Chapitre 8

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Le lendemain en début d'après-midi, tout le monde était sur le perron pour dire au revoir à Thomas qui repartait.

- Merci Hugo, très sympa comme d'habitude. Jolie parenthèse dans ma vie trépidante.

Il éclata de rire, content de sa blague et serra son ami dans ses bras. Il se tourna vers Tania et Tom :

- Tout était parfait. Tania, tes repas étaient succulents comme d'habitude ! Vous ferez un coucou à Arielle de ma part.

Enfin, il se tourna vers Ysalia :

- Dès que mon ami vous aura mise dehors, vous avez un poste chez moi si cela vous dit. Je vis encore chez mes parents, mais il y a de quoi faire chez nous. C'est un poste en or, réfléchissez-y.

Avant qu'Ysalia ne puisse rétorquer quoi que ce soit, Hugo intervint :

- Je ne laisserais surement pas Ysalia partir travailler chez un Don Juan comme toi !

Ysalia se sentit touchée, cela dit, ce n'était pas Hugo qui décidait de son avenir. Aussi, elle fixa Thomas et répondit :

- Merci, je vais y réfléchir sérieusement.

Sur ce, il partit, comme toute sa vie, sur les chapeaux de roues au volant de sa Ferrari, ne laissant qu'un nuage de poussière derrière lui.

Tom se tourna alors vers Ysalia :

- Alors je te montre cette rose de Damas ?

Ce matin, Tom avait partagé avec elle sa passion pour le jardin et, entre autre, pour la roseraie. Pour lui, la reine en était la rose de Damas. Comme Ysalia découvrait ce monde inconnu, elle le suivit avec plaisir. S'en suivit une heure de cours qu'elle apprécia au plus haut point sur ces magnifiques fleurs qui hypnotisaient tant Tom. En repartant, Ysalia tomba sur une rose d'une autre espèce qui lui plut instantanément.

- Ooohhhh, celle-ci est magnifique !

Tom coupa doucement la rose et la lui tendit.

- Joli choix, c'est la rose Camille Pissarro.

Ysalia resta interdite quelques secondes et, d'une voix enrouée, elle demanda à Tom :

- La rose Camille Pissarro, comme le prénom Camille ?

Tom hocha la tête.

- Oui exactement.

Emue, elle posa sa main sur le bras du jardinier.

- Merci Tom. Mon fils s'appelait Camille.

Chamboulée et ne pouvant en dire plus, elle laissa Tom qui la regarda s'éloigner vers la maison, tenant sa rose, comme le bien le plus précieux qu'elle pouvait avoir. Elle était retournée certes, mais sa douleur finalement était bien moindre que parfois. Elle se dirigea vers sa chambre et, avec un élastique, accrocha la rose la tête vers le bas, sur un des loquets de sa porte fenêtre afin que celle-ci sèche. Elle la regarda quelques minutes en se disant que décidément, cette maison et ses gens était un vrai baume cicatrisant pour elle.

Le soir, avant d'aller se coucher, elle passa par le bureau d'Hugo. Celui-ci travaillait sur son ordinateur, mais quand il la vit, il lui fit signe d'entrer. Depuis qu'il l'avait portée à sa chambre, ils n'avaient pas eu l'occasion de se retrouver seuls et Ysalia prit conscience de son bonheur de ne l'avoir qu'à elle quelques minutes. Elle se souvenait très bien de la sensation d'avoir été dans ses bras et rêvait en secret que cela recommence. En même temps, à son lever le matin, elle s'en était sentie gênée. Mais il n'était pas question de cela, elle se contentait précieusement de ce qu'elle avait.

- Merci Ysalia, tu vas être ma pause. Thomas m'a fait prendre bien du retard et avec mon voyage à venir après-demain, il faut que je sois paré.

Elle sentit son cœur se serrer, mais fit en sorte de ne rien laisser paraitre.

- Justement Hugo, comme vous partez une semaine, pourrais-je en profiter pour prendre deux jours et aller voir ma mère ?

Il s'étira, fourbu et se passa une main sur le visage. Ysalia le trouvait fatigué, mais ce n'était pas son rôle de s'inquiéter de cela. Pourtant, elle avait l'étrange envie de s'occuper de lui. Elle se secoua et écouta Hugo :

- Bien sûr. Dès mon retour par contre, il faudra qu'on parle et qu'on organise le 21 Juin. En règle générale, j'organise une grande Garden party et il y a des gens qui vont rester dormir. Arielle ne sera pas remise, mais j'espère pouvoir la faire venir en fauteuil.

Ysalia trouva l'idée magnifique et cela se lut sur son visage. Mais tout de suite, une autre chose germa dans son esprit et son visage se voila. Hugo le vit de suite et se leva pour s'approcher d'elle.

- Un souci ? Quelque chose qui vous tracasse ou que j'aurais dit ?

Elle ne voulait surtout pas partir dans ce genre de conversation avec lui. Car en fait, si des gens dormaient ici, devait-elle préparer aussi sa chambre à lui, pour deux ? Tout à coup cela lui semblait au-dessus de ses forces et elle s'en voulut. Elle ne trouvait pas cela très professionnel et savait ne pas être en droit de penser à ce genre de chose. Son moral en prit un coup et elle avait tout à coup hâte de regagner sa chambre. Sans compter sa présence proche qui la perturbait : elle n'arrivait plus à penser normalement.

- Non rien, je vais vous laisser Hugo, il est temps pour moi d'aller me coucher.

Elle réussit à grimacer un semblant de sourire et se tourna prête à fuir, mais il la rattrapa par le bras.

- Ysalia ? Si votre question concernait « Crampon » ; non, elle ne sera pas là. Ni aucune autre d'ailleurs.

Ysalia le regarda : se pouvait-il qu'ils parlent de la même chose ? Qu'il lise dans son esprit ou que peut être les mêmes pensées l'assaillent ? Non, elle se trompait de toute évidence et, de crainte que cela soit le cas, elle se dégagea doucement et regagna sa chambre. Une vraie fuite, elle en avait conscience ; cela dit ce soir elle ne se sentait le courage de rien d'autre.

Une fois prête à se coucher, elle regarda le petit cachet blanc qui la narguait. Tant de pensées se bousculaient dans sa tête, tant de changements, de choses inattendues que, de guerre lasse, elle le prit. Puis elle se coucha et ses yeux se posèrent sur la rose. Alors un sourire éclaira son visage : son fils lui faisait un clin d'œil depuis son petit monde à lui.

Après la pluie, le soleil.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant