La pute des gangs [Mikey X OC]

A m'asseoir sur une marche

Mikey

 — 卍 —

          Mon réveil me sort d'un sommeil peu reposant. Mon oreiller porte encore l'humidité de ces larmes que j'ai versé. Quelle nuit de merde. Au moins je me lève avec la certitude que Kenchy est vivant. Le médecin nous l'a annoncé après plus d'une heure d'opération. Ema en a pleuré de soulagement. Moi aussi. Je n'en reviens pas que ce soit Hiyori qui l'ait mis dans cet état. Elle riait avec lui la semaine d'avant et revenait du cinéma la veille. Je tape du poing contre le mur de ma chambre, les nerfs froissés. Je ne vais pas m'énerver davantage pour elle, visiblement elle n'en vaut pas la peine. Je m'habille et attrape mon vieil uniforme du Toman au fond de mon placard. J'en connais un qu'il faut remercier d'avoir sauvé la vie de mon meilleur ami. Takemichy va encore pleurer.

 — 卍 —

— C'est pas elle qui m'a planté, c'est Kiyomasa, souffle Kenchy en se redressant pour attraper la canette que je lui tends.

Je pose le sac en papier contenant ma tenue au pied de son lit, sachant pertinemment que le blondinet viendra voir notre convalescent dans la journée.

— Mais je l'ai vu debout à côté de toi, son couteau en sang dans la main.

— J'ai pas tout compris mais visiblement c'était sa mission, mais elle a préféré se tailler la main pour le sang et faire semblant de me planter. Kiyomasa s'en est rendu compte peu de temps après et c'est là qu'on s'est battu. Il a réussi à m'avoir mais j'ai évité le pire, genre un organe vital.

A ma tête, Kenchy soupire. Il comprend le quiproquo qui a animé la soirée et m'explique même que la chemise d'Hiyori a fini en lambeau pour le sauver. Merde.

— Va la voir, moi je pique un somme, conclut-il en me tournant le dos.

 — 卍 —

Je la retrouve sans mal. Elle est assise devant la maison de retraite de son grand-père. A croire qu'elle habite là-bas. Je ne sais pas ce qu'elle attend, mais quand elle entend ma moto, elle relève la tête si vite que nos regards se croisent avant que je ne coupe mon moteur. Son air triste me frappe. Chez elle, ça ne se voit pas par des larmes ou dans ses yeux. Elle voûte le dos, la tête basse et triture ses doigts. Je descends ; elle ne bouge pas. Après mes menaces d'hier, elle devrait partir en courant. Soit elle a des idées suicidaires, soit terriblement confiance en moi. J'aimerais que ce soit le second choix, mais j'en doute. Mes yeux glissent sur sa main, enroulée dans un bandage. C'était donc son sang.