Chap 32: Et soudain tout change...

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"Cher journal,

Ainsi, tu es le cadeau que Gary m'a offert. Je suis prête à écrire sur tes pages.
Je m'appelle Kinney, et j'ai deux valises qui m'attendent pour partir.
Aujourd'hui est un grand jour. Je sors de l'hôpital, saine et sauve. En un morceau.
Ça y est. Ma rééducation est terminée et les médecins en ont conclus qu'en fin de compte, une seule visite à l'hôpital tous les mois suffiraient.
Je suis la fille la plus heureuse du monde, et je suis une miraculée d'une tumeur cérébrale.
Nadia vient d'entrer dans la chambre, et ses cernes qui la marquait ont disparues. Elle me sourit.
Il est tant de partir."

Je ferme mon journal, le range dans mon petit sac, souffle un coup et suis Nadia.
Avant de sortir de la chambre, je contemple une dernière fois la pièce qui paraît bien vide sans ma présence et le piano, étant transféré dans la chambre de Sarah.
D'ailleurs, avant de partir, je monte les marches qui mènent à sa chambre et fais irruption dans la pièce.

- Kinney ! Tu es venue !

Elle est cernée et semble mal en point. Néanmoins, son sourire n'a aucunement disparu.

Je viens vers son lit lui faire un câlin.

- Kinney, me chuchote-t-elle. Peux-tu m'aider à marcher jusqu'au piano ?
- Bien sur ! Viens par là.

Je la soulève et fais attention aux fils en l'aidant à la mettre debout.

Nous titubons jusqu'à l'instrument au fond de la pièce.

- J'ai appris une chanson, Kinney.

Et c'est quand elle commence à jouer "vive le vent", ma toute première partition, que je fond en larmes.

Elle fait la chanson sans partitions, elle la sait par cœur.

À la fin, elle se tourne vers moi mais semble regarder derrière ma personne. C'est effectivement le cas:

- Maman ! Papa ! Vous êtes là !

C'est la première fois que je rencontre ses parents. Ils sont parfaits. Adorables. Le genre de parents que tout le monde aimeraient avoir.

Quand je dois partir, je retiens mes larmes qui menacent encore de couler.

Je ne la reverrait plus.

Je la sers une dernière fois dans mes bras et lui dis que je l'aime très fort.

Ses parents me remercient pour le piano et pour lui avoir tenu compagnie.

C'est plutôt elle qui m'a tenu compagnie. C'est devenu mon amie. Je ne veux pas la quitter...

- Au revoir, Sarah.
- Au revoir Kinney !

Et je sors de sa chambre, secouée par les sanglots.

Je rejoins Nadia et Gary, qui me réconfortent comme ils peuvent.

Le trajet se fait en silence. Gary me lance quelques regards furtifs mais remplis d'amour et Nadia marmonne quelques choses d'incompréhensible.

Arrivée à la maison, je ne sors pas tout de suite de la voiture.

Est-ce bien réel ? Est-ce bien ma maison ? Suis-je vraiment en vie ou suis-je morte et que mon cerveau détraqué me joue des tours ?

Il semblerait que non.

Je pose doucement ma main sur la clenche de la portière et sors.

Gary m'aide un peu mais je finis par refuser ses bras qui m'entourent.

Maintenant, il faut que je me débrouille seule. Que je réapprenne à "vivre comme avant".

Est-ce possible ? Est-ce que j'en suis encore capable ? Je ne peux pas répondre à la question car moi-même ne le sais pas.

Flocons d'hiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant