Après la pluie, le soleil.

Chapitre 12

Il ne restait que 14 jours afin de tout préparer pour la fameuse Garden Party. Et mine de rien, cela était peu. Aussi Ysalia commença sa journée sur les chapeaux de roues, n'ayant guère le temps de penser. Vers 10h, affairée en cuisine avec Tom et Tania, elle eut un sourire quand le téléphone intérieur sonna. Tania y alla :

« Oui Hugo. Ben alors, on se lève seulement ? Très bien, je vous l'amène dans le bureau. »

Tania eut un rire en raccrochant.

« Eh bien, notre ami vieillit : il admet avoir eu du mal à récupérer de sa journée d'hier entre l'avion, la voiture et le retour ici ! »

Ysalia regarda dehors, un sourire lumineux éclairant son visage. Elle s'octroya alors deux minutes afin de penser à la soirée et à la nuit passée : elle se sentait si bien, si heureuse. Elle soupira, puis retourna à ses tâches : la journée était loin d'être finie. Mais elle était heureuse d'avoir tout ça à faire, cela l'empêchait de penser. Elle ne fit que croiser Hugo mais son sourire lui suffisait.

Enfin, il fut temps de tout fermer et elle regagna la bibliothèque avec empressement, mais aussi, bizarrement, une certaine timidité, comme l'impression que la vieille n'était qu'un rêve. Mais cette sensation fut fugace, car à peine la porte ouverte, la vue d'Hugo chassa gêne et doutes. Il se leva à son entrée et ouvrit ses bras. Elle s'y réfugia avec bonheur.

- La journée a été longue ma douce. Ça a été ? Je sais que la Garden prend beaucoup de temps. Tu arrives à faire tout ce que tu veux ?

Ysalia le serra fort, prenant plaisir à entendre son cœur battre. Puis elle s'écarta légèrement :

- Oui, parfait.

Pensif, il lui caressa les cheveux.

- Et pour Arielle, as-tu trouvé une ambulance, tu as pu lui louer un fauteuil et tout ce qui doit aller avec ?

Elle prit sa main et l'embrassa tendrement.

- Oui monsieur, tout est en cours.

Il rit.

- Oui tu as raison, arrêtons de parler travail.

Alors seulement, il l'embrassa et quand ses lèvres se posèrent sur les siennes, au grand étonnement d'Ysalia, la magie fut tout aussi présente que la veille. Elle ne voulait vivre plus que pour ça et pour lui. Taquine, elle lui souffla :

- Tu es fatigué ?

Il rit doucement.

- Crevé, mais je ne compte pas gâcher le précieux temps que j'ai avec toi à dormir.

Ses paroles firent fondre Ysalia qui soupira de bonheur, tout contre ses lèvres.

Ce soir là encore, livres et sommeil furent relégués loin, pour le plus grand bonheur de l'un comme de l'autre.

Le lendemain, la matinée était déjà bien avancée, quand Hugo passa en cuisine, où tous les trois s'affairaient. Il salua tout le monde et enchaina :

- Bonjour tout le monde. Bien dormi ?

Son sourire et son regard se dirigèrent droit vers Ysalia, qui eut envie de pouffer, mais se retint.

- Oui Hugo, et vous ? Demanda Tom.

Il grimaça tout en s'asseyant à la grande table en bois.

- Quelque peu fatigué ces derniers jours, mais c'est de la bonne fatigue. Tania, ce soir j'ai une vidéo conférence, elle commencera vers 21h et je ne sais pas vers quelle heure elle va finir. Pourriez-vous me préparer un encas pour cette nuit ?

Tania hocha la tête, ayant l'habitude :

- Pas de soucis Hugo. Je le déposerai dans votre bureau avant mon départ.

Quand il fut reparti, Ysalia se tourna vers le couple :

- Une vidéo conférence ?

Tom prit une gorgée de café :

- Oui, pour son travail, il a souvent besoin d'être en relation avec l'autre bout du monde et comme il y a 10 heures de décalage, Hugo veille, car c'est le matin pour les autres en face. En général, il n'est jamais couché avant 1 ou 2h du matin.

Déçue ne pas l'avoir pour elle ce soir-là, elle se dit qu'elle en profiterait pour appeler sa maman et lire, car malgré tout, ça lui manquait.

Encore une fois, Ysalia ne vit pas la journée passer. Et encore moins Hugo. Mais elle savait aussi qu'elle était là en tant que gouvernante et elle voulait travailler parfaitement, afin qu'il n'ait rien à redire sur ses tâches, sous prétexte que le soir, leur relation était tout autre.

Enfin arriva 20h30, Tania et Tom finissaient ce qu'ils avaient à faire et, entre autre, l'encas d'Hugo. Mais Ysalia prit l'assiette des mains de la cuisinière :

- Allez, rentrez donc chez vous ! Je vais lui apporter.

Tania ne se fit pas prier.

- Oh merci Ysalia, j'avoue que ce soir, ce n'est pas de refus. Surtout que demain, c'est le moment des courses !

Elle les embrassa et ferma la porte derrière eux. Puis elle se hâta, car la vidéo conférence n'allait pas tarder à commencer. Elle toqua doucement à la porte du bureau, puis entra, l'assiette en main. Quand il la vit, son visage s'éclaira et Ysalia sentit son cœur s'emballer.

- Quel bonheur de te voir avant la réunion de travail.

Assis dans son fauteuil, il était habillé et coiffé, comme s'il partait travailler. Elle posa l'assiette sur le bureau et prit la main qu'il lui tendait : il l'attira alors sur ses genoux. Elle ria de plaisir et, à peine sur lui, l'embrassa avec tout le manque de la journée. Il glissa sa main tout contre sa joue et lui caressa la pommette de son pouce, tout en lui rendant son baiser. Puis il posa son front contre le sien, savourant juste le fait de l'avoir à lui seul pendant les quelques minutes à venir. Au bout d'un petit moment, elle brisa le silence fait de messages silencieux entre eux et elle le regarda :

- Tu vas me manquer cette nuit.

Il sourit.

- Je te manque déjà la nuit ? C'est plutôt bon signe ça.

Il prit ses lèvres avec tendresse. Puis lui dit :

- Toi aussi tu vas me manquer ma douce.

Elle passa sa main dans ses cheveux, savourant la sensation de la douceur de ceux-ci glissant entre ses doigts :

- Tu viendras me dire bonne nuit, même si je dors hein ? Lui demanda-t-elle, n'imaginant pas ne pas le revoir avant le lendemain.

Il plongea son regard dans le sien et Ysalia sentit tous les petits papillons reprendre leur envol dans son ventre.

- Sans faute, promit-il.

Un bip sonore coupa leur conversation, il se tourna vers l'ordi, pianota sur le clavier, puis se tourna vers Ysalia :

- Ils se connectent. Je suis présentable ?

Elle remit en place les cheveux qu'elle avait ébouriffés :

- C'est mieux ainsi. On dirait un vrai homme d'affaire.

Elle se leva et lui envoya un baiser du bout des doigts avant de regagner sa chambre. Hugo la regarda partir, puis tenta de se concentrer sur ses affaires et non sur la femme qui l'attendait là-haut.