Chapitre 31

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Un long chapitre riche en émotions pour m'excuser de la longue absence.

Très bonne lecture.

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Jawhar

J'étais seul, assis là, au cœur de la mosquée, mes pensées prisonnières dans un tourbillon de culpabilité. Le silence autour de moi semblait se répercuter dans ma poitrine, mais aucune paix ne m'envahissait complètement. J'entrelaçaient mes doigts nerveusement, et le rythme de ma respiration était désordonné. Comment j'avais pu en arriver là avec elle ? Zaina... J'avais beau chercher, aucune justification ne semblait apaiser la tempête qui grondait en moi.

Mon esprit ressassait encore et encore notre altercation, le son de nos voix s'élevant dans l'air, les mots cruels qui s'étaient échappés, comme des éclats de verre brisé. Je me haïssais pour chaque parole que j'avais prononcée, chaque geste d'impatience, chaque colère que je n'avais pas su contenir. J'avais agi comme un étranger avec moi-même, quelqu'un que je ne reconnaissais pas. La honte m'envahissait à chaque instant.

Mes yeux se fermèrent un instant, cherchant à me concentrer sur les vibrations douces de la prière qui tournaient autour de moi, comme une caresse bienveillante. Là, dans ce lieu de paix, j'avais trouvé un répit, un instant de calme, un souffle suspendu où mes pensées n'étaient pas si sombres. Mais dès que je quittais ce sanctuaire, tout revenait. La tempête reprenait.

Je me sentais piégé dans ce cercle vicieux, en lutte permanente avec ma propre nature. Je voulais être meilleur pour elle, pour nous. Je voulais qu'elle ressente cette apaisement, cette sérénité que je touchais du bout des doigts lorsque je m'isolais dans la prière, mais qui disparaissait dès que j'étais confronté à l'agitation de la vie. Pourquoi ne pouvais-je pas être un homme calme et réfléchi comme mon père, même dans les moments les plus chaotiques ? Pourquoi fallait-il que ma colère prenne le dessus à chaque fois, comme une bête insatiable ?

Le parfum de l'encens, le doux murmure des prières, tout semblait plus clair ici. Et pourtant, je ne pouvais m'empêcher de penser à elle, son regard fuyant, sa voix tremblante, les silences entre nous plus lourds que des mots. Je voulais rattraper tout ce que j'avais gâché, mais le temps ne se pliait pas à mes désirs. Mes prières ne suffiraient pas à réparer ce que j'avais détruit. Et pourtant, au fond de moi, je l'espérais. J'espérais que cette paix que je trouvais ici finirait par m'accompagner jusqu'à elle.

Quelques heures plus tôt...

- Dis-moi ce qu'il s'est passé exactement avec le roi Haydar.

- Je ne peux pas... Je... Elle baissa la tête, honteuse.

- J'ai besoin de savoir Zaina, tu comprends, je dois savoir même si ça doit me tuer !

Elle le regarda hésitante. Ses yeux sauvagement suaves mais affligés étaient une arme destructrice pour l'homme en face d'elle.

- Je devais faire ce que j'avais à faire pour sauver Adila, elle dit en jouant nerveusement avec ses doigts. Amani m'a confié un poison assez puissant pour tuer un homme avec une seule goutte. C'est pour cela que je me suis rapprochée de lui, afin de pouvoir le lui faire avaler.

Un orage sourd grondait à l'intérieur de Jawhar.

- Et comment tu t'y es prise pour ça, Zaina ?

Son prénom ne résonnait plus comme un murmure lubrique, comme la nuit dernière, mais à une dangereuse grenade sur le point d'exploser, prête à le détruire.

Et c'est ce qu'elle fit. Elle lança la bombe, et la colère qui s'était accumulée en lui finit par atteindre son apogée, détruisant quelque chose de fort en lui :

Les ombres du désert [bientôt terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant