Chapitre 2

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PDV : Mayron

Le garçon s'est fermé dans son mutisme après m'avoir salué. Il ne m'a même pas donné son nom. Il est bizarre. Là sont les joies d'être le dernier choisi quand on fait des groupes : on ne sait jamais sur quoi on peut tomber. C'est la surprise. Et celle-ci, elle est bien bonne. Comment suis-je censé échanger des idées avec quelqu'un qui ne parle pas ?

Avec l'appel, les explications du projet, la création des groupes et l'attente de mon nouveau partenaire, on a déjà perdu une vingtaine de minutes.
Je n'ose pas prendre la parole. Je ne le connais pas, qui sait comment il pourrait réagir ?

Éventuellement, Mr Carney finit par remarquer qu'aucun de nous ne parle à l'autre

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Éventuellement, Mr Carney finit par remarquer qu'aucun de nous ne parle à l'autre. Il s'approche, et, comme c'est moi qu'il connaît le mieux, c'est moi qui trinque :

- Mayron, je sais que tu préfères rester isolé dans ton coin, c'est dans ta nature, mais on bosse sur ce projet pendant 8 semaines, ce serait bien que tu te motive un peu et que tu parles avec ton camarade.

Comme d'habitude, je ne fais que hocher la tête, sans plus. Je n'ai jamais eu le cran de "tenir tête" à un prof, si je peux le dire comme ça. Je n'ai jamais su expliquer à un adulte le pourquoi du comment de quelque chose qu'on me reprochait. Je me suis toujours contenté d'acquiescer simplement. On me laissait tranquille, mais ce n'est pas pour autant que la boule qui s'était formée dans mon ventre disparaissait. Ça a toujours été comme ça. Le prof me reproche de ne pas parler aux autres, mais les autres ne me parlent pas non plus ; la preuve se trouve juste à ma droite. Le garçon prend des notes. Sûrement sur le sujet du projet.

Mr Carney nous regarde, passant de l'un à l'autre, pousse un léger soupir et part voir ce que fait un autre groupe pour les assister si besoin.

On doit avoir dépassé la moitié de l'heure maintenant, et mon voisin ne m'a toujours pas adressé un regard, et encore moins un mot. Comment aborder quelqu'un qui a l'air encore plus réservé que moi ? Parce que, qu'il le veuille ou non, que je le veuille ou non, on va devoir travailler ensemble.. et donc communiquer. Le problème étant que faire le premier pas n'a jamais été mon truc, et que ça n'est clairement pas le sien non plus.

Je regarde la feuille vierge devant moi. Si il faut raconter quelque chose, je peux au moins essayer d'écrire un truc au brouillon, histoire de bosser un peu. Avec un peu de chance, ça éveillera peut-être son intérêt..?

Je réfléchis un peu. Quel genre d'histoire pourrais-je écrire ? Non. Quel genre d'histoire pourrais-je présenter à deux classes ? Le sujet est intéressant, mais qu'est-ce que les profs attendent exactement ? "Raconte moi une histoire", c'est plutôt vague...

- Vous vous en sortez vous deux ? J'ai cru voir que vous ne produisiez pas grand chose...

Je sursaute, puis lève les yeux. Mme Carrillo se tient devant notre table, l'air d'attendre une réponse de notre part - ou plutôt de la mienne uniquement, en fait. Elle ne regarde pas vraiment le garçon à ma droite, comme si elle savait qu'il ne dirait rien.

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