〝 𝙰̀ 𝙲𝙾𝙴𝚄𝚁 𝙾𝚄𝚅𝙴𝚁𝚃 〞
TOM
Vers 18 heures, je me laisse lourdement tomber sur le canapé. C'est un petit moment de calme que je m'octroie dès que je rentre, un moment qui ne dure jamais plus de cinq minutes.
Mes mains glissent dans mes cheveux, chassant quelques-unes des mèches un peu trop longues qui tombent devant mes yeux. La fatigue me gagne. J'ai mal à la tête, et j'essaie encore de savoir si cette migraine est due à la fille que je viens de rencontrer dans des circonstances assez comiques ou à la garde de 20 heures que je viens de me taper.
Chaque jour, je traverse la moitié de l'État pour me rendre au Massachusetts General Hospital. Je parcours les soixante-dix-sept kilomètres séparant Boston de Worcester en métro plutôt qu'en voiture, afin de pouvoir réviser pendant le trajet.
La formation pour devenir chirurgien cardiaque est assez complexe. Il faut compter douze ans d'études après le lycée pour obtenir une telle spécialité. Mais le docteur Simon dit que si je continue comme ça, il ne m'en faudra que onze. Autrement dit, en continuant de bosser d'arrache-pied, j'en aurais terminé avec les bouquins et les examens à mes vingt-neuf ans. C'est l'espoir de finir l'internat avant mes trente ans qui me motive à travailler autant.
Avec si peu de temps libre, j'essaie de l'exploiter au mieux. Je ne dois pas m'en sortir si bien que ça, bien sûr, puisque je ne suis toujours pas parvenu à aller chez le coiffeur depuis quatre mois. Encore quelques jours et je risque de ne plus pouvoir dissimuler ma tignasse dans mon calot chirurgical.
Problème capillaire mis à part, je marque une pause. Ça ne m'arrive jamais, mais je dois me sermonner pour me bouger du canapé et aller réviser. Cependant, tout au fond de moi, une petite voix me dit que je ne parviendrai pas à penser artères ou ventricules cardiaques ce soir. Je n'arriverai pas à penser à autre chose qu'à cette fille rencontrée dans l'ascenseur.
Lola.
En cette fin de journée, la fraîcheur est venue nous frapper de plein fouet. Pourtant, je n'ai pas hésité une seule seconde à lui donner ma veste. Pour elle, je suis rentré frigorifié de l'hôpital. Et en toute franchise ?
Ça en valait la peine.
Un sourire se plaque sur mon visage. C'est ce même sourire qui suscite la curiosité de mon frère.
Liam vient tout juste d'entrer dans la pièce.
Je sais qu'il s'agit de lui. Il a toujours le pas lourd, quoiqu'un peu pressé. Quand il pose une main sur mon épaule, j'ouvre immédiatement les yeux. J'ai toujours la tête penchée en arrière et je vois donc son corps debout, à l'envers, au-dessus du mien.
— Pourquoi tu souris comme ça ?
Je laisse ma tête dodeliner à gauche puis à droite.
C'est typique de Liam : il veut toujours tout savoir.
— Pourquoi je souris comme quoi ?
— Comme un idiot amoureux.
Je prends une grande inspiration, comme pour me donner du courage, puis finis par rompre le contact visuel, me levant du canapé pour éviter toutes ses autres questions.
— Tiens donc ! Est-ce que j'ai tapé dans le mille ?
Je tente de fuir, mais il me barre la route. Mon plan pour m'éclipser de la pièce est compromis depuis le moment où j'ai refusé de répondre à sa question. Dès le départ, j'aurais dû lui balancer un mensonge pour qu'il me fiche la paix, mais je n'y suis pas arrivée.
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UNDERDOG
RomanceDans le Nevada, au cœur d'une banlieue résidentielle calme, une mauvaise journée s'annonce pour Lola. Alors qu'elle s'apprête à récupérer son frère, Knox, après un road trip sur la côte Est des États-Unis, sa voiture tombe en panne. Contraint de pa...