La pute des gangs [Mikey X OC]

Que de mauvaises raisons

Hiyori

 — 卍 —

          Je lève la main à plat pour le gifler, puis je ferme le poing, pour le frapper. Mon geste en suspens ne partira jamais. Ce n'est pas contre lui que je m'énerve. C'est moi que je voudrais later. Mais il se tient devant moi, à tenter de me comprendre, alors je passe ma colère sur lui sans qu'il ne m'en veuille. Je le vois dans ses yeux qui ne me quittent pas. Pourquoi fallait-il que je tombe sur quelqu'un d'aussi gentil ? J'ai passé trois jours à me convaincre que je devais tout faire pour récolter suffisamment d'argent et le retrouver. Mais en réalité, je voulais qu'il me sauve. J'ai regretté à la minute où j'ai quitté l'appartement en courant. Et il est venu me chercher. Je le savais, mais j'ai quand même continué en me mentant ouvertement. C'est pour ça que je suis un poison qu'il doit éviter.

Pourtant, il reste là, à me regarder avec tant d'insistance que je jurerais qu'il lit dans mes pensées. Est-ce qu'il y repère cette affection que je lui porte et dont je ne sais pas quoi faire ? Elle me malmène l'esprit, me donne tout autant envie de rester à ses côtés que de fuir loin pour ne pas m'y confronter. Tout semblait plus simple avant que je ne le rencontre. Je ne me plaignais pas de mon quotidien. Je trimais comme si la vie devait ressembler à ça. Et Mikey est arrivé. Il a tant illuminé mes journées que le monde en est devenu plus terne, encore plus violent dès lors que je n'étais pas avec lui. Je voulais qu'il me fasse rire, entendre le son de sa voix qui lézarde les murs, sentir sa main serrer la mienne et que son regard arrive à sonder mon cœur en miettes. Quel égoïsme.

Je baisse ma main toujours suspendue en l'air et pose mon poing sur son torse. Je desserre mes doigts de son col.

— Tu veux pas m'abandonner toi aussi ? Ce serait tellement plus simple...

Ma voix se tord dans ma gorge. Voilà que la colère laisse place à la tristesse. Evidemment que non, je ne veux pas qu'il m'abandonne. Pas lui. Alors je préfère le fuir. Mieux vaut que je me fasse mal toute seule plutôt que les autres arrivent à le faire. Pour appuyer sa réponse, il me sourit et m'encercle de ses bras. Il ramène ma tête contre son torse. J'entends les battements irréguliers de son cœur qui semble faire la course avec le mien.

— Non, pas envie.

— Pourquoi t'es là, Mikey ? Pourquoi tu restes ? Lui demande-je en chuchotant.

Je ne connaissais pas son odeur avant de me retrouver collée à lui. Douce, un peu sucrée, avec un soupçon du shampoing que j'ai déjà senti alors qu'Ema passait devant moi.

— Parce que je tiens à toi, rétorque-t-il en posant son menton sur le haut de mon crâne.

Mes doigts agrippent son t-shirt tandis qu'il me colle un peu plus contre lui. Je ne comprends pas. Je m'écarte tant bien que mal de ses bras et le fixe. Lui, c'est un soleil. Et moi, une bouteille de gaz dans une cheminée, prête à exploser.