Chapitre 12 Babe

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« Qui veut la paix, prépare la guerre » Jules César

On frappe à ma porte, je suis restée bien sage au fond de mon lit. Au début, j'ai laissé mon chagrin envahir mes yeux, je me sentais tellement inutile, tellement maladroite, tellement impuissante. Me faire rabaisser de la sorte, je m'étais pourtant promis que cela ne se produirait plus et jusqu'à présent, j'avais réussi. Mais lui, lui chamboule toutes mes théories, toutes mes convictions, toutes les promesses que je m'étais faites. Ne pas s'attacher parce que l'attachement conduit forcément à un moment ou à un autre, au déchirement. Pourtant, cet homme qui passe du chaud au froid, qui vous regarde avec intensité, comme s'il gravait chaque trait de votre visage dans son esprit ; cet homme me fait ressentir des sentiments que je ne comprends pas, me provoque une boule au creux de l'estomac, il me bouleverse, m'angoisse, pourquoi ?

On frappe de nouveau.

— Oui, fais je.

La porte s'ouvre sur Conchita, il se tient dans l'encadrement. Il est vrai que je n'ai pas été cool avec lui, alors qu'il avait été jusqu'à présent sympa. J'ai réussi à retirer mes menottes, grâce à une baleine de la lampe de chevet, elle était fine et cela m'a semblé une bonne idée. Bien entendu la lampe à souffert, mais à vue d'œil cela ne se remarque pas trop, il ne faut juste pas la bousculer, c'est tout. J'ai pu simuler ensuite un malaise en me pliant en deux, ce qui l'a rapproché de mon lit pour que je puisse lui subtiliser rapidement son arme avec une petite prise de krav-maga, qui m'a réveillé mes douleurs. Je dois dire que j'ai vu passer dans son regard, toute sa colère à mon égard.

— Le Prés voudrait te parler, me dit il.

— Pourquoi ?

— On m'a envoyé te chercher dès que je suis rentré donc, je ne sais rien de leur conversation. Soit, tu descends de toi-même, soit il vient te chercher.

— Et bien que MON... SIEUR vienne me chercher ! puisque c'est lui qui a voulu que je reste au fond de mon lit, comme un brave toutou obéissant, dis-je haineuse.

Il ne faudrait pas qu'il se prenne pour mon père suprême celui-là ! J'suis pas son employé, j'suis indépendante. Ce n'est pas parce que Monsieur m'a sauvé la vie que je vais lui lécher les pieds ! Après tout, j'ai sauvé leur cul avant qu'il sauve le mien, merde !

— Ok, je lui fais part de ta décision, fait-il en refermant la porte avant que j'ai pu ajouter quelque chose.

Oh putain ! J'ai intérêt à lever mon cul fissa avant qu'il ne grimpe les marches où sinon ça va cuire pour moi. Courageuse mais pas téméraire ! J'suis pas au top de ma forme actuellement pour me permettre d'être bravache*. Je me précipite donc en bas de mon lit, enfin là, c'est carrément le sens propre, car je me suis tellement précipitée, que la douleur dans mon épaule ainsi que dans ma cuisse m'ont rappelé à l'ordre et je me suis écroulée sur le sol de la chambre, pliée en deux, le souffle coupé.

— Est-ce encore une simulation ?

Putain ! Faut qu'il arrive quand je suis à terre. Je lève mon regard vers lui, il me détaille, son regard est sombre, je crois que je l'ai mis en colère en refusant de les rejoindre. Je prends appui avec ma main gauche sur le rebord du lit pour me redresser, ce qui me demande une poussée sur ma jambe blessée et me fait grimacer.

— Je t'emmerde !

Ces simples mots le font se jeter sur moi.

— Je ne supporterai plus aucune insulte de ta part ! me siffle-t-il dans les oreilles en se penchant vers moi. Tu vas me respecter devant mes hommes également, sinon je te fous dehors, assise sur une chaise au milieu du jardin !

DARK FORCES T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant