La classe de seconde C organise un projet avec les première B. Les deux classes de la filière cinéma audiovisuel du lycée se connaissent bien et les binômes sont vite créés, laissant Mayron, un élève plutôt discret, sans partenaire de travail.
La s...
Pour une fois, aujourd'hui, je finis plus tôt. Ma prof d'anglais n'est pas là (un miracle ?) et j'avais une heure de trou avant son cours.
Ça fait du bien de pouvoir quitter plus tôt. Je préviens Nahel par message alors que je m'approche de l'arrêt de bus. Le connaissant, quand il le verra, il me répondra d'une manière faussement boudeuse, pour rire.
Il n'y a personne sur le banc de l'arrêt de bus. C'est rare. Alors, j'en profite et je m'assois.
Ce soir, exceptionnellement, je vais chez mon père, qui habite dans une autre ville, à trente minutes du lycée.
J'ouvre l'application Notes pour la troisième fois de la journée et choisis le début de texte que j'ai commencé à écrire.
"C'est l'histoire d'un homme, frappé depuis longtemps par une malédiction. Celle-ci le touche au niveau relationnel : personne ne peut le voir, sous peine de perdre la vie. Il se sent seul, mais ne peut pas faire autrement. De plus, il est immortel. L'immortalité est aussi une forme de malédiction, dans certains cas. Le sien en est un bon exemple."
Le bus arrive et s'arrête devant moi. Je me lève et me place derrière le troupeau d'élèves pressés qui n'ont pas compris que pousser tout le monde pour monter en premier ne changera rien à leur vie et à l'heure à laquelle le bus va partir. Ah, si. Sauf que ça ne peut que la retarder.
J'attends patiemment que le tas de gens (je plaisante à peine, c'est ce que je vois) ait commencé à réduire de volume avant de m'insérer dans la file. Je monte dans le bus et me rend compte qu'il n'y a plus de siège tout seul de libre. Bon. Il faut croire que j'aurais un voisin pour ce trajet.
Seulement, la plupart des gens ici me regardent d'une manière qui me dit clairement de ne pas m'approcher de la place adjacente. Car, bien sûr, comme à leur habitude, les gens sont très sympathiques.
Plus je m'enfonce dans le bus, moins je vois de place libre. À un moment donné, il y en aura bien une, non ?
J'aperçois une place, puis jette un regard sur la personne assise à côté. Cette personne m'est familière... Ah ! C'est Isaac. Il lève les yeux et me remarque. Il regarde la place à côté de lui, puis fixe de nouveau son attention sur moi.
- Euh.. je peux..?
Il hoche la tête, puis décale son sac de cours.
Je m'installe rapidement, puis resors mon téléphone. Nahel m'a répondu.
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
Je souris. Je savais qu'il m'enverrait un truc de ce genre. C'est Nahel après tout.
Je tourne la tête un instant, et remarque qu'Isaac me dévisage. Ça fait trois semaines qu'on se connaît et qu'on travaille ensemble, maintenant. Enfin, si on oublie les deux journées de grève, qui ont, bien évidemment, eu lieu le mardi d'il y a deux semaines et le jeudi de la semaine dernière. Ce qui fait que nous n'avons eu que deux séances depuis deux semaines. On se parle un peu plus, mais on n'a pas vraiment d'idées de scénario.