Chapitre 27

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Bonne lecture

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Zaina

Mon corps était immergé par un ouragan d'émotions contradictoires et incontrôlables : peur, angoisse, détermination, rancœur. Je ne savais pas ce qui me faisait le plus souffrir, mais j'étais certaine d'une chose : je ne pouvais plus faire marche arrière.

J'avais raconté toute mon histoire à la princesse Amani. Étrangement, même si ses yeux aussi verts qu'une nature printanière m'intimidaient, il y avait quelque chose en elle qui avait touché mon cœur et m'avait donné le courage de parler.

Ça m'avait soulagé d'un poids énorme, même si Amani n'avait pas exprimé la moindre émotion ou compassion à mon égard. Cependant, j'avais préféré qu'elle ne montre rien.

Je n'aurais pas supporté de voir une quelconque reproche dans ses grands yeux clairs. 

Est-ce que tout était de ma faute ?
Aurais-je dû faire quelque chose dès que j'en avais eu l'occasion ?

Ces questions m'engluaient l'esprit et me hantaient en permanence.

« J'accepte de t'aider mais avant ça, j'aimerais que tu fasses quelque chose pour moi. J'espère que tu seras t'en servir » m'avait-elle dit en plaçant l'objet dans ma main.

Je l'avais regardé avec stupeur. Était-ce bien ce à quoi je pensais ?

« Partez maintenant, et revenez chez moi en étant encore l'une des nôtres »

J'avais fini par entrer dans la voiture, encore toute chamboulée et confuse.

Elle m'avait laissé un message très clair. Une vérité que je m'étais interdite de mettre à exécution, mais qui était la seule solution à ma libération.

***

- Nous sommes arrivés princesse.

La chauffeuse me sort de ma léthargie et me ramène à la réalité. Pendant tout le trajet, j'observais l'extérieur sans réellement le voir, aveuglée par le tourbillon noir de mes pensées.

- Le Palais se trouve derrière cette forêt. Je ne suis malheureusement pas autorisée à vous accompagner plus loin, princesse.

À travers la fenêtre, les hauts arbres se dressaient devant moi comme un grand mur impénétrable et majestueux.

- Merci.

Je pose un pieds par terre lentement, terrifiée par l'idée de me retrouver toute seule. La brise d'Altaïr frappe mon visage et je sens tout mon corps frissonner. Il était encore très tôt. De fins faisceaux de lumière passaient à travers les branches des arbres et éclairaient le chemin de terre bordé par des buissons et des mauvaises herbes.

Plus j'avançais, et plus mon cœur devenait lourd. Il n'y avait pas un seul bruit, seulement celui des feuilles qui se frottaient entre elles au gré du vent. Mais soudain, le craquement d'une branche derrière moi me fait sursauter, et je m'arrête, terrifiée.

Je me sentais observée, et comme une biche affolée d'être touchée par le tire d'un chasseur, je me mets à courir.

Je courrais le plus vite possible, jusqu'à ne plus suivre mon propre souffle. Mes pieds s'écrasaient avec frénésie sur la terre légèrement humide. J'essayais tant bien que mal de retenir mon voile qui glissait sur ma tête, et mes cheveux ébouriffés tombaient sur mes yeux et m'empêchaient de voir correctement.

Les ombres du désert [bientôt terminé]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant