pour ne pas déranger son sommeil et l'embrassa simplement sur le front malgré ses envies bien moins sages.
- Je suis là Ysalia, dort.
Et il la vit alors repartir, sereine, au pays des songes. Il le savait et le sentait : il était mordu. Mais il sentait aussi Ysalia fragile et il ne voulait surtout rien brusquer, ni rater avec elle. Il la regarda encore un moment, pensif, puis il se retira sur la pointe des pieds et ferma doucement la porte derrière lui.
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Après la pluie, le soleil.
RomancePour Ysalia, ce nouveau travail est une nouvelle page qui se tourne, et un nouveau chapitre qui commence. Elle ne pensait pas pouvoir revivre un jour, et pourtant... Ce nouveau poste de gouvernante, et surtout le propriétaire de cette maison vont to...