La pute des gangs [Mikey X OC]

Le principe de la morale

Hiyori

— 卍 —

          Je ne l'avais jamais vu, le chef du Tokyo Manji-Kai. Ce gang sortit de nul part qui a pulvérisé, du jour au lendemain, mes anciens clients du Black Dragon. Il semblait en colère contre son propre gars. Les cinq salopards me courent après, en soutenant Takemichi tant bien que mal. Ils me remercient cent fois avant que je puisse en placer une.

— C'est pas moi qui vous ai sauvé au final, c'est ce type qu'ils ont appelé chef.

Ses traits enfantins ne lui donnent pas l'air d'un chef de gang. Sans son intervention, je parie que j'aurais dû cogner encore quelques fois sur la tête de ce Kiyomasa. Du genre coriace le lourdaud.

— Tu connais pas Mikey, le chef du Toman ? Me demande le gars à la coupe en brosse rouge, Atsushi je crois.

— Maintenant si.

Ma réponse les fait rire. Je les regarde imiter le duo en pleine action : Mikey, le petit blond, et Draken, le grand avec un tatouage de dragon sur le crâne. Avec leurs vestes au vent, je dois avouer qu'ils pétaient la classe. Pour je ne sais quelle raison, les cinq trouillards me suivent tout le trajet. Sur le chemin, ils me payent une boisson au distributeur. Ils parlent tellement que je n'ai pas besoin d'en placer une. Parfait. Avant que je ne bifurque pour rejoindre un client, Kazushi me tend une enveloppe. Sûrement avec l'argent.

— Je n'ai rien fait, garde-le.

Je me barre avant qu'une pseudo reconnaissance ne me soit accordée. Voilà pourquoi je n'aime pas traîner avec des gens. C'est la porte ouverte à toutes sortes de concessions. Et pour des fichus principes, je ne boufferai pas ce soir.

— 卍 —

Je traverse Shibuya sans lever les yeux du sol. A mon arrivée de l'autre côté du quartier, le soleil disparaît dans mon dos. Je cherche des yeux mon client : un grand gars, blond, avec une cicatrice au milieu du front. Je le vois un peu plus loin, à l'écart de la route, au bord d'un parc à chien. Autour de lui, des gars en uniforme blancs. Le gang s'appelle Moebius et contrôle Shinjuku. Je me demande ce qu'ils me veulent. J'approche, les mains dans les poches de ma veste pour résister à la brise qui se lève.

— Osanai ? Demande-je par acquis de conscience.

Je le reconnaîtrais sans sa veste tant il ressemble à son petit-frère. Une frappe de sixième qui voulait se faire un nom en m'embauchant deux semaines auparavant. Il a dû donner mon numéro à ce grand dadet qui m'explique le plan. Ils veulent choper un mec qui se balade toujours par ici. Mais avec sa nana à ses côtés, impossible de lui casser les deux jambes sans qu'elle n'appelle la police. Alors, il faut une gamine pour l'amadouer. Je ne demande pas plus d'informations. Je me fiche de ce qu'ils lui feront. Je tends la main vers le chef.