Chap 6: Une étoile pour un ami.

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Mr Pilat a décrété que j'avais besoin d'un suivi thérapeutique.

" -Mais je ne suis pas folle !" Avais-je répondu bêtement.
" -Non, vous êtes malade psychologiquement, et ce n'est pas du tout la même chose !", disait Mr Pilat.
Effectivement, j'avais beaucoup de problèmes familiaux. Mais imaginez un peu la honte au lycée si on apprend que je suis à deux doigts de me faire interner !
- Là n'est pas le plus important, Kinney, dit Nadia quand j'eus exposé mon opinion. Il faut te faire aider.
- Mais Nad ! Regarde-moi !! La suppliai-je.
- Je ne peux pas, je conduis figure-toi.
Elle me jète néanmoins un petit coup d'œil.
- Ai-je l'air malade ? Je demande.
Elle soupire avant de me répondre:
- Non, Kinney, tu n'as pas l'air malade physiquement. Mais j'imagine que c'est dur de vivre avec l'absence de ses parents...
Non, elle ne pouvait pas imaginer.
-...Et le docteur Pilat ne te veux pas de mal, au contraire, il veut t'aider. Accepte son aide ! Ce n'est quand-même pas la mer à boire.
- Mais j'en veux pas, de son aide à la con ! Je veux vivre normalement !!
- Je comprend.
Non, impossible.
- Tu iras en revanche aux séances de psychologie programmées.
Je crois que je vais commettre un meurtre.
Pendant tout le long de la route, je me contiens à ne pas lui sauter à la gorge, et j'aurais pu définitivement me faire passer pour une folle.
- Au fait ! S'exclame-t'elle en fermant la voiture et en cherchant les clés dans son sac, un certain Gary, très aimable, a appelé sur ton portable.
?!?!?!?!?!?!?!?
Je cherche mon iPhone, qui ne semble pas se trouver dans mes poches.
Nadia sort de son sac mon objet si précieux qu'elle me tend et s'expliquant:
- Il était resté sur ton siège. Juste après que tu sois partie pour ta séance, ton téléphone a sonné, alors j'ai décroché. Le pauvre Gary ! Il était paniqué, mais je lui ai expliqué que je n'étais que ta belle-mère, la bonne femme qui l'avait accueilli à la porte la veille...
Je hausse un sourcil, peu intéressée par son monologue, tout en entrant dans la villa.
- Alors je lui ai dit que tu étais partie chez ton psychologue.
Je m'arrête nette, prête à lui arracher les membres un par un.
Non, dites-moi que ce que j'ai entendu est faux...
Je me sens fébrile, tout d'un coup. Je sens des fourmis dans mes jambes. Je m'assois dans les escaliers.
- C'est une blague, c'est ça ?
- Pardon ? Pourquoi ça serait une
blague.
La hoooooonte.
- Justement, il va te rappeler !
- Ah, non ! Non non non !
- Ben qu'est-ce qu'il y a ?
Nadia est gentille mais peu compréhensive.
Je me cache le visage et me dirige vers l'escalier.
Quelle horreur ! Gary va sûrement se faire une joie de raconter tout ça aux minettes qui le colle comme de la super-glue.
Ça serait bien son genre, non ?
D'ailleurs, à peine ai-je regagné ma chambre que mon iPhone se met à sonner.
- C'est pas vrai.
Évidemment, je ne m'étonne pas de voir "Gary" s'afficher sur mon écran.
- Oui ?
- Kinney ?
- Il semblerait, oui...
Je me déchausse et saute sur mon lit.
- Ta séance s'est mal passée ? Me demande t-il.
Non mais il se moque de moi en plus !
- Ça va ? Tu rigoles bien ? Wow, Gary, tout le monde se marre ! T'as raconté tout ça au lycée ?!
- Mais, Kinney...je ne vais plus au lycée, et...
- Je m'en contre-fiche !
- Kinney, jamais je ne rigolerai de tes problèmes.
- Je n'ai pas de problèmes, c'est compris ?!! Nadia a dit ça pour rigoler.
- Arrête, je sais bien que c'est vrai, cette histoire de thérapie.
- Mais TA GUEULE à la fin !!
- Hé, calme-toi...Je ne voulais pas te mettre dans tous tes états.
- Lâche-moi, Gary. Tu peux pas me comprendre. Et je ne vois pas pourquoi un mec souriant, beau, gentil et rigolo s'intéresse à une pauvre folle alors qu'il a un paquet de filles beaucoup plus intéressantes à ses pieds !!
- Kinney, tu n'es PAS folle. Et..
Il se tait.
- Et quoi ? Je demande.
- Et rien. Je vais te laisser.
- Ttt-Ttt ! Tu avais appelé pour quoi, déjà ?
- Hum, je ne sais plus trop.
- Si là tu ne te moques pas de moi, je me demande bien ce que tu fais.
Il soupire dans le combiné ce qui me vrille les tympans.
- On reparlera de ça plus tard, d'accord ?
- Qui a dit qu'il allait y avoir un plus tard ?
- Personne. Salut alors.
- Salut.
J'attends qu'il raccroche, mais il ne le fait pas: j'entend encore son souffle.
D'ailleurs, lui aussi attend que je me décide à raccrocher. J'attend, silencieuse, et raccroche enfin.
Je me laisse tomber sur une tonne de coussins moelleux et regarde le plafond.
J'ai accroché des petites étoiles fluorescentes là-haut. Il n'y en a pas beaucoup et elles ne tiennent pas: vous l'avez compris, c'est une métaphore qui symbolise le nombre de personnes qui me tiennent à cœur.
Je les comptent, et les nomment, comme une constellation.
"Celle-ci pour papa, elle pour maman, une pour Nadia, ces deux-là, ensembles, sont Laurine et Candys. Les deux autres, Maëva et Clarisse. La petite toute seule, représente Basil."
Mais qui sont ces personnes ? Tout simplement mes seuls amis de mon enfance. Il m'a fallut peu de temps pour m'intégrer à leur groupe en CP. Quand papa et moi, nous sommes partis en trombe, je n'ai jamais eu de nouvelles d'eux. Ce n'est pas pour autant que je ne les garde plus dans mon cœur.
Par contre...
Je me lève et me met sur la pointe des pieds pour détacher une étoile.
Celle-ci représentait Thomas, mon premier amour.
C'était le seul ami que je "connaissais"sans le rencontrer. On parlait par correspondance, jusqu'au jour où j'ai découvert que ce n'était qu'un pervers qui ne s'intéressait qu'à lui et qu'au sexe.
Je regarde cette toute petite étoile décolorée un moment, et la met à la poubelle.
À la place, je fouille dans ma table de nuit et déniche ma plus belle étoile.
Je me relève, et la colle au plafond. Elle est si belle !
Qui représente-t-elle ?
Gary.

Flocons d'hiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant