La pute des gangs [Mikey X OC]

L'argent fait le bonheur

Hiyori

 — 卍 —

          J'essaye de ne pas tâcher ma chemise blanche avec tout ce sang qui gicle, mais l'objectif semble perdu d'avance. Ma veste trône quelques mètres à côté. Je ne voulais, au moins, pas payer le pressing. Coincé sous mon genou qui lui écrase la cage thoracique, je retiens ce mec de seconde à coup de poing. Je ne suis pas franchement douée pour ça. Mes phalanges craquent à chaque fois et j'ai l'impression de faire plus mal à ma peau qu'à son visage. Il ne se débat plus. J'entends la première sonnerie du collège retentir. Je dois retourner en cours, vite. Et surtout récupérer ma thune auprès de ce gamin de la classe d'à côté.

— T'avises plus d'emmerder...

Je cherche le nom de ce môme dans ma mémoire débordante.

— Tatara quelque chose, finis-je par souffler. Celui que tu tabasses toutes les semaines pour récupérer son argent de poche. Bref, laisse-le tranquille ou la prochaine fois, je te pète le bras.

Que des menaces en l'air. Je ne fais pas de service après-vente. Mais lui ne le sait pas. Je me redresse, vérifie que ma chemise reste portable et enfile ma veste. L'avantage de ce collège : la tenue majoritairement noire. Le sang se voit moins. Avec toutes les gueules que je casse à longueur de semaine, il faut bien. Des fois, je ne mets que des coups de pression ou j'écris des lettres de menaces. Souvent, la tâche paraît moins honorable : faire une course, jouer la petite-copine pour qu'un mec fanfaronne auprès de ses potes. Je suis une pute qui n'écarte pas les cuisses. Mercenaire me semble trop mélioratif pour ce que j'accomplis. Tant que j'empoche l'argent à la fin, ils peuvent bien m'appeler comme ils veulent.

 — 卍 —

Je croise Hinata sur le chemin vers notre classe. Une petite rousse aux yeux grands comme le monde. Je l'ai rencontré en arrivant ici, un mois auparavant. Visiblement, elle m'aime bien et a décidé de faire ses bonnes actions hebdomadaires en m'engueulant dès qu'une trace de sang apparaît sur mon visage.

— Hiyori, je vois tes phalanges hein, je sais ce que tu viens de faire ! Râle-t-elle en sortant des pansements de son sac pour recouvrir mes doigts.

Je la laisse faire. Je ne compte pas dépenser de l'énergie à la repousser. Peut-être qu'au fond, je l'aime bien. Je regarde mes mains. Il faudrait que j'apprenne à frapper à main nu, un jour. Elle doit avoir l'habitude d'aider les chatons en détresse, cette nana. Je crois que son petit-ami fait le malin aussi. Takemichi, un gringalet blond qui n'intimide que son ombre.