Mardi
17h55
PDV : Isaac
Le bus démarre à peine. Mayron ne m'a pas suivi, il s'est rendu sur le parking, où une voiture l'attendait. Son ami ne nous a pas suivi non plus, il a fini plus tôt, et il est obligé de rentrer tout de suite. Il a visiblement des parents stricts.
Machinalement, j'ouvre mon sac pour en sortir mon casque, mais je me rends compte - pour la 31ème fois de la journée ! - qu'il n'y est pas, parce que je l'ai oublié ce matin.
Super.
Un trajet de trente longues minutes en bus, sans musique, dans le brouhaha des gens qui ne savent que crier.
J'ai hâte.
Ça a à peine commencé que je n'en peux déjà plus.
Pourtant, ce matin, c'était pareil...
Ah.
Non.
Ce matin, Mayron était là. C'était plus sympa, d'ailleurs.
Je préfère être seul, loin de toute cette agitation. Mais avec lui, c'est différent. Il n'est pas.... agité. Il est bien plus calme que les autres, et il ne force pas les gens. C'est agréable de lui parler. C'est sûr que ce n'est pas comme avec Kaila.
Tiens, c'est drôle... je crois que pour la première fois de ma vie.. je me sens seul.
C'est bizarre.
PDV : Nahel
Je suis dans ma chambre. Je m'ennuie. Enfin, pas vraiment. Je fais défiler le fil Instagram. Depuis plus de dix minutes. Ce truc n'a pas de fin. Et, si je continue de défiler, ce n'est pas parce que je me sens "attiré". C'est juste que le geste est machinal. Je ne prête même pas attention aux vidéos de chats qui font des trucs drôles.
Je ne sais pas exactement comment décrire ce que je ressens. Je me sens un peu.. vidé. En même temps, mon père ne travaillait pas aujourd'hui. Ma mère, si. Et, comme il a vu que je finissais plus tôt à cause de profs absents (merci PRONOTE -_-), il m'a ordonné de rentrer tout de suite. Je m'y attendais. J'ai dû refuser quand Alexandre et Mathias (deux gars sympas de ma classe) m'ont proposé de sortir pour aller nous acheter une canette de soda.
Je ne connais pas tout ça. Les sorties dans la zone commerciale d'à côté quand on a pas cours.
Je n'ai jamais pu.
Ah.. les parents.
Enfin, non. Mes parents.
Ceux des autres les laissent tranquilles. Les miens, non.
Ils me disent : "Si tu as le temps de sortir faire des bêtises avec des idiots, tu as le temps de réfléchir à ton avenir. Fais quelque chose d'utile, pour une fois dans ta vie."
Signé : mon père. Il y a un peu moins d'une heure. Quand j'ai passé le pas de la porte. Je n'ai même pas dit un mot qu'il m'a attaqué.Il a dû se dire que j'allais encore lui demander pourquoi je ne pouvais jamais sortir avec des potes ou avec Mayron.
Et pourtant, non.
J'ai abandonné tout ça.
Ça ne sert à rien. Quoi que je dise, je me fais rembarrer avec des "qu'est-ce qu'on va faire de toi" et autres trucs du genre.
Je pousse un long soupir.
Je regarde l'heure. Il est 18h. Mayron doit être rentré. Je lui envoie un message. J'ai besoin de lui parler. Là. Maintenant. Sinon, je vais craquer. Il sait ce qui se passe, il sait comment réagir quand ça va pas. Il sait.
Il m'appelle tout de suite, un tout petit sourire se dessine sur mes lèvres, pour disparaître aussitôt. Il est là. C'est tout ce que j'ai besoin de savoir.
Mercredi
8h05
Mayron ne peut rien dire, ce matin. Je suis super en avance. J'ai déjà fait les trois quarts du trajet, et il n'est que 8h05. J'ai filé vite. Mes parents étaient occupés, alors j'en ai profité. Au moins, ce matin, ils ne m'auront rien dit.
J'arrive à 10 au lycée, et j'attends devant le portail, bien qu'il soit déjà ouvert.
Quelques instants plus tards, la voiture de la mère de Mayron arrive. Se gare. La portière s'ouvre, Mayron sort et me rejoint.
On se salue. On entre. La routine, quoi.
- Dis donc, c'est une première, ça. Toi, arriver avant moi ? J'avais jamais vu ça. Tu serais pas malade des fois ?
- Haha ! Non, t'en fais pas pour ça, je vais parfaitement bien ! J'ai juste fait mission impossible pour pas me faire retarder par mes parents. Et ça a marché !
- Je vois ça. Hum.. ça va mieux ?
- .. ah. Oui, merci.. merci d'avoir été là.
- C'est normal ça.
On s'assoit sur le "banc de d'habitude" (son nom est incroyable, je sais), et le silence est toujours là. J'aurais installé une gêne..?
Comment briser ce silence.. un sujet.. un sujet.. Ah !
- Alors, tu m'en as pas parlé, mais.. ça s'est passé comment hier avec ton partenaire ? Euh.. Isaac ! Oui, voilà. T'as vu, j'ai retenu son nom.
- Ça s'est bien passé écoute. On avance un peu. Enfin, un petit peu. On a toujours pas d'idée.
- Ah.
- Mais je lui ai montré des trucs.
- Les textes que tu écris ?
- Oui.
- Et alors ?
- Bah... il m'a dit qu'il aimait bien mon style d'écriture..
- Eh- attends, je rêve.. ou tu rougis un peu, là ??
- Quoi ?! Mais non ! Qu'est-ce que tu racontes ?
- Je te ferai dire que tu n'as pas la possibilité de voir ton visage. Donc tu peux pas me dire non.
- Ah...
- Donc ? Tu as aimé le compliment, avoue.
- Ben... oui.. enfin, c'est normal, non ? Les gens aiment être complimentés, c'est naturel..
- Oui, bien sûr.
- À quoi tu penses même ??
- Oh, je sais pas.
- Eh, t'es au courant que je suis pas gay ? Qu'est-ce que tu insinues ? Et puis même, je le connais que depuis trois semaines !
J'éclate de rire. Il me regarde en plissant les yeux, faussement boudeur.
Hélas, la sonnerie retentit, et nous devons nous séparer pour partir chacun de notre côté.
Direction l'enfer : les maths avec mon prof principal.
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Teen FictionLa classe de seconde C organise un projet avec les première B. Les deux classes de la filière cinéma audiovisuel du lycée se connaissent bien et les binômes sont vite créés, laissant Mayron, un élève plutôt discret, sans partenaire de travail. La s...