Tout pouvoir est violence

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Mikey

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Mikey

          J'attrape un énième dorayaki du bout du canapé. C'est le seul moyen que Sanzu ait trouvé pour me faire rester une heure de plus. Il parle d'une surprise, d'une nouvelle recrue qui en vaut le coup. Ce genre de devinette ne m'amuse pas des masses. La réunion pour préparer le combat contre Brahman et le Rokuhara Tendai m'a déjà suffisamment fait chier. Comme si le Toman n'allait pas gagner. Comme si un seul connard allait être capable de me mettre au sol. Comme si nous avions besoin d'un plan. Les plans sont réservés à ceux qui perdent. J'engloutis la dernière bouchée de mon dorayaki et soupire. Je me casse. Soudain les portes de l'ascenseur s'ouvrent. Un des piliers de la salle m'empêche de voir le nouvel arrivant. J'entends simplement un sac tomber par terre et Sanzu accueillir cette nouvelle âme en peine.

 C'est pas trop tôt.

 Dégage, Sanzu.

Je me fige. J'ai l'impression qu'un fantôme vient de passer le pas de la porte. Un souvenir venu d'une autre époque. Je n'ai pas besoin de voir ses mèches brunes pour savoir qui avance dans la pièce, un flingue pointé vers le fond.

Elle ne me voit pas ; je ne vois qu'elle. Je ne vois que ses longues jambes recouvertes d'un jean noir qui l'affine encore plus. Ses cheveux courts, coupés au carré qui dévoile son cou squelettique. Sa veste en cuir trop grande, trop abîmée, trop terne, qui couvre ses épaules trop frêles, trop voûtées, trop tendues. Le temps semble s'arrêter pour me laisser l'observer. Un mirage.

Un sentiment étrange de paix m'envahit. Comme si la violence du monde venait de s'estomper un tant soit peu pour laisser place à une douceur inégalable. Mais la violence reprend toujours ses droits. Je le sais bien. Le premier coup part, sans hésitation. La balle vient se loger entre les deux yeux d'Hanma, sous le regard horrifié de Koko. Mais Hiyori ne s'arrête pas d'avancer pour autant. Son visage se tord de douleur alors même qu'elle n'est pas la victime de ce meurtre. Arrivée à hauteur du cadavre qui jonche le sol, elle tire à nouveau. J'entends son soupir d'ici. Un contentement parsemé de spasmes.

Le silence écrase les âmes encore en vie. Je ne comprends pas bien son geste. Je ne sais même pas s'il s'agit bien d'Hiyori. J'en viens à me demander si je rêve et que Sanzu ne viendra pas me réveiller d'ici quelques minutes.

Je me lève du canapé, intrigué par l'immobilité du démon qui vient de frapper à notre porte. Mais quand je vois ce sourire tirer ses lèvres dans un rictus affreux, je comprends. Je comprends parce que je lis dans ses pensées détraquées encore plus facilement qu'avant. Elle porte le flingue à sa tempe et ne laisse qu'une seconde s'écouler avant d'appuyer sur la détente.

Mon pied vient percuter l'arme. La balle s'encastre dans le plafond, dans un bruit sourd. La poussière de plâtre retombe lentement sur la scène tandis qu'Hiyori plonge ses yeux vides dans les miens pour la première fois. Ou pour la millième fois. Rien n'a changé. Ni la place de son grain de beauté, ni le nombre de ses piercings, ni la courbe de ses lèvres, ni le contour de sa mâchoire. Mais tout a changé. La violence dans son regard, les légers sursauts de ses muscles sous sa peau, l'aura meurtrière qui se dégage, le poids accablant de son silence. Tout en elle hurle le désespoir et la souffrance. Mais moi, même si je n'ose pas le dire, je suis heureux à cet instant de simplement pouvoir la regarder.

La pute des gangs [Mikey X OC]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant