Chapitre 11

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Attendre le soir, paru interminable à Ysalia. Mais elle savait que ce serait le seul moment approprié pour approcher Hugo. Quand enfin, elle donna le dernier coup de clé derrière Tania et son mari et qu'elle enclencha le système d'alarme, elle se sentit nerveuse comme jamais. Mais sans hésitation, elle se dirigea vers la bibliothèque. Elle frappa doucement puis ouvrit les doubles portes. Il était là, face à ses étagères, un livre à la main. Il se tourna vers elle et eut son demi-sourire.

- Bonsoir Ysalia. Ne t'inquiètes pas pour moi, tu ne me dois rien.

Il était blessé, elle le sentit tout de suite. Tous les mots se bousculèrent dans sa tête mais elle n'arriva pas à en sortir un seul. Se balançant d'un pied sur l'autre, sachant où elle voulait en venir, mais ne sachant comment, la seule solution s'imposa alors d'elle-même. Aussi, sans vraiment prendre conscience de ce qu'elle faisait, elle courut vers lui, attrapa les pans de sa veste et le tira vers elle de manière brusque. Surpris, il lâcha son livre puis l'enserra à son tour. Alors sans plus réfléchir, elle mena sa tête et ses lèvres à elle : rien à voir avec les baisers tendres de la veille de son départ.

Ysalia n'avait jamais fait ça, même avec Ben, mais ce soir, après ces jours d'attente et ces quelques heures intolérables, plus rien n'avait d'importance. Et surtout, l'émotion qui déferla en elle fut telle qu'elle gémit et comprit que son besoin de lui était viscéral. Sentant son envie égale à la sienne, Hugo glissa alors une de ses mains sur la nuque chaude d'Ysalia et approfondit de lui-même leur baiser.

De bonheur et de soulagement, elle sentit des larmes couler sur ses joues. Sa langue jouait avec celle d'Hugo et elle en voulait toujours plus. Il la porta alors et elle mit ses jambes autour de sa taille, pour être toujours plus proche de lui.

Il la porta jusqu'au canapé où ils s'effondrèrent. Ysalia sous Hugo, prit son visage entre ses mains et le regarda droit dans les yeux :

- Ne sois pas jaloux, ni blessé. J'aimerais Ben d'une certaine manière toute ma vie. Mais là, aujourd'hui, c'est de toi dont je suis amoureuse.

Hugo soupira et posa sa tête contre la poitrine de la jeune femme. Il ne s'était pas du tout attendu à ça, au fait d'être si jaloux de la voir ainsi, mais aussi à un tel accueil ce soir, alors que lui-même se sentait si triste. La tête sur la poitrine d'Ysalia, il sourit en entendant le cœur de la jeune femme battre le même rythme effréné que le sien. Mon dieu, qu'elle lui avait manqué. Il releva la tête et lui caressa tendrement le visage de ses mains posées de chaque côté.

- Je suis rentrée plus tôt, pour toi. Tu m'as tellement manqué.

Ysalia fut touchée, aussi elle l'embrassa encore et encore. Bientôt, elle sentit qu'il la soulevait et l'emmenait avec lui tout en l'embrassant. La sensation d'être dans ses bras fut encore plus grisante que la dernière fois. Entre deux baisers, il lui souffla tout contre l'oreille :

- Bonne nouvelle, tu as repris du poids.

Ysalia ne put s'empêcher d'éclater de rire, avant de l'embrasser dans le cou, puis de mordiller l'oreille à sa portée. Dans un souffle Hugo lui dit :

- Arrête ma douce, sinon on n'arrivera jamais là-haut.

Enfin il la posa délicatement devant la porte de sa chambre à lui. Il la regarda lui posant la question de façon implicite juste par le regard. Elle prit doucement ses mains dans les siennes et poussa la porte afin d'entrer. Elle savait qu'elle en avait envie, son hésitation venait seulement du fait qu'elle n'avait pas fait l'amour depuis si longtemps, qu'elle avait peur de ne pas être à la hauteur. Mais c'était sans compter sur Hugo, qui la guida lentement, mais surement vers un plaisir qu'elle pensait ne jamais revivre. Bientôt sa pudeur fut reléguée aussi loin que possible et elle fit en sorte de rendre fou Hugo, autant qu'il le fit pour elle. Juste avant de venir en elle, il la regarda et elle planta son regard dans le sien, sachant que ce moment serait gravé à jamais pour elle. Enfin, il la combla et elle eut l'impression bizarre mais émouvante d'être complète, plus rien ne comptait qu'eux. Son plaisir monta comme des vagues qui submergeaient son âme et quand elle atteint le point de non-retour, ses larmes se mélangèrent à ses cris. Alors, elle le serra fort contre elle et ils laissèrent la tempête se calmer, juste l'un contre l'autre, sans parler.

                                                                                                    ∞

Hugo ne voulait pas penser, n'ayant jamais vécu un tel moment dans son passé. Il avait peur que s'il bougeait, la femme qu'il chérissait, disparaisse d'entre ses bras. Il ne voulait plus la laisser partir, ni maintenant, ni plus tard : elle avait changé sa vie. Et pour la première fois depuis très longtemps, Ysalia s'endormit, sans cachet, sans réveil et sans cauchemar.


Elle fut réveillée par une agréable caresse dans son dos et quand elle ouvrit les yeux, elle découvrit Hugo, une barbe naissante, la regarder avec une émotion qui, à elle seule, fit frissonner Ysalia. Il enroula alors une mèche de cheveux autour de son doigt.

- Un des avantages au fait d'être rentré plus tôt sans prévenir, c'est de t'avoir vu sans chignon et sans tailleur. Le spectacle était magnifique.

Ysalia sourit de bonheur et vint l'embrasser tendrement. Il la suivit et bientôt, ils ne furent que soupir. Puis Hugo recula pour mieux la voir.

- Tu ne regrettes rien Ysalia ?

Elle sourit, s'il savait tout ce qu'il lui apportait...

- Oh que non. Rien de rien. Mais là, il est l'heure que j'aille travailler. Sinon mon employeur ne sera pas content.

Il soupira.

- Je comprends. Mais la journée va être dure.

Ysalia n'avait pas envie de partir, aussi elle se colla contre sa peau nue, sous les draps qui les recouvraient. Il l'embrassa de façon passionnée. Elle aurait tout donné pour rester encore un peu, mais Hugo tout en souriant, la poussa gentiment :

- Allez, file.

                                                                                             ∞

Elle se leva, dévoilant son corps nu dans la lumière du jour. Hugo se sentit faiblir, mais il était important qu'Ysalia reprenne le cours de sa journée. Il soupira et ferma les yeux. Lui aussi une grosse journée l'attendait, mais il n'était plus aussi jeune. Il se dit alors qu'une heure de sommeil encore ne lui ferait pas de mal...

Après la pluie, le soleil.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant