Chap 4: Raconter ses souvenirs c'est les revivre.

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Quelques jours plus tard, je repris l'usage de mes membres et me rétablissais petit à petit. Gary n'était pas revenu mais me demandait souvent des nouvelles par le biais de Nadia.

Aujourd'hui, c'est le jour de ma sortie. J'enfile mes vêtements lentement mais sûrement avec l'aide de ma belle-mère.

- Quand est-ce que je vais reprendre les cours ? demandai-je.
- Hé bien ! Tu as envie d'y retourner...?

À vrai dire, c'est plutôt le contraire.
Nadia continue:

- Il faudra attendre une à deux semaines avant de retourner au lycée, Kinney. Tu n'es pas encore d'attaque.

Elle caresse mes cheveux blonds bouclés.

- Tu m'as fait une frayeur, ma petite puce...souffle-t'elle.

Je la serre contre moi pour la rassurer.
Elle m'aide à me relever et nous partons de cette chambre d'hôpital où j'avais séjourné près de deux semaines.

Nadia m'avait appris que j'avais fait une crise d'hypothermie, et si le jeune homme ne s'en était pas rendu compte, je serais morte de froid.

Je rentre à la maison, monte lentement les escaliers menant à ma chambre.

Mes jambes me font mal, et ma tête est sur le point d'exploser.

Les escaliers semblent alors bouger. Je tombe en arrière et me retrouve dans les bras de Nadia.

- Viens là. Je vais t'aider.

On monte tranquillement. Je suis encore sonnée...

Elle m'installe dans mon lit et me prépare un chocolat chaud.

Un chocolat chaud...depuis quand n'en avais-je pas mangé ?

Je le savoure en le laissant descendre dans ma gorge sèche.

Trois coups retentissent à la porte. Je pose mon chocolat, et vais ouvrir.

Gary se présente.

Je le regarde, puis me regarde. Je ne porte qu'un t-shirt et une petite culotte bleue.

Je lui ferme la porte au nez et cours partout pour trouver un jean.

Je lui ouvre de nouveau, les joues aussi rouges qu'une tomate.

Son petit sourire idiot est scotché sur ses lèvres pulpeuses.

Je ressens le besoin d'être désagréable avec lui. Il m'exaspère rien qu'en le voyant !

Il tient dans ses mains un joli bouquet de magnifiques roses, qu'il me tend.
Je les prend, et vais les poser sur ma commode à trophées. Elles sont belles, me dis-je.

- Merci.
- Y'a pas de quoi. Je venais prendre de tes nouvelles...
- C'est gentil de ta part...Il me sourit, avec le genre de sourire qui fait craquer toutes les filles.

Ça se trouve, c'est un bad-boy qui ne fait que de profiter de la tristesse des personnes pour avoir ce qu'il veut ? Je sais bien que je suis le genre de fille qu'aiment les garçons. Et que détestent les filles.
C'est dommage qu'on ne voit que la pétasse que je suis extérieurement et non la jeune fille brisée par le manque de parents absents.

- Kinney ?
Gary me regarde intensément, avec un visage inquiet.

- Merci d'être passé. On se revoit au lycée ?

Je suis prête à fermer ma porte mais il la bloque avec son pied.

- Non...me répond t-il. Enfin, je ne sais pas. Je ne vais plus au lycée parce que je me suis fait viré...
- Pourquoi ?

Il baisse les yeux, l'air coupable.

Qu'est-ce qu'il me cache ?

Pour toute réponse, il me donne un bout de papier déchiré avec un numéro de téléphone griffonné dessus.

- Si tu as besoin de parler, envoies-moi un texto.
- D'accord. Merci, Gary...mais...

Il attend que je finisse ma phrase.

- Mais pourquoi fais-tu tout ça ? Pourquoi prend-tu des nouvelles d'une garce ? Si c'est juste pour essayer de me mettre dans ton lit, dis-toi que je ne suis pas de ce genre.

Il écarquille les yeux et balbutie:

- Oh, Kinney...non ! Tu croyais que j'étais un mec qui ne pensait qu'au sexe ?

Il semble horrifié.

- Généralement, les mecs ne pensent qu'à ça...
- Tu crois ? Je peux t'affirmer le contraire !

Il s'en va. Je l'ai blessé. Je ne lui court pas après, je ne l'appelle pas.

Je referme tout simplement la porte derrière lui et met son numéro à la poubelle avant de me recoucher, luttant contre les larmes.

" Papa pose nos valises dans la soute.
Je sers fort mon petit ange contre moi parce que j'ai peur. Il paraît que nous sommes dans un avion. Je n'ai jamais voyagé dans un avion. Des copains m'ont dit que ça allait super vite et que ça volait très haut. Une fille de ma classe m'a aussi dis que sa tante était décédée dans un crash d'avion. Et c'est de ça que j'ai peur. Et si l'avion tombait ? Je ne veux pas mourir, moi !

Papa m'installe sur les sièges géants et m'attache. Il se positionne à côté de moi mais je tremble quand même de peur.

Pour me rassurer, il me fait jouer à des devinettes.

- Qu'est-ce qui est long, jaune avec des tâches ?
- Un avion en feu ?

Le visage de Papa se décompose.

- Non, Kinney, c'est une girafe. Une grande girafe.

L'avion se met à bouger. Papa me serre fort les mains tout en racontant d'autres devinettes. Mais je ne répond pas. Je regarde par le hublot le paysage qui rétrécit, rétrécit, rétrécit...

- Qu'est-ce qui sourit, rigole et est plein de vie ?
- Gary"

Je me réveille en répétant un prénom, en sueur comme à mon habitude.

Je prend mon chocolat chaud désormais froid et le finis d'un trait.
Je me lève, nauséeuse pour aller aux toilettes et vomir tout ce que j'ai dans le ventre.

- Kinney ? Tout va bien ?

Je m'essuie et me regarde dans le miroir. J'ai le teint fantomatique.

Nadia entre et me trouve avachie au lavabo.

- Oh, ma puce ! Qu'est-ce qui s'est passé ?
- J'ai encore fais un de ces rêves...

Merde ! Je m'étais promis de ne plus lui avouer que je revivais toujours les souvenirs.

- Encore ?! Je croyais que ça s'était arrêté...

Je secoue la tête.

- Non...avouai-je. Non, ça ne s'est jamais arrêté.

Nadia soupire et m'aide à me relever avant de déclarer:

- Ma puce...il va falloir aller revoir les psychologues.
- NON ! Non par pitié, Nad... Je ne veux pas...
- Ma puce, je suis désolée mais je ne te demande pas ton avis.

Elle s'éloigne vers la porte tout en sortant son téléphone.

- Je t'en supplie !!!

Je pleure, je hurle mon désespoir. Ma belle-mère ne cède pas et s'éloigne en fermant la porte.

Raconter mes souvenirs c'est les revivre. Je ne veux pas. C'est 10 fois pire quand je suis éveillée.

Je rampe jusqu'à la corbeille, prend le numéro de Gary et le compose en séchant mes larmes.

Flocons d'hiverOù les histoires vivent. Découvrez maintenant