Profondeurs et Surface: un contre-la-montre vital

Chapitre 24: Le décollage

Sylvain ramenait Rose chez elle, la soirée avait été merveilleuse. La joie pouvait se lire sur tous les Terriens que Sylvain avait croisés. Ils traversaient l'Atlantide pour rentrer à la Respiration, il passait de capsules en capsules main dans la main jusqu'à arriver à la Biosphère. Pendant qu'ils traversaient le laboratoire, ils prenaient le temps d'admirer le ciel étoilé :

« L'immensité de ce ciel est impressionnante, déclara Rose, tu penses que nous allons arriver à l'atteindre ?

— Oui j'en suis certain. Affirma-t-il son regard se tourna vers les deux fusées installées au milieu de la Biosphère. Je pense que ces fusées sont les plus belles preuves de collaborations humaines, elles nous affirment que la paix est possible.

— Oui mais il va falloir définir qui seront les premiers à partir et donc à risquer leurs vies, rappela Rose.

— Le tirage au sort aura lieu demain, chaque jour suffit sa peine, philosopha Sylvain. »

Alors qu'ils marchaient tranquillement dans le calme de la nuit, un bruissement aquatique les interrompit. Les deux regards se tournèrent vers l'océan où ils virent un vaisseau spatial en sortir. Il ressemblait à un jet épuré, il était recouvert d'argent qui le faisait briller dans la nuit. Le vaisseau était immense il recouvrait toute la Biosphère et éclipsa la Lune. Un degré plus tard, il avait disparu direction les étoiles et la station Delta.

« C'était quoi ça ?!! S'affola Sylvain.

— J'en sais rien mais ça ne ressemble à aucun aéronef que je connais ! Répondit-elle.

— Bon attends calmons nous. Ceci ne peut signifier qu'une seule chose : Certains d'entre nous ont réussi à développer un vaisseau et à atteindre la station delta sans en parler à personne. Analysa-t-il, ils risquent de saboter le décollage !

— Ou mieux, nous sommes juste très fatigués et les effets du cocktail à la spyruline nous font délirer. Ajouta-t-elle.

— Oui tu as raison de toute façon nous n'avons pas le temps d'essayer de comprendre dans deux jours se jouera notre avenir à tous et tout est déjà décidé et déjà écrit alors laissons tomber. Conclut-il

— Complètement d'accord, confirma-t-elle. »

Ils arrivèrent au bout de la Biosphère, là où leur chemin se séparait pour rejoindre leurs appartements. Ils firent un câlin qui dura plusieurs degrés, se souhaitèrent bonne nuit et rejoignirent deux capsules différentes.

Sylvain prit sa capsule en savourant le sentiment de plénitude qu'il ressentait. Ses paupières étaient lourdes, il faillit s'endormir deux fois sur le trajet en capsule. Arriver chez lui il ne prit pas la peine de se changer, se coucha, habillé et s'endormit quasiment instantanément. Ses rêves furent paisibles et joyeux mais furent interrompus par son bracelet qui s'affolait.

Sylvain ouvrit les yeux avec peine et lut le message qui lui fit l'effet d'une douche froide. Abigail était morte. Il croyait s'être préparé à cette fin inéluctable mais on n'est jamais prêt. Les larmes se mirent à couler sans s'arrêter, son amie qu'il connaissait depuis ses débuts à la Biosphère, celle qui était la plus forte d'entre eux venait de s'endormir pour toujours. Sylvain n'osait bouger, il restait assis sur son lit en pleurant. Il n'arrivait pas se calmer jusqu'à ce que son cerveau remît en question ce message : le déni. Il ne pouvait pas y croire, il ne voulait pas y croire. Il courut à travers la Respiration jusqu'à l'assistance médicale.

Sylvain courut jusqu'à la chambre de son amie, trop tard elle était vide. Il interpella le premier infirmier qu'il croisa. Il lui informa qu'une des dernières demandes d'Abigail était de rejoindre les étoiles et donc d'être lancé dans l'espace. Il lui expliqua qu'ils étaient donc obligés de la faire embarquer dans la fusée dès que son décès fut diagnostiqué. Sylvain ne se sentait pas bien, il tenta quelques inspirations, il avait l'étrange sensation qu'était en train de se brouiller. Il essaya de se retenir contre le mur mais ses jambes qu'il ne sentait presque plus se dérobèrent. Sylvain tomba par terre inconscient.