Chapitre 21 Enzo

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Ne dit-on pas « un seul être vous manque et tout est dépeuplé »

Après ma discussion un peu houleuse avec Vendetta et après lui avoir permis de rejoindre le bord du lac en lui créant un accès, je reçois un appel d'Aspic, ils viennent de choper avec les mecs, un dealer qui vendait de la merde sur notre territoire. Ils me le gardent au frais au sous-sol d'un de nos garages. Je prends donc ma bécane puis file. J'ai vu que Marie-Lou était sur la plage, elles feront donc connaissances pendant mon absence.

J'arrive à Phil's Motors, le garage porte le prénom du gérant, c'est un de nos membres, Philippe dit Motors, c'est un très bon mécano avec Speedy, même si ce dernier reste largement au-dessus des autres. Je gare ma Harley derrière le garage puis passe par la porte de service à l'arrière du bâtiment.

— Salut les gars, dis-je aux employés présents dans l'atelier.

— Salut Jaguar ! me répondent ils

Ce sont tous des membres honoraires*, ils ont prouvé leur attachement au club, ils peuvent donc participer aux déplacements et aux festivités mais n'ont pas de droit de vote. Certains d'entre eux viennent de la rue, des anciens toxicos ou en phase de le devenir. Je leur ai donné une chance de s'en sortir en leur proposant un taf, mais à une seule condition, qu'ils ne touchent plus à la drogue. En vendre est une chose, en consommer en est une autre. On sait ce que fait la drogue sur le comportement humain, je n'ai pas envie d'avoir des balances dans mon club pour monnayer un gramme de coke. Ceux qui ont joué le rôle sont restés dans mes diverses sociétés, les autres ont été remerciés gentiment, s'ils ne m'avaient pas trahi, sinon ils nourrissent les poissons du lac. Le maitre mot dans mon club est l'omerta* comme chez les mafieux. La loi du silence.

— Je descends dans le sous-sol du garage par une escalier tournant, en Galva*.

Je trouve assis sur une chaise en fer, les pieds et mains liés, mon petit dealer qui ne met pas vraiment inconnu.

— Stefano... Stefano... combien de fois vais-je devoir te le faire comprendre ? Je pense que je ne suis pas assez persuasif.

— Si... si mais j'ai ma famille à nourrir et...

— ...mais bien entendu... ta famille... tu as quoi... une femme ? un gosse ou deux ?

— Oui Monsieur Jaguar, une femme et... deux enfants...

— ... pourquoi tu fais ça Stefano ? Pourquoi ?

— Je vous l'ai dit pour nourrir...

Je ne lui laisse pas le temps de finir et lui plante mon kyoketsu shoge dans la cuisse en faisant un quart de tour. Autant dire que le côté faucille de ma lame lui déchire les chairs, il hurle dans le chiffon que vient de lui apposer sur la bouche, mon homme de main. Je retire ma lame et reprends.

— Tsss... Tsss... Tsss... je n'aime pas qu'on me prenne pour un con Stefano... la première fois, tu m'as dit que ta famille était menacée, que tu n'avais pas eu le choix. Je t'ai laissé partir avec... combien ?... dix mille euros, histoire de te prendre des ticksons pour toi et ta famille pour retourner dans ton pays natal, la Grèce. J'ai pris le tarif en classe première, c'était combien déjà... ah oui... trois cent cinquante euros par tête de pipe, donc mille quatre cent balles pour quatre. Il te restait donc si mes calculs sont bons... huit mille six cent balles. En sachant que le coût de la vie en Grèce est de trente pour cent moins élevé qu'en France, et que le salaire moyen est de huit cent cinquante euros, avec des loyers de quatre à cinq cent balles... Eh oui ! je vois que ça t'étonne, tu me prends pour le dernier des cons, j'ai l'impression. Quand je laisse une chance à quelqu'un, je me renseigne d'abord sur ses possibilités de survie. Donc en résumé, tu avais de quoi te refaire une santé, trouver un taf plus décent. Dans la restauration, ils cherchent toujours. Mais non, je t'ai de nouveau retrouvé dans un de mes quartiers... et là... qu'est-ce que tu m'as dit ? Ah oui, il fallait que tu finisses d'écouler les dix grammes de came qu'il te restait, sinon tu ne pouvais pas partir, c'était le deal passé. Figure toi que j'ai commencé à avoir des doutes, et bien qu'on t'ait laissé encore une fois partir, cette fois-ci, je me suis renseigné. Tu ne devineras jamais ce que j'ai trouvé.

DARK FORCES T.1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant