Les ombres du désert [bientôt terminé]

Chapitre 6

Zaina

Pendant notre retour, Jawhar ne dit pas un mot. Il semblait être perdu dans un monde dominé par le feu et la cendre.

Ses sourcils épais étaient toujours froncés, ses yeux en amande regardaient les choses avec gravité. Son expression était toujours impassible, je ne peux imaginer qu'un jour un sourire ait pu étirer ses lèvres pulpeuses.

Cependant, je ne pouvais nier qu'il était d'une beauté inébranlable.

Si Allah avait donné la moitié de la beauté de l'humanité au prophète Youssouf, alors Jawhar en possédait le tiers.

Zaina tu vas vraiment continuer à contempler cet homme qui t'a kidnappé et fait de lui sa femme ?

Je secoue ma tête pour enlever toutes ses idées de ma tête, et me ressaisis.

***

- Retrouvez-moi dans le salon dans dix minutes pour manger, dit-il en me tendant sa main pour m'aider à descendre du cheval, mais que j'ignore consciemment.

- Je n'ai pas faim, je mens car je ne voulais pas manger seule avec lui.

- Ce n'est plus un jeûne que vous faites. Cela fait plus de douze heures que vous n'avez rien avalé! Il répond mécontent et la voix grave, à croire que cela le dérangeait.

- Je jeûne pour me faire pardonner de toutes les injures que j'ai pu proférer à votre égard.

Son regard noir plonge dans le mien, et pendant quelques secondes j'oublie le monde autour de nous. Il dégageait quelque chose de froid mais de chaud en même temps. Par moment je sentais tout mon corps se refroidir de peur face aux ténèbres qui remplissaient ses yeux, puis une chaleur s'immisçait en moi comme un incendie sur la glace.

- Dans ce cas je devrais aussi jeûner à cause de votre père, il dit avec animosité.

Je fronce des sourcils, l'air confuse.

- Pourquoi vous semblez le détester autant ?

Son regard fixait mes yeux, mais par moments, je le voyais qui divaguait vers d'autres endroits, surtout mes lèvres, et quand cela se produisait, sa mâchoire se contractait si fort qu'on aurait dit qu'elles étaient ciselées à la serpe.

- Cela ne vous regarde pas, il dit sur un ton faussement calme. Je sentais sa colère croître en lui.

- Je vous rappelle que vous m'avez kidnappé, qu'ensuite vous m'avez forcé à me marier avec vous pour Dieu, je ne sais quelle raison. Vous dites que votre vengeance est aussi la mienne, mais je n'ai pas le droit de poser de questions ? J'éclate à bout de nerfs.

J'étais accablée par tous ses non-dits et mystères qui m'avait ramené jusqu'à lui.

- Vous ne supporteriez pas le poids de la vérité, de plus que vous avez l'air d'avoir du respect pour votre ordure de père...

Sa voix était pleine d'amertume et ses mâchoires crispés. Il semblait contenir toute la rage et la haine que mon père lui infligeait.

D'un geste nerveux et brusque, il passa sa main dans ses cheveux noires et épais. Mais une boucle noire tombait toujours sur son œil droit, sous lequel il avait un grain de beauté.