Flocons d'hiver

Chap 23: Troisième jour.

Chap 23: Le brouillard se dissipe.

Les chimiothérapies m'abrutissaient. Ma tête blonde avait été remplacée par une tête ronde sans cheveu.
Maintenant, je ne m'inquiète plus pour mon apparence, mais plutôt pour ma vie.

Néanmoins, Gary va passer cet après-midi avec Prune et je suis certaine que mon visage tiré et mes cheveux disparus remplacés par un bonnet les choqueront.

Je suis un peu anxieuse.

Gary me verra toujours telle que je suis ? Continuera-t-il à venir me voir ?

Prune va t-elle déguerpir quand elle me verra ? Aura-t-elle le courage de continuer à être ma meilleure amie ?

J'essuie une larme d'une main tremblante, recopiant mes brouillons de livre au propre.

Ma tête se met à bourdonner, encore, et j'ai la nausée.

Une infirmière entre dans ma chambre. C'est Rose. Je connais à peu près tout le personnel de l'étage où j'ai élu domicile et je suis pour eux une sorte de mascotte de l'espoir.

En gros, je réagis très bien aux traitements et les médecins sont fières de moi comme d'eux-mêmes. Mais les risques sont encore très nombreux et je peux avoir des séquelles dans ma vie, plus tard. (Du moins, si j'en ai une).

- Comment va notre princesse aux yeux bleus, aujourd'hui ?
- Ça va, merci Rose.

Elle vérifie mes traitements et mes perfusions et s'installe près de moi.

- Tu vois des personnes, aujourd'hui ? Me demande-t-elle.
- Oui. Deux amis très cher.
- Dedans, il y a Gary, n'est-ce pas ?
- Exact. J'ai tellement peur qu'il ne me reconnaisse pas...

Rose soupire et regarde par la fenêtre qui donne sur la campagne.

- S'il tient vraiment à toi, il ne s'enfuira pas. Mais la société a changé les gens et leur regard.

Je ne vois pas totalement ce qu'elle veut signifier dans sa dernière phrase, mais je crois comprendre qu'elle souhaite me dire que le gouvernement à changé le regard sur autrui. C'est bien vrai.

- Et qui est cette autre personne ? Fait Rose, curieuse.
- Elle s'appelle Prune, et je ne l'ai pas vu depuis un moment. C'est pour cela que je suis encore plus anxieuse de me montrer comme ça devant elle.
- Kinney. Il faut que tu saches que si on te fait faire des chimiothérapies, c'est pour te soigner. Il ne faut pas que tu fasses ta vie autour de ton apparence. Privilégie ta santé, avant toute autre chose.

Je hoche la tête, émue.

Rose se lève, me fait un petit signe de la main et sort de ma chambre.

À midi, je ne mange qu'un yaourt aux framboises, tellement je suis anxieuse.

À 14 heures, Amélie, l'une des secrétaires m'annonce que j'ai de la visite.

Je met mon bonnet rose sur la tête et vérifie ma tenue.

J'ai demandé à mon docteur si je pouvais m'habiller différemment ce jour-là, et il avait dit oui, sauf pour les talons de 15 cm...

Mon slim noir et mes chaussons roses qui rappellent mon bonnet me vont à ravir. Quand à mon haut fushia et dentelle noire, il est parfait.

Je souffle et demande à faire entrer mes amis, comme si j'étais un juge et que je priais les policiers de faire entrer les accusés.

Mes comparaisons sont parfois bizarre, et je me demande si ce n'est pas un des effets secondaires du traitement.

Gary et Prune entrent, souriant, évitent de regarder plus haut que mes yeux.