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Il est 6h dans les rues de Séoul quand j'arrive au métro. Il fait encore nuit et le soleil se lève dans quelques minutes. La pénombre ne me rassure pas, mais j'ai l'habitude de faire ce trajet tous les jours, donc je ne m'inquiète pas de me perdre dans la capitale. Ce qui m'inquiète n'est pas mon sens de l'orientation ou ma concentration, puisque le trajet est devenu un automatisme à suivre au fur et à mesure des années de travail dans cette agence immobilière, en revanche, ce qui m'inquiète, c'est les autres. Premièrement parce que j'ai parfois peur de me faire agresser si tôt dans la journée, mais aussi parce que je ne supporte pas de voir quelqu'un d'autre se faire embêter, suivre, frapper ou pire... Et ça arrive quelques fois. Un homme s'était fait pousse sur les railles du métro il y a quelques semaines et avait failli se faire écraser par le transport. Une femme s'était faite poignardé alors qu'elle était enceinte. Elle est parti à l'hôpital, et je ne l'ai jamais revu ici depuis... Je n'ai aucune idée de comment elle va. J'ai été témoin de ces agressions, alors me déplacer seule ici ne me rassure en rien.
J'entre finalement dans le transport en commun. Je prend place à côté d'une vieille femme, et sors mon portable pour écouter calmement ma musique. Quelques arrêts plus tard, un homme entre, semblant un peu plus jeune que moi, mais aucune place assise n'est libre. Il est à côté de moi, de profil et porte des lunettes de soleil. J'ai une vision sur ses yeux cachés derrière celles-ci. Ses yeux sont blancs, et semblent ne pas chercher quoi que ce soit. Je comprend bien vite pourquoi.
- Monsieur, asseyez-vous à ma place, je lui dis après avoir tapoté son bras.
- Merci beaucoup madame.
- "Madame" ? Je ne suis pas encore mariée, "mademoiselle" suffira.
Il sourit et s'incline, puis prend ma place.
Cela fait quelques temps que je le vois le matin, toujours à la même heure, à la seconde près. Je n'avais jamais vu ses yeux avant, donc ses lunettes sombres m'intrigaient, et j'avais beau regarder dehors, le soleil n'était jamais très brillant à l'heure où il arrivait dans le métro. Mais maintenant que j'ai vu ses yeux qu'il cache continuellement, j'ai bien compris à quoi elles lui servent.
À l'arrêt suivant, un groupe de jeunes hommes entrent à leur tour. Ces hommes sont ceux que je vois tous les jours aussi, et qui ont vraiment l'air de chercher les problèmes en continue. Comme par hasard, ce matin, ils choisissent de se diriger vers cet homme aveugle assis à la place où je me trouvais au début de mon trajet. Ils se plantent devant lui, et commencent à lui frapper l'épaule légèrement.
- Laisse nous la place mec, lève toi. On t'a pas appris qu'il faut laisser la place à tes aînés ? lui dit l'un des hommes debout.
- Je pense être plus âgé que vous, et prioritaire sur vos petits plaisirs et votre confort, messieurs.