Mikey
— 卍 —
— Tonton Mikey !!
Haruka manque de se rétamer dans le virage du couloir quand elle m'entend franchir le pas de la porte. J'étais pourtant sûr d'avoir été discret. Son doudou en forme de chiffon à la main, elle met difficilement un pied devant l'autre - comme un salarié bourré sortant du bar - et se jette dans mes bras. Je la hisse pour la caler contre mon torse et lui embrasser le front. Son rire résonne dans la pièce.
— Tu sais, eh beh, tu sais, répète-t-elle en essayant d'organiser ses pensées de fillette de trois ans à peine. Tu sais que maman elle a dit que tu viendrais me sauver du monstre sous mon lit !
Je souris à ces deux grandes billes bleues qui me regardent. Elle lui ressemble tant que ça me trouble. J'hésite parfois entre les deux prénoms, incapable de me remémorer à quelle époque je me trouve. Si je revis encore mon enfance, mon adolescence ou si je continue bien cette vie d'adulte. Je me demande encore comment Takemichy a tenu avec tous ses sauts dans le temps sans se perdre. Mais la frimousse d'Haruka me ramène sans mal sur terre.
— Promis Haru, je viendrai te sauver avec ma moto, lui rétorqué-je devant son regard impressionné.
Hiyori apparaît depuis le couloir du fond. Son carré brun encadre son visage souriant. Elle laisse pousser ses cheveux qui retombent presque sur ses épaules. Un pyjama pour enfant coincée sous le bras, elle soupire, résignée.
— Je la tiens jamais en place quand elle sait que tu viens. Allez, au lit !
— Noooon ! Tonton sauve-moi ! Hurle Haruka en tirant sur le col de mon t-shirt.
Ses gloussements manquent de m'arracher un tympan. En quelques minutes, le jeu de course-poursuite se termine par une histoire au lit et la maison redevient plus calme.
Assis sur le canapé, je regarde ces cadres photos que je connais pourtant par cœur. Le Toman y est omniprésent, évidemment. Sur chacune d'elle, Hiyori arbore ce grand sourire qui ne la quitte pas. Au bout d'un moment, ça ne devrait plus m'étonner. Tout le monde trouve ça normal, qu'elle sourit à pleine dent, qu'elle bavarde sans cesse, qu'elle court à droite et à gauche, fasse mille choses à la fois, propose des soirées karaoké toutes les semaines ou encore qu'elle engueule Baji dès qu'il est en retard pour leur repas de famille. Mais je me souviens, moi, de la tristesse, de la douleur et de la violence qu'il a fallu supporter pour avoir la chance de tout recommencer. Et quelle chance.
J'entends son pas léger arriver depuis la cuisine. Elle pose deux chocolats chauds brûlants sur la table basse et se laisse tomber à côté de moi.
— Haru n'arrête pas de dire que c'est toi qui doit la sauver des monstres et Akkun se vexe à chaque fois, raconte-t-elle en pouffant comme une adolescente. C'est parce qu'un jour je lui ai raconté que tu m'avais sauvé d'un monstre marin qui m'aspirait dans les profondeurs de l'océan.
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La pute des gangs [Mikey X OC]
FanfictionQu'importe comment ils m'appellent, du moment qu'ils me payent. Je ne suis qu'un poison indolore qui mérite à peine de fouler cette terre. Celle que je partage avec lui. Mikey pourrait être l'espoir dont je ne veux pas. La lumière qui fait survivre...