Ceux que l'on rencontre

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Mikey


 —


          Kenchy m'en veut de l'avoir obligé à se lever aussi tôt. Avant 9 h pour qu'il puisse venir me réveiller. Heureusement qu'il existe. Je voulais absolument voir ce Takemichy. Il me fait bien rire. Et comme je veux lui expliquer deux ou trois trucs, je puise directement à la source.

 On n'est jamais venu à Mizo, hein ?

 Non, me répond Kenchy en soutirant à un plus jeune la direction de l'étage des troisièmes.

Au bout du couloir en question, je vois la tignasse blonde de Takemichy. Bingo. Quelques inconscients nous barrent la route. Tant mieux, cela anime cette journée de la meilleure des façons. J'essaye d'en mettre au tapis plus que Kenchy, mais il se les fait deux par deux. Le tricheur. Un des gars au sol appelle à l'aide. Sur la gauche, la brunette d'hier fait son apparition. Décidément, je tombe toujours au bon moment, au bon endroit. Alors que ses camarades lui demandent de nous casser la tronche, elle marmonne un truc sur l'argent. Le silence retombe. Elle ne bouge pas d'un millimètre, pas comme hier. Je gambade jusqu'à mon nouveau pote et l'embarque avec moi. Personne ne me refuse rien, il ne va pas faire exception. Je passe devant la collégienne et m'arrête.

 Tu viens ?

Elle ne réagit pas. Son regard sans expression qui me fixe contraste avec la tête ahuri de Takemichy. Ils ne font pas la paire ces deux-là. Je retente le coup.

 Je te paye ?

Elle hausse un sourcil et décroise les bras en se redressant.

 Ok.

Satisfait, je repars avec ma nouvelle troupe. Kenchy, lui, a eu la bonne idée d'aligner nos pseudos assaillants pour nous créer un superbe tapis jusqu'à l'entrée du collège. Je sautille de dos en dos en vérifiant que mes deux nouveaux potes me suivent. Je vais les emmener du côté de la rivière. A cette heure-ci, personne ne viendra nous embêter. Stationné dans l'entrée, j'attends qu'ils changent de chaussures quand une petite rousse arrive en trombe. Elle jette un coup d'œil à Takemichy puis me colle une claque qui ne tuerait même pas une mouche. Ça commence à faire beaucoup de nanas qui ont un grain en moins en vingt-quatre heures. Le blondinet écarquille les yeux et se précipite vers elle quand il voit Kenchy lui attraper l'avant-bras. Elle tremble comme une feuille, et la main de Takemichy aussi lorsqu'elle se pose sur l'épaule de Kenchy. Un vrai drama. Je m'approche lentement, histoire de faire monter la pression.

 Choisis comment tu veux mourir.

J'adore. Il déglutit difficilement à la suite de ma remarque. Mais j'ai à peine le temps de me délecter de son visage horrifié que la brunette aux yeux clairs soupire et se plante entre nous deux. Moi qui pensait qu'elle ne bougeait que pour l'argent, je ne comprends plus rien. Elle propose.

 On y va ?

Elle n'attends aucune réponse. Elle désamorce juste la scène. Belle technique. Sans renchérir, elle se retourne, sépare doucement la main de Kenchy de l'avant-bras de l'autre collégienne et la pousse vers le couloir.

 Allez, t'as cours Hina, hop.

Puis elle nous laisse plantés là et pars enfiler ses chaussures dans l'entrée. Rapide, efficace, avec le moins de mots possible. Elle doit traîner avec des mecs au sang chaud régulièrement ou je ne m'y connais pas. Je donne une bonne pichenette sur le front de Takemichy puis rigole. Quelle belle journée. Sa petite-amie, Hinata de son prénom, s'excuse avant de retourner en cours. Et voilà notre joyeuse petite troupe sans queue ni tête qui file de son côté. Kenchy embarque la brunette à l'arrière du vélo qu'il a emprunté au pif sur le parking de Mizo. Moi, je me laisse porter par mon nouveau pote qui pose enfin la question qui semblait lui brûler les lèvres depuis hier.

 Pourquoi tu m'as à la bonne, Mikey ?

Je souris en silence et saute du porte-bagage. J'adore la vue d'ici. Je viens m'allonger là, parfois, pour regarder le soleil se coucher. Sauf que là, midi pointe. Je crois que c'est Shinichiro qui m'avait montré ce spot. Il me manque un peu, parfois. Tout le temps. Je m'assois sur l'herbe alors que Kenchy apporte une réponse au blondinet.

 Des gars forts, y'en a à la pelle ici. Mais des gars qui font tout pour protéger ceux qu'ils aiment, c'est rare.

Kenchy sait toujours quoi dire. J'ajoute le deuxième argument, pour compléter l'explication.

 J'avais un grand-frère, qui est mort il y a 2 ans... Shinichiro. Et tu lui ressembles pas mal. Sauf que lui, il était respecté.

Je pouffe à ma propre pique tandis que Takemichy digère l'information. La brunette, elle, ne pose aucune question. En fait, elle ne décroche pas un mot. Toujours assise sur le porte-bagage, de profil, je la vois fixer l'horizon, une oreille tournée vers nous. Je leur parle de cette ère des délinquants, aussi classe que mon frère l'était, et que je veux instaurer. Tout le monde se tait. Quand je me relève, je croise le regard de la collégienne rivé sur moi. Elle cligne des yeux. Enfin un signe de vie. Un coup d'œil sur son portable et la voilà levée, les talons tournées. Je ne comprends pas trop son fonctionnement et ça me déstabilise. Elle nous suit pour ne pas parler, puis s'en va comme si elle venait d'accomplir sa tâche. Je la hèle.

 Je t'ai pas payé.

Elle continue son chemin et lève la main comme pour balayer l'idée d'un geste.

 On va dire que la première fois c'est gratuit.

Je vois ses mèches brunes se balancer à nouveau le long de son dos.

 Tu t'appelles comment ?

Elle s'arrête et se tourne vers moi, presque étonnée que je lui pose la question. Mais comme elle reste impassible, difficile de deviner ce qu'elle pense.

 Hiyori, souffle-t-elle après un moment, comme si elle tentait de se souvenir de son prénom.

 Bye bye, Hiyo.

Au même moment, son téléphone sonne, diffusant la musique peu connue d'un groupe de rock qu'adore Kenchy. Je le vois tourner la tête et sourire en entendant les notes. Elle décroche.

 Oui, j'arrive Papy, désolée.

Elle esquisse un sourire. Moi qui commençais à croire qu'elle en était incapable. J'hésite à l'interpeller à nouveau mais elle repart au petit trot. Elle ne m'a pas dit son nom, mais je le connais déjà. Je me disais bien que sa tête me revenait. Je ne l'avais jamais vu en vrai, seulement entendu parler. Sauf que personne ne l'appelle Hiyori. Juste, la pute des gangs.


 —


[Et voilà le titre de cette fanfiction qui prend tout son sens sur ce chapitre... Mais vous vous en doutiez déjà j'imagine !

Merci de lire mes petits chapitres chaque semaine ♥]

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La pute des gangs [Mikey X OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant