Chap 5: SOS psychologues

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Allez Gary, répond !!

" - Bonjour, vous êtes bien sur la messagerie de Gary McConnor. Merci de bien vouloir laisser un message après le bip."

Je raccroche, et réessaye. Toujours rien...et merde ! Il m'en veut...

Je laisse un message.

- Gary, c'est Kinney...désolée pour tout à l'heure !! Je ne le pensais vraiment pas.

Je refoule les larmes mais ma voix est tremblante.

- Rappelle-moi, s'il-te-plaît.

Je m'adosse au bord de mon gigantesque lit et regarde par la fenêtre.

Je repense à Papa. Si ça se trouve, si je me concentre bien, je pourrais entendre sa voiture rentrer dans le garage ? Entendre ses pas dans les escaliers ? Le voir passer le pas de ma chambre et venir me voir jouer du piano en me félicitant ? Sentir son odeur rassurante ?

Non.

Tout ça est fini.

J'entend plutôt Nadia appeler psychologue après psychologue, cherchant désespérément quelqu'un qui veuille bien de moi.

- Oui, bonjour monsieur. C'est pour un séance pour ma belle-fille. Oui, je suis sa tutrice. Elle a des sortes de...terreurs nocturnes. Des souvenirs qui remontent. Vraiment ? Le plus vite serait parfait. Cet après-midi à 14 heures ? Pas de problème. Au revoir, monsieur.

L'angoisse me prend la gorge et je me dirige au pas de course vers la cuvette.

Je reste bien une demi-heure aux toilettes à rejeter de la bile, quand j'entend mon portable sonner.

Je me précipite vers mon iPhone.

- A...allo ?
- Kinney ? Tout va bien ?
- Ah, Gary...oui ça va. Désolée pour tout à l'heure.
- C'est rien. Tu es sûre que ça va ?

Je soupire et me creuse la tête. Dois-je me confier à ce garçon que je connais à peine mais qui prend soin de moi sans vraiment le savoir ?

- Oui. Je voulais juste que tu répondes pour que je m'excuse.

Il ne répondit pas tout du suite. Je crus même à un moment qu'il avait raccroché, avant qu'il daigne enfin à parler:

- Très bien. Excuses acceptées. Bon ben...salut.
- Salut.
- Bisous.
- Bisous...
- À plus tard ?
- Oui, à plus tard.
- Au revoir, alors.
- Au revoir !!

Et il raccroche enfin. Quelle sangsue ! Mais il est chouette, quand même.

J'esquisse mon premier sourire de la journée grâce à lui.

Quelques heures plus tard, Nadia m'appelle pour que l'on déjeune.

On mange en silence. Je suis bien décidée à lui faire la tête.

- Au fait, Kinney. Je t'ai p...
- Je sais. À 14 heures.

Je mange un bout de pain et remonte dans ma chambre.

Je pleure un moment en étalant du maquillage sur ma couette bleue et blanche.

Je me rhabille et me remaquille à la va-vite quand ma belle-mère m'appelle.

Durant tout le trajet, je ne parle pas et me contente de regarder le paysage défiler devant mes yeux.

Nadia me laisse au cabinet d'un certain Dr Pilat, qui m'accueille chaleureusement dès que je rentre.

Il me laisse entrer dans son bureau et je m'installe, me contentant de le regarder avec mon pire regard noir.

- Alors, Kinney ? Voulez-vous parler de ce qui vous tracasse ?
- Non.
- Très bien.

Il croise les jambes, s'adosse à son fauteuil et me regarde.

Genre, on dirait Gary.

Il me fait flipper, là...

- Qu'est-ce que vous avez à me regarder ? Crachai-je
- Vous avez l'air d'une jeune femme très forte, mais vous ne l'êtes pas vraiment, n'est-ce pas ?
- Je ne vous permet pas...
- Et bien moi si. Si on parlait de ce qui vous tracasse la nuit ?
- Je n'ai pas envie.

Il se lève et va chercher un dossier, qu'il pose lentement sur la table en marbre. Il l'ouvre et commence sa lecture:

- Souvenirs d'enfance, terreur nocturne, absence des parents. C'est ça ?

Je ressens comme un coup de poing dans le ventre. Des images défilent devant mes yeux et me font tourner la tête. Rien que d'entendre ces mots m'est insupportable.

- Allez, s'il-vous-plaît, parlez de quoi vous rêvez la nuit. Ça va vous libérer.
- Je ne crois pas..
- Ah bon ? En avez-vous déjà parlé à quelqu'un ?

À vrai dire, non. Jamais je n'avais craché le morceau et tous les psychologues me haïssaient pour mon caractère de cochon.

- C'est difficile de garder son calme avec moi, n'est-ce pas ? Marmonnai-je en le voyant se tortiller légèrement sur sa chaise roulante.
- Plutôt, oui. Mais là n'est pas la préoccupation principale. Parlez.

Il croyait qu'on était à un interrogatoire, là ? Je me retiens de rire. Qu'est-ce qu'il croit ? Que je vais tout lui dire comme s'il était mon père ?

Mon père.

Je soupire, bouge sur ma chaise, mal à l'aise.

- Je ne sais pas...soufflai-je
- Je ne vais pas vous manger, je vous le promet.
- Ça me rassure !

Je déglutis avec peine. Peut-être a-t'il vraiment raison ? Peut-être dois-je en parler pour enterrer ces mauvais souvenirs qui ne font que de me pourrir la vie.

- Non, désolée, fis-je finalement.

Je me lève, prend mon sac et sors de son bureau.

Personne ne peut m'aider. Pas même les plus doués des psychologues.

Flocons d'hiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant