Je suis postée derrière la fenêtre, attendant le retour d'Enzo, j'ai vu toute l'opération via sa caméra. J'ai vu ce qu'il est capable de faire. Comment des hommes sont tombés sous ses coups. J'ai vu la violence des deux hommes qui partagent ma vie. On peut imaginer bien entendu, mais le voir est tout autre chose. Mon frère est devenu un homme sanguinaire et Enzo le rejoint en tout point. En étant flic, on en voit de toutes les couleurs, mais on arrive souvent, lorsque les règlements de compte ont eu lieu, on ramasse les morceaux comme on dit. Mais là, assister à une exécution aussi violente, jamais cela ne m'était encore arrivée. Je ne suis pas sensible loin de là, des morts on en voit mais même si j'exécrais l'homme qui a tué ma nièce et mon ami, je dois dire que son exécution était des plus horribles et que ces images me hanteront longtemps. J'ai voulu jouer à la forte mais j'ai parfois fermé les yeux.
Mon frère m'a dit adieu via une caméra également, j'aurais aimé le serrer une dernière fois dans mes bras, s'il m'en avait laissée l'occasion. Je n'ai que lui comme famille et il me quitte. Je comprends ses raisons, mais j'ai du mal à me dire que je me retrouve seule au monde, même s'il reste quelque part dans la nature. Certes, j'ai cru l'avoir déjà perdu. J'ai cru déjà ne plus avoir de famille mais je m'étais de nouveau habituée à ne plus être la seule De Luca, lorsque je l'ai retrouvé. Que vais-je faire maintenant ? Je ne serais plus flic, ma décision est prise alors quoi ?
C'est à cela que je pense lorsque je vois le véhicule d'Enzo franchir le portail pour s'engager dans la descente se garant dans le garage. Je pense à mon futur. Dois-je retourner à Marseille ? Notre histoire doit-elle continuer après tout ce à quoi je viens d'assister ?
La porte s'ouvre et il vient me serrer dans ses bras.
— Tu devrais être au fond de ton lit à te reposer. Nous levons le camp dans quatre heures.
— Comment ça, nous ?
— Tu as entendu ton frère, tu es dorénavant sous ma protection, je ne partirai pas sans toi de toute façon, quitte à t'attacher à moi.
— Mais... et si... si ça ne marchait pas entre nous ? Si tu avais envie d'une nana moins chiante ? Si on ne s'entend pas ? si...
— ... avec des si on n'avance pas. Je te propose qu'on essaie, de toute façon, nous avons déjà confronté nos caractères. Nous sommes tous deux des teignes.
— Eh...parle pour toi !
— Je disais donc que NOUS sommes tous les deux des teignes. Bien entendu il y aura certainement des prises de tête mais je peux te certifier que jamais je ne me lasserai de toi, jamais je ne te laisserai partir loin de moi, tu es mon tout et il n'est pas question que tu me quittes, donc il va falloir que tu m'acceptes comme je suis, de mon côté, je t'accepterai comme tu es. Si par moment, nous n'arrivons pas à nous mettre d'accord, ce n'est pas sur un ring que nous réglerons nos différents mais au fond d'un pieu, on verra qui aura le dernier mot !
— Ce sera moi !
— Rêve pas trop, me dit-il en me serrant un peu plus fort contre son cœur.
— Enzo ?
— Oui Babe ?
— Tu comptes me briser quelques côtes en plus ou desserrer ton étreinte ?
— Merde, pardon ! Quel con ! J'suis désolé, je t'ai fait mal ?
— Je plaisante Jag, je plaisante...
— Alors au pieu le clown. Quelques heures de sommeil seront les bienvenues.
Aussitôt dit aussitôt fait. Il me donne mes cachets pour dormir, même si je refuse de les prendre, lui affirmant que jamais je n'arriverais à me réveiller dans quatre heures, si je prends des somnifères maintenant. Il me les fait avaler en les dissimulant dans sa bouche et en me les refourguant lors d'un baiser. L'enfoiré. Il me tend ensuite un verre d'eau.
VOUS LISEZ
DARK FORCES T.1
AcciónBarbara : J'ai tout perdu. Mes parents lorsque je n'étais qu'une enfant, puis mon frère, sa fille et mon meilleur ami et collègue. J'avais un travail, un avenir prometteur et il n'aura fallu qu'une année pour que mon monde s'écroule comme un château...