Chapitre 4

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Après qu'il soit sorti de la chambre sans un mot, me laissant dans un bain de larmes, deux femmes étaient venues pour me préparer. Au début je ne me laissa pas faire, mais voyant leur détresse dans leur yeux, je compris qu'il fallait que j'obéisse, au regret qu'il ne leur arrive quelque chose par ma faute.

Une heure et demie plus tard j'étais prête. On m'avait maquillé légèrement avec du khôl sur les yeux, vêtu d'un caftan vert, et d'un foulard blanc.

Je me sentais dévastée, contrariée, indignée. J'avais l'impression qu'on me volait une étape de ma vie, si ce n'était ma vie toute entière... Ce moment qui devait être un joyau de la part de mon Seigneur, est devenu en un claquement de doigt, un cauchemar !

Tout s'est envolé en éclat à cause de cet homme dont une haine profonde et fervente consumait mon âme rien qu'en pensant à lui.

Il n'a pas le droit de me faire ça. Mais où puis-je m'enfuir ? Il n'y a rien autour de nous à part du sable et des dunes. La mer, cette infinie étendue d'eau, me fait aussi peur que les yeux noirâtres de l'infâme homme. Jamais je n'aurais le courage de risquer ma vie à gravir les vagues pour retrouver une terre faites d'espoir et de liberté.

Je ne suis qu'une dégonflée.

Faut-il que j'accepte mon destin ? Je m'attache à l'idée que tout ça n'est qu'une épreuve de Dieu et que bientôt, je me libérerai de mes chaines.

Mais je ne me laisserai pas abattre pour autant. Dès que l'occasion se présentera, je m'échapperai et retrouverai mon chez moi.

Les femmes me conduisaient à l'entrée, où l'impétueux homme m'attendait. Je comprenais maintenant pourquoi on les appelait les ombres du désert. Les couleurs vives du soleil couchant mettait en relief son qamis noir où se dessinait des vagues de muscles aussi distingués que les dunes du désert.

Mais ce n'était pas seulement à cause de son habillement. Le noir était sa couleur. Une force obscure émanait de lui. C'était comme s'il portait sur son dos une créature malfaisante, prêt à bondir sur son adversaire à tout moment.

C'était le genre d'homme qu'on préférait avoir comme ami et non comme ennemi.

Je le craignais, mais je ne m'avouerais pas vaincue.

En me voyant arriver, il tourna lentement sa tête et mon coeur manqua un battement. Ses iris noirs me plongeaient dans un décor où seul la mort en était l'issue.

Quelque chose me disait qu'après cette soirée, plus rien ne serait comme avant...

Je m'arrête à quelques mètres de lui, et je le vois serrer les poings, l'air de se retenir de faire ou de dire quelque chose.

- Dépêchons-nous, ils nous attendent ! Articule-t-il entre ses dents serrées

Si c'était un tel fardeau pour lui, pourquoi il faisait tout ça ?

- Si c'est si pénible pour vous, on peut toujours annuler. Moi ça m'arrange, je dis en le confrontant.

Il ne dit rien, mais l'intensité de son regard menaçant m'oblige à passer devant lui. J'ai des sueurs froides rien qu'en sentant sa présence dans mon dos.

- Avancez plus vite ! M'ordonne-t-il

- Je ne suis pas votre chien ! Je réponds furieusement.

Prise d'un élan de courage, je me mets à ralentir exprès. Mais c'était une mauvaise idée...

Il m'attrapa violemment par le bras, et mon dos entra en collision avec son torse aussi dur que de la pierre. Je pouvais sentir la fureur s'expulser de ses narines frémissantes.

Les ombres du désert [bientôt terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant