〝 𝙳𝙴 𝙵𝙸𝙻 𝙴𝙽 𝙰𝙸𝙶𝚄𝙸𝙻𝙻𝙴 〞
LOLA
Sept jours se sont succédé. Le temps s'est écoulé à un rythme infernal depuis la venue d'Isaac et j'ai encore un travail monstre à faire.
Comme j'avais besoin de me changer les idées, Nick m'a demandé de nous confectionner des tenues pour la vente aux enchères qui a lieu ce soir, à l'Underground. Quelque chose de classe, m'a-t-il dit. Alors en plus de m'avoir acheté des nouveaux feutres, il est revenu de Walmart avec une machine à coudre.
Il n'a pas eu assez de ses deux mains pour transporter tous les tissus pour lesquels il a également payé. Les comptes du policier ne me regardent pas, mais étant étudiante en mode, je sais reconnaître du tissu de qualité, du tissu cher. Je sais que tout ça a dû lui coûter une blinde, mais je ne m'attarde pas sur ce point.
Il faut dire que coudre la nuit me permet de loger mes démences dans un coin de ma tête. Ça me permet aussi de moins penser à Knox.
— Est-ce que tu as besoin d'aide ?
Je n'ai pas entendu Nick sortir de sa chambre. Je n'ai pas non plus entendu la porte du frigo qu'il a ouverte sans un bruit, certainement parce que je suis vidée de toute énergie. C'est ce qui explique que je n'avance pas très vite non plus.
Durant les sept derniers jours, j'ai bossé la nuit pour nous confectionner des tenues et ne me suis endormie qu'au petit matin, juste après avoir mangé quelques noisettes et descendu mes médicaments pour le cœur avec un peu d'eau.
Comme je ne réponds pas, le policier s'avance jusqu'à moi, s'arrête puis m'observe. Il regarde ma mine à peine reposée, mon corps entier qui est dans un état de dépression stagnante depuis des jours.
— Tu as besoin d'aide ?
Il se répète encore et mon attention se cale enfin sur sa question. J'arrête d'appuyer sur la pédale de commande de la machine à coudre, redonnant à cette pièce un semblant de silence.
— De l'aide ? je pouffe. Je parie que tu ne sais même pas coudre.
Je fais mouche, sans trop de surprise, puisque j'entends Nick sourire.
— Apprends-moi dans ce cas.
— On n'a pas le temps pour ça.
— Peut-être que tu pourrais prendre le temps de m'apprendre ?
— Et peut-être que tu devrais comprendre que le temps ne s'arrête pas selon notre bon vouloir.
Si Nick ne remarque pas mon humeur maussade, c'est simplement parce que je lui offre cette même attitude, un tantinet désagréable, depuis que je l'ai rencontré...ou parce qu'il s'y est accommodé, va savoir. Pourtant, plus le temps passe et plus mon image de femme froide se casse la gueule. Je frictionne mes yeux avec mes mains, comme si ce mouvement allait m'aider à me réveiller, et soupire.
— Merde, murmuré-je. Je suis...
— Désolée ? me coupe-t-il.
— Ouais.
Je ne sais juste pas comment l'exprimer.
Peut-être parce qu'au fond, je n'arrive pas à admettre que je suis plus en colère contre moi-même que contre Nick. Je ne crois pas au destin, mais ça ne m'empêche pas de penser qu'il est inutile de lutter contre toutes ces choses qui nous échappent.
Je ne sais pas si on peut réinventer quoi que ce soit dans notre vie, mais si c'était possible, je retournerais quelques jours en arrière et je me donnerai un énorme coup de pied au cul pour sortir plus vite de mon lit afin de récupérer Knox à Paradise Valley.
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UNDERDOG
RomanceDans le Nevada, au cœur d'une banlieue résidentielle calme, une mauvaise journée s'annonce pour Lola. Alors qu'elle s'apprête à récupérer son frère, Knox, après un road trip sur la côte Est des États-Unis, sa voiture tombe en panne. Contraint de pa...