Chapitre 9

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Mardi

8h04

PDV : Isaac

Le bus s'arrête, on est arrivés. Pour la première fois de ma vie depuis que j'en écoute, le temps n'est jamais passé aussi vite sans musique.

On décide d'un regard d'attendre que le troupeau descende du bus avant de les imiter.

Mayron m'a montré quelques uns de ses écrits, qu'il a sauvegardés dans ses notes, sur son téléphone. Ses idées sont bien, ça me donne envie de faire des dessins. Dommage qu'il n'arrive pas à achever ce qu'il commence en ce moment. Il m'a aussi parlé brièvement du début d'histoire qu'il a abandonné la veille. L'histoire de la malédiction était sympa, aussi l'ai-je gardée dans un coin de ma tête. J'ai bien envie de modeler quelque chose à partir de cette idée. Qui sait, ça l'aidera peut-être à repartir du bon pied.

Comme on continuait de discuter, on est restés ensemble dans la cour principale du lycée, sur un banc couvert, en attendant le début des cours.

8h21

Mayron s'est mis à surveiller l'heure depuis quelques minutes. Je me demande pourquoi...

Ma question est vite répondue : un garçon aux cheveux châtains arrive en courant sous le toit du bâtiment C, près de nous. Il est trempé. La pluie ne lui a pas fait de cadeau. Il s'arrête à notre niveau, prend le temps de reprendre son souffle. Mayron se lève du banc.

- Eh bah, t'as failli être en retard ! Ça sonne dans moins de 5 minutes !

- Je sais bien, mais avec cette pluie, plus le vent qui allait dans un sens contraire au mien, c'était un peu difficile d'avancer, tu vois. Et puis, ma mère a joué un rôle. Fin, tu connais. La routine.

Il lève les yeux vers moi.

- Hmm... compte tenu de la sociabilité de Mayron, tu dois être son binôme pour le projet. J'ai bon ?

Je hoche la tête. Visiblement, Mayron est proche de lui.

- Euh... attends, que je me souvienne.. ton nom... ton nom... argh..... Ah ! Si ! Ça y est ! Je l'ai ! Isaac ! Tu t'appelles Isaac. C'est ça ?

Je réitère mon geste.

- .... et toi..?

- Nahel ! Ravi de faire enfin ta connaissance ! Je suis le meilleur ami de Mayron. Rien que ça. Sache que faire partie de son cercle social est une prouesse, alors félicitations à toi !

Je regarde Mayron, en me retenant de lâcher un ricanement. Il est tout rouge.

- Nahel... je t'en supplie.. dis pas ça !

- C'est pourtant la vérité, tu peux pas le nier ça ! Haha ! C'est pas grave, hein ! On s'en fiche que tu sois entouré de toute la Terre ou pas. Ce qui compte c'est que ce soit des bonnes personnes.

- ...

Eh bien. Son ami est énergique. Mais ils ont l'air de bien s'entendre. Alors c'est ça, avoir un véritable ami ? Un vrai ? Ça doit être bien. Mais... je ne sais pas si je peux me risquer à nouveau sur cette pente.

La sonnerie retentit.

Chacun part de son côté.

Cet après-midi, je retrouverai Mayron en cours. Peut-être qu'on va enfin avancer sur ce projet.

9h53

Cela fait environ une demie heure que le deuxième cours de la journée a commencé. Ce cours est l'un des pires. Le prof ne sait juste pas faire cours. Franchement, la SES... plutôt SOS, oui !

Il y a une fille devant moi. Kaila, je crois. C'est bien l'une des seules personnes dont je me souviens du prénom dans cette classe. Et pour cause : elle fait partie de ceux qu'on réprimande tout le temps pour des bavardages.

Et, visiblement, aujourd'hui, dans ce cours là, sa cible, c'est moi.

Et son sujet.... n'en parlons pas.

- Isaac. Isaac. Isaaaaaaaaaac. Tu sais, nous, les filles, on aime pas trop être ignorées. Et puis, on aime bien les beaux garçons. Tu en es un. Regarde un peu toutes les filles autour de toi ! Je suis sûre que si je demande à chacune d'entre elles, elles vont presque toutes me répondre que t'es pas mal. Certaines se confessent. C'est dur de se déclarer, tu sais. Alors, il ne faut pas les envoyer balader comme ça, sans même répondre.

 Alors, il ne faut pas les envoyer balader comme ça, sans même répondre

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Ça, pour ne pas répondre, je ne réponds pas. Elle n'a que ce sujet à la bouche quand elle me prend pour cible. Et j'ai beau l'ignorer, elle n'abandonne pas ! C'est qu'elle est tenace. Elle ne comprends pas que premièrement, ce ne sont pas ses affaires, et que deuxièmement, je ne vais pas accepter une déclaration si je ne suis pas intéressé !

Je n'ai jamais compris leurs délires, aux filles. Pourquoi est-ce que vous continuez de me poursuivre ? Je ne veux pas retenter l'expérience. Ça ne sert à rien. Et puis... ça ne m'intéresse pas.

J'ai continué de l'ignorer. Le prof en a eu marre. Il l'a reprise, plusieurs fois, avant de lui prendre son carnet en guise d'avertissement. Elle m'a laissé tranquille, mais je sais que ça ne durera pas.

12h35

PDV : Mayron

Je me retrouve dans la file de la cantine, toujours plus interminable. Comme d'habitude, je mange tout seul, Nahel étant externe. Il a de la chance. Lui, au moins, il mange des trucs bons.

Je repense à mes interactions avec Isaac. Depuis hier, j'ai l'impression qu'on s'est rapprochés un peu. Il parle plus qu'avant, et c'est bien. On discute plus facilement. Bon, il parle toujours plutôt lentement, mais c'est déjà mieux. D'ailleurs, son embarras devant Nahel était plutôt visible. Est-ce parce qu'il ne le connaît pas ? Parce qu'il s'est retrouvé avec une boule d'énergie en face de sa bulle de calme ? Possible.

Quand Nahel était là, il a cessé de parler. Il ne faisait que nous observer.

Même si j'ai l'impression qu'il commence à doucement s'ouvrir, il devient aussi mystérieux. Le connaître un peu plus fait apparaître des points couverts de brumes. Des poins dans sa manière d'être que je ne peux pas cerner. Ce qui est normal, me direz-vous, puisque je ne le connais pas vraiment. Je sais juste quelques petits trucs insignifiants.

Son attitude montre quelque chose, cependant. Sa manière de nous regarder était un peu étrange. On aurait dit.. de l'envie ? Ou du moins, c'est ce que j'ai cru voir..

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