Mercredi
9h40
PDV : Nahel
Quel enfer ce cours de maths... entre le bruit de cette classe de fous furieux qui me fatigue déja et le prof qui n'arrête pas de me jeter des regards dont je comprends parfaitement le sens, je suis déjà épuisé de la journée.
Et pourtant.. heh.
Ce n'était que la première heure.
Quand j'arrive devant la salle d'espagnol, presque tout le groupe est déjà là. Les "espanistes" de ma classe et ceux d'une autre. Je ne sais plus laquelle par contre. Il y en a tellement, comparé au collège.. je me sens tellement insignifiant, à chaque fois que j'y pense...
On attend devant la porte close. Adossé contre le mur, je sors mon téléphone et ouvre mon jeu de type 2048. C'est que c'est addictif, ce truc.
Le temps passe. La sonnerie du début des cours sonne, et la prof n'est toujours pas là. Les autres lancent des chronomètres de 15 minutes. Une fois ce temps dépassé, on sera libres de quitter ce couloir où on se gèle même avec une veste, parce que le lycée n'a visiblement ni le budget ni l'intention de réparer les systèmes de chauffage et d'aération du bâtiment C.
10h00
- Ça fait 15 minutes !! On peut partir, la prof est pas là !!
Ces phrases retentissent dans le couloir. Bon. Je vais faire comme d'habitude : trouver un endroit où m'asseoir pour jouer à 2048. C'est que c'est addictif ce truc.
- Eh ! Nahel !
On m'attrape par la manche, je sursaute et me retourne. C'est Noah, un garçon de l'autre classe qui a cours d'espagnol avec la mienne. Il est un peu comme moi : il sympathise avec tout le monde.
- Salut ! Qu'est-ce qu'il y a ?
- Tu fais un truc là ?
Je lui montre mon téléphone, triomphant.
- Je bats mon record de points sur 2048.
- Tu veux venir avec nous ?
Il me désigne son groupe de potes.
- Vous allez où ?
- Au foyer. Enfin, s'il est ouvert, bien sûr. Sinon, on s'installera sur la table en bois avec des gribouillages immatures dehors, dans le froid, tels des SDF. C'est notre vie ici. Parce que les surveillants sont pas capables d'ouvrir une salle et qu'on se fait virer des couloirs alors qu'on gêne personne. Mais c'est leur faute aussi...-
Oulah. Sentant que ça part dans un monologue de jubilation intense, je le coupe.
- Bon, ok, je viens avec vous. J'ai pas grand chose à faire de toute façon.
- Cool ! Allez, viens ! Les gars ! On y va ?
11h40
PDV : Mayron
Je m'installe vers le fond de la salle.. jusqu'à-ce que le prof lance un "rapprochez-vous un peu". Super. Quand les profs disent ça, je vois deux choses.
La première, la plus commune : "Si vous vous mettez au fond, c'est que vous allez jouer les racailles, les gangsters... mieux vaut vous tenir à l'oeil et vous faire vous rapprocher du tableau. Comme ça, vous travaillerez peut-être un peu plus."
Le seconde, un peu moins réaliste, si vous voulez mon avis : "Rapprochez-vous les enfants ! Ne restez pas dans votre coin et allez socialiser ! Faîtes vous des amis, communiquez !"
...
Ça se voit que j'aime pas quand ils font ça ?
Bref. Je me lève et reprend mes affaires. Heureusement que je n'avais pas encore tout sorti, sinon j'aurais pleuré intérieurement. Je déteste tout ranger pour tout sortir de nouveau seulement quelques secondes après.
Une fois installé à une place plus avancée, j'attends. Le prof demande le silence. Fait l'appel. Puis, il sort un énorme tas de feuilles de son sac. Il récupère une nouvelle fois le calme, puis se met dans la célèbre posture du "j'ai une annonce à vous faire". Et en effet, il en a une.
- Bon. Certains l'ont peut-être oublié, et c'est pour cela que je vous le rappelle.. le lycée organise un voyage en Allemagne. Dans la ville de Brême, plus précisément. Hafenstadt Bremen. Ce n'est pas une obligation, mais sur la base du volontariat. Levez la main ceux qui sont volontaires, je vais vous donner les formulaires, les informations concernant le paiment.... attention, le nombre de places est limité.
Quelques mains se lèvent petit à petit. Moi, je ne sais pas vraiment si j'ai envie d'y aller. D'un côté, le concept du voyage est plaisant : voir du pays, ça doit être sympa, moi qui n'ai jamais quitté l'hexagone. Mais de l'autre, je laisse Nahel ici. Je le laisse ici, et cela fait aussi qu'il n'y a personne que je connais avec moi. Et ça.. ça ne me plaît pas trop.
Hmm.... au pire des cas, si c'est non, je peux toujours rendre le papier, non ? C'est mieux de l'avoir maintenant que de potentiellement se décider à y aller quand il n'y a plus de place..
Je lève la main, j'attends un petit moment. J'ai mal au bras. Enfin, le prof arrive à mon niveau et me tend un formulaire de plusieurs pages agrafées entre elles.
...
Eh ben.
Si je me décide à y aller, ma mère va avoir des devoirs.... même tout seul, le formulaire est volumineux !
12h45
Je me dirige vers le self, après avoir rapidement croisé Nahel qui rentrait chez lui.
Plus je m'approche du bâtiment, plus je me rends compte de la supercherie : il y a du monde. Beaucoup de monde.
Je me place en bout de file et j'attends.
12h53
Après presque dix minutes, me voilà (enfin !) avec un plateau dans les mains. J'entre dans le réfectoire et cherche des yeux une table vide. Ou au moins un bout de table à trois chaises d'un groupe. S'il vous plaît ;-;.
Au bout de quelques instants, je vois une table pour quatre personnes, presque vide : un garçon aux cheveux noirs y est installé, et, jugeant le contrnu de son plateau, il n'est pas là depuis longtemps.
Je me rends compte que c'est Isaac.
Je fais quoi ? Je m'approche ? Je lui demande si je peux venir avec lui ?
...
Je continue de chercher une table vide..?
Je n'ai pas bougé depuis au moins deux minutes, et Isaac finit par lever les yeux de son plateau. Sa tête suit le mouvement. Oh non. Il se tourne... vers moi. Il m'a remarqué.
C'est gênant.
Ça fait littéralement deux minutes que je le fixe, il va finir par me trouver bizarre !
- Euh.. tu veux peut-être t'assoir ?
![](https://img.wattpad.com/cover/332439031-288-k221742.jpg)
VOUS LISEZ
Like a movie
Teen FictionLa classe de seconde C organise un projet avec les première B. Les deux classes de la filière cinéma audiovisuel du lycée se connaissent bien et les binômes sont vite créés, laissant Mayron, un élève plutôt discret, sans partenaire de travail. La s...