Parler et ne rien dire

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Hiyori


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          Je jette mes quelques affaires dans le tambour de la machine et lance un programme avant de quitter la laverie. Personne ne viendra voler une tenue de collégienne ou mes chaussettes trouées, je peux aller voir Papy sans m'en soucier. Je tire sur mon pull jaune moutarde tout en marchant, mais rien n'y fait, il couvre à peine ma peau. Je l'ai mis avec le reste de mes fringues sans y penser la semaine dernière, au lieu de le laver à la main. Voilà le résultat. Les os de mes hanches ressortent disgracieusement de ma peau blanchâtre. Mon jean noir taille haute rattrape l'affaire. Je ne me prendrai peut-être pas de remarque sur mon look de dévergondée. Cette pensée me fait sourire. Il fait beau, c'est l'heure de la promenade.

 T'es assez couvert Papy ? Lui demande-je en descendant son fauteuil roulant sur la pente raide de la maison de retraite.

 Je suis un vieux, pas un nourrisson, raille-t-il en ajustant son manteau en cuir.

Un vrai rockeur ridé. Je bifurque sur le trottoir pour rejoindre le parc d'à côté. Toujours le même. Mais comme il l'aime bien, autant répéter ce manège tant qu'il vit.

 La bouffe était bonne cette semaine ?

 La nourriture, commence-t-il en articulant pour que j'imprime le bon vocabulaire, était très correct. Mais si je revois encore une compote sur mon plateau, je la lance par la fenêtre.

 Quel caïd. Les infirmières n'ont qu'à bien se tenir.

Ma remarque le fait rire. Il part dans une quinte de toux, comme les méchants dans les films. Des travaux barrent notre accès habituel au parc. Je change de trottoir et opte pour la deuxième entrée. En face, un sac de course coincé autour du poignet et les mains dans les poches, une tignasse blonde arrive vers nous. Impossible de passer à trois vu la largeur du chemin, il va finir par relever la tête. Et voilà, nos regards se croisent. Je me demande bien ce qu'il fait ici.

 Salut Hiyo ! Me sourit Mikey en faisant un signe de sa main libre.

 Salut.

J'arrête de pousser Papy et me range sur le côté pour le laisser passer.

 C'est ton petit-ami ? Questionne mon passager avec une voix mielleuse.

 Tous les gars à qui je dis bonjour ne sont pas mes petits-copains.

Comme si je croisais beaucoup de personnes à qui dire bonjour. Les gens changent de trottoir ou ne me reconnaissent même pas. J'enlève mes piercings à chaque fois que je rends visite à Papy. Son regard importe trop.

La pute des gangs [Mikey X OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant